24 août 2018

Juan Perón, le beau ténébreux du populisme

Par Bernard Plouvier

Juan Perón naît en octobre 1895, dans un milieu ni riche ni pauvre et devient cadet d’école militaire à l’âge de 10 ans. Dès son adolescence, il est révolté par la misère des péons et des ouvriers des villes. Attaché militaire en Italie mussolinienne, en 1938-1939, puis dans le IIIe Reich, en 1939-1940, il est enthousiasmé par le bilan social et le dynamisme du fascisme et du nazisme, mais il ne partage pas le racisme antijuif du Führer.

Juan Domingo Perón en 1973.

Juan Domingo Perón en 1973.

La guerre en Europe intéresse fort peu les Latino-Américains. En Argentine jusqu’à la fin de l’hiver 1944-45, l’opinion populaire, à l’exception de la ploutocratie juive (qu’on le veuille ou non, elle existe bien à Buenos Aires), reste insensible au charme du Président des USA, Franklin Delano Roosevelt. Bien au contraire, un putsch d’officiers socialistes, emmenés par le colonel Juan Perón, a déposé, en juin 1943, le très conservateur Ramon Castillo, inféodé aux dieux dollar et livre Sterling.

Sur 40 milliards de pesos de PIB, 3 partent chaque année à l’étranger (aux USA et en Grande-Bretagne) à titre de royalties : les industries électriques, les chemins de fer, le téléphone, la distribution du gaz, les transports urbains, les assurances, le commerce des grains et l’industrie frigorifique (essentielle dans un pays exportateur de viande) sont aux mains des Yankees et des sujets du roi de Grande-Bretagne. Les 250 000 Juifs de Buenos Aires monopolisent la presse, le commerce de détail, les professions libérales, la prostitution, le trafic de cocaïne, la fabrication et la commercialisation des alcools.

La devise du nouveau Pouvoir argentin est : Honnêteté, Justice, Devoir. Le colonel Perón est sous-secrétaire d’État au Travail (en 1943), puis ministre de la Défense au début de 1944. Le 4 septembre 1943, une grève fomentée par les communistes aux abattoirs de Berisso (proches de Buenos Aires) tourne à l’émeute : les communistes tuent des soldats et des pompiers. Perón ramène le calme dès le lendemain, évitant de répondre à la provocation marxiste par un déchaînement de violence.

En janvier 1944, il dirige les secours après un séisme meurtrier dans la région andine de San-Juan : pour la première fois, les Amérindiens, méprisés par les « libéraux » de la capitale, sont l’objet d’une attention gouvernementale. Perón devient l’idole des pauvres et des rejetés du système capitaliste : les Descamisados (sans chemise).

L’été de 1944, lors de l’élection de Juan Perón, chaud partisan des réformes économiques et sociales du IIIe Reich, à la vice-présidence de la République d’Argentine (il reprend en outre le ministère du Travail), FDR se fâche et ordonne le gel de l’or, puis en août celui de tous les avoirs argentins, publics et privés, aux USA ; enfin, il interdit toute importation de produits argentins aux USA. Churchill se conduit de façon moins explosive : les Britanniques ont besoin du blé et de la viande d’Argentine et, du fait des excellentes relations existant entre le Reich et la République d’Argentine, les U-boote respectent les navires battant pavillon argentin. Ce n’est qu’in extremis, menacé d’une invasion US, que le gouvernement argentin déclare la guerre au Reich, le 27 mars 1945 : c’est le dernier État à entrer en guerre et à faire ainsi partie des Nations Unies.

À l’automne de 1945, après avoir très habilement annulé l’influence marxiste et juive sur la CGT (la confédération syndicale), Perón s’oppose aux menées yankees et marxistes. Durant l’automne et l’hiver de 1945, les communistes et l’ambassade US organisent des manifestations « populaires » (en réalité, formées pour l’essentiel de riches étudiants, dont un tiers est d’origine juive et qui sont presque tous des marxistes) pour obtenir le départ du « nazi » Perón.

Perón est un populiste d’un type assez rare en Amérique latine : il est anticlérical, mais étant dépourvu de fanatisme, il ne persécute nullement la hiérarchie catholique, en dépit de l’opposition haineuse de celle-ci à sa politique de progrès social. Les prélats sont alors très soucieux des intérêts des maîtres de l’économie : Yankees, Juifs et gros propriétaires terriens.

La propagande libérale s’est acharnée sur le couple formé par le séduisant et fort courtois colonel Perón et la belle Eva Duarte, dite « Evita ». C’est une jolie blonde, fruit d’amours ancillaires, comédienne un peu trop exaltée pour être bonne, mais dotée au plus haut point de la fibre sociale. Elle fait un tabac au micro de Radio-Belgrano, de 1938 à 1945. Elle se fait la propagandiste de l’homme qu’elle aime, d’autant que Juan est veuf depuis 1938.

