28 septembre 2022

L’Espagne ensanglantée : Anarchistes, milices socialistes, communistes et révolutionnaires : 1880-1939

Par Fabrice Dutilleul

La violence armée des anarchistes et plus largement des gauches espagnoles est actuellement au cœur des débats sur les causes de la guerre civile d’Espagne (1934-1939).

Michel Festivi.

La violence politique des mouvements révolutionnaires joua un rôle majeur en Espagne dans les années 1880-1939. C’est le sujet du nouveau livre de Michel Festivi qu’il vient de faire paraître aux éditions Dualpha : L’Espagne ensanglantée : Anarchistes, milices socialistes, communistes et révolutionnaires : 1880-1939, dans la collection « Vérités pour l’Histoire ».

Entretien avec Michel Festivi

(Propos de l’auteur recueillis par Fabrice Dutilleul.

Après votre premier livre Les trahisons des gauches espagnoles, du républicanisme au totalitarisme 1930-1936, pourquoi avoir voulu approfondir ce thème de la violence révolutionnaire ?

Parce que cette violence est la clef, la cause, l’explication des suites tragiques de cette histoire espagnole. La violence est certes omniprésente dans l’Histoire, c’est un fait incontournable. Cependant, en Espagne de la fin du XIXe siècle et jusqu’en 1939, date de la fin de la guerre civile, sur une échelle de 1 à 10, cette violence atteignit presque le 9 voire parfois le 10, alors que dans les autres pays européens, elle était beaucoup moins soutenue et intense, sauf en Russie. D’autres facteurs vont avoir un rôle dans le déclenchement de la guerre civile, mais ils seront secondaires. Comme aurait pu le dire le grand historien allemand Ernst Nolte, le grand spécialiste du nazisme et des fascismes, sans le bolchevisme, pas de fascisme, ni de nazisme, il parlait de « nœud causal ». Eh bien c’est pareil pour l’Espagne, sans cette violence endémique des gauches et des anarchistes, point de guerre civile, c’est aussi le nœud causal.

Quels furent les principaux acteurs de cette violence ?

Incontestablement au début, soit à partir de la dernière décennie du XIXe siècle, les anarchistes espagnols, des groupements épars d’abord, puis regroupés dans la CNT (1910), puis à la FAI à partir de 1927. Ces mouvements violents anarchistes furent une réalité très espagnole et j’en explique longuement le pourquoi dans mon livre, en y détaillant et les groupes et les meneurs. Puis après la révolution bolchevique d’octobre 1917, va s’agglomérer à cette violence anarchiste qui va continuer et même s’amplifier, la violence des groupes marxistes de toutes obédiences, et aussi d’une grande partie des socialistes. Ces deux visions de la violence politique, radicalement différentes (les libertaires versus les marxistes), vont ensuite se combattre militairement tout d’abord en mai 1937 en Catalogne, en Aragon et au Levant, puis en mars 1939, à la toute fin de la guerre civile dans la région de Madrid, au centre de l’Espagne. Ce sera une hécatombe qui fera des milliers de morts.

Pourquoi écrivez-vous, comme dans votre premier livre, que la guerre d’Espagne a commencé en octobre 1934 et non pas comme cela est écrit partout, en juillet 1936 ?

Comme je l’explique très en détail, et comme j’avais commencé à le faire dans mon premier ouvrage, mais qui portait plus sur les violations constitutionnelles et institutionnelles des gauches, la grande majorité des socialistes espagnols emmenée par Largo Caballero, de nombreux « républicains de gauche », comme Manuel Azaña et d’autres, ont voulu abattre les institutions républicaines parlementaires qu’ils avaient fondées en 1931, et ce, à la suite de leur défaite électorale de novembre 1933, pour empêcher les droites qui avaient largement gagné les élections de gouverner, et ils s’allièrent de fait avec les anarchistes. Octobre 1934, c’est la volonté d’une très grande partie des gauches et des anarchistes d’abattre le régime libéral et la société traditionnelle de l’époque, la propriété privée, la liberté d’entreprise, et tout ce qui va avec. Les preuves abondent et leurs déclarations guerrières sont sans équivoques. C’est donc cette date qui doit être retenue comme marqueur du début de la guerre civile, le nombre des combattants armés, plus de 30 000, organisés en « armée rouge », selon leurs propres termes est sans équivoque possible, et les textes sont nombreux. C’est la « première bataille de la guerre d’Espagne ».

