Jeunesse Ouvrière Chrétienne : l’œuvre du Cardinal Joseph Cardijn
L’historienne Claire Van Leeuw publie aux Éditions jésuites un ouvrage à propos du Belge Joseph Cardijn, fondateur en 1925 de la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Cette organisation connaîtra une expansion croissante qui la conduira à être présente sur tous les continents.
Joseph Cardijn naît en novembre 1882 à Bruxelles en Belgique, au sein d’une famille catholique de condition modeste, dans un des pays les plus riches et les plus industrialisés du monde. La vie des ouvriers n’y est cependant pas agréable. Ceux-ci travaillent douze à quatorze heures par jour pour un bas salaire et disposent d’une protection