Eva est chassée de Radio-Belgrano en octobre 1945 par son propriétaire juif. Elle épouse Juan le 22 octobre 1945. Le couple devient emblématique du populisme latino-américain. En dépit de l’action de l’ambassadeur des USA Spruille Braden et de quelques millions de dollars dépensés sans résultat, Perón est triomphalement élu Président de la République le 24 février 1946. Eva est reçue avec beaucoup de sympathie par le Caudillo Franco en 1947, mais les communistes italiens la conspuent à Paris et à Rome, où elle est fort mal reçue par Pie XII, en pleine lune de miel renouvelée avec l’exécutif des USA.

Eva dirige la propagande de la révolution péroniste, dite « justicialiste », extrêmement populaire dans le pays, singulièrement chez les 4 millions de syndiqués non marxistes. Perón est le premier gouvernant argentin à se soucier des ouvriers agricoles et des Amérindiens. Il impose au patronat un salaire minimum garanti et l’octroi d’un 13e mois annuel, les assurances sociales, les congés payés et l’arbitrage de l’État en cas de conflit durable du travail. Il lance la construction de logements populaires en accession à la propriété et annule le traité commercial de 1933 qui fixait le prix des exportations argentines selon le bon vouloir des rapaces US et britanniques.

L’impôt sur la fortune est augmenté, ce qui permet d’assurer la multiplication des écoles en milieu rural (1 500 sont ouvertes) et la gratuité des études universitaires. S’ensuit un afflux d’étudiants goyim : de 1949 à 1955, le nombre d’étudiants est multiplié par trois et l’analphabétisme des mineurs d’âge passe de 15 à 4 % de la population. Durant les années 1945-1953, la mortalité infantile a chuté de 25 % et l’espérance de vie est passée de 61,7 à 66,5 ans, grâce à la lutte contre les maladies contagieuses et à l’amélioration de la surveillance des femmes enceintes. Perón mécontente la bourgeoisie et le clergé en octroyant l’égalité successorale aux bâtards. Enfin, il accorde le droit de vote aux femmes.

Perón accueille des fugitifs d’Allemagne et de France, dont l’avionneur de grand talent Émile Dewoitine, qui avait conçu le seul avion de chasse français moderne des années 1935-1940 : le Dewoitine 520. Le Pr Kurt Tank, anciennement directeur technique des usines Focke-Wulf, supervise la mise au point du premier avion à réaction d’Amérique latine, le Pulqui, opérationnel en 1951 : c’est un projet coulé sur ordre de leurs maîtres US par les successeurs de Juan Perón. Car c’est avec l’aide d’Européens « réprouvés » que Perón lance l’industrialisation de l’Argentine, ce qui déplaît souverainement aux Yankees, qui organisent des émeutes, en 1950, dans la province de Cordoba où le régime tente d’implanter une industrie automobile et aéronautique autochtone. De même, la création d’une forte marine de commerce argentine rend furieux les humanistes de Londres et de New York.

Eva meurt, ravagée par un cancer utérin, le 26 juillet 1952, huit mois après la réélection triomphale de Juan, le 11 novembre 1951 (la première épouse de Juan était morte de la même maladie). Un million et demi d’Argentins, issus des milieux les plus pauvres, défilent à Buenos Aires lors de ses funérailles, boudée par les riches, par la faction américanophile de l’armée et par le haut-clergé. Pie XII a même rappelé le nonce pour lui éviter de paraître aux funérailles.

Juan est chassé du Pouvoir par un putsch militaire et clérical inspiré et financé par la CIA, en septembre 1955, dans les suites duquel 30 000 péronistes sont emprisonnés ou incarcérés en camps de concentration, créés pour l’occasion. Il est triomphalement réélu Président de la République d’Argentine en septembre 1973 et meurt en fonction en juillet 1974. Sa nouvelle épouse, Isabel, née Martinez, est élue présidente et sera déposée, en mars 1976, par un énième putsch militaire financé par les USA, avec l’approbation des prélats catholiques : le putsch dirigé par le général Videla.

Le « libéralisme » a parfois du mal à s’opposer à la volonté du peuple, mais ce n’est généralement que partie remise : partout et toujours, l’argent « fait des miracles » !

Tiré, pour l’essentiel, de Bernard Plouvier, Le populisme ou la véritable démocratie, Synthèse nationale, 2017, 278 pages, 22 €. Pour commander ce livre, cliquez ici.

Le populisme ou la véritable démocratie de Bernard Plouvier (Éd. Synthèse, 278 pages, 22 €)

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