Le thème de cette violence politique a-t-il aujourd’hui des relents d’actualité ?

Oui, plus que jamais. En effet, un livre très important vient d’être publié en France au printemps 2022, c’est le livre de Luis Pio Moa, « Les mythes de la guerre civile », le très grand historien espagnol de cette période. Cet ouvrage avait paru en Espagne en 2003 et s’était vendu à plus de 300 000 exemplaires.

En France, il vient enfin d’être publié aux éditions de l’Artilleur. J’en avais fait une recension positive dans le quotidien Présent le 16 avril 2022, et je viens de faire un article soutenant Pio Moa contre les terroristes intellectuels de gauche pour le site Eurolibertés, car Luis Pio Moa y est traité de « révisionniste ». Il faut lire aussi non seulement son livre, mais son entretien fleuve qui vient de paraître dans le numéro 63 du Figaro Histoire (août et septembre 2022). Le titre de cet entretien résume à lui seul notre dialogue : « La guerre civile qui embrasa l’Espagne… fut volontairement recherchée dès 1931 par la frange radicale de la gauche espagnole pour promouvoir la révolution ».

En réalité les gauches d’aujourd’hui sont bien conscientes que si le grand public arrivait à se persuader de la justesse de cette thèse incontestable, c’est tout un pan de l’idéologie des gauches qui serait mis à mal et qui tomberait. Ce combat est donc décisif, et les gauches l’ont bien compris. D’autant qu’en Espagne, elles multiplient les lois dites mémorielles pour falsifier l’Histoire, à leur profit. L’Histoire rejoint l’actualité.

En définitive, quel est l’apport de vos livres par rapport à celui de Luis Pio Moa ?

Sans vouloir me comparer en aucune façon à cet immense historien, je n’hésite néanmoins pas à dire que nos livres sont complémentaires. Dans mon premier ouvrage, j’avais une approche assez originale, je crois, des trahisons politiques, constitutionnelles et institutionnelles, des gauches avec le jeu pervers du président de la République Alcala Zamora, de Manuel Azaña et de Luis Companys. J’insistais sur des points de détournements constitutionnels que je n’ai lus nulle part ailleurs, et je démontrais que les élections de février 1936 qui avaient apporté la victoire au front populaire étaient d’une part frauduleuses et d’autre part n’auraient jamais dû avoir lieu constitutionnellement parlant ; cette constitution de décembre 1931 a été en permanence violée.

Dans ce deuxième ouvrage pour lequel vous m’interrogez, je décris dans les détails la violence politique des mouvements et des hommes et ses conséquences, et surtout je m’appuie sur un autre historien qui a bouleversé la recherche historique sur la guerre d’Espagne, Burnett Bolloten, historien très peu connu en France, et qui a démontré scientifiquement, pièces et témoignages à l’appui, la mainmise des communistes, des staliniens, des hommes de Moscou et de la IIIe internationale sur les parties de l’Espagne restées aux mains des révolutionnaires et le système totalitaire qu’ils ont implanté jusqu’à leur défaite finale en avril 1939. Ce fut vraiment comme il l’avait écrit : « Un grand camouflage » pour faire croire que « la république » existait encore, alors qu’elle avait disparu depuis bien longtemps. Je relate cette emprise en m’appuyant sur les principaux acteurs et témoins de l’époque.

« L’Espagne ensanglantée : Anarchistes, milices socialistes, communistes et révolutionnaires : 1880-1939 », Michel Festivi, éditions Dualpha, dans la collection « Vérités pour l’Histoire », 268 pages, 9 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Michel Festivi avocat honoraire, ancien bâtonnier de l’Ordre (1995-1996), ancien membre du Conseil de l’Ordre, a été associé jusqu’au 31 décembre 2018. Il a également été correspondant permanent en Espagne pour le quotidien Présent et désormais pour le site EuroLibertés.

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Les trahisons des gauches espagnoles
L’Espagne ensanglantée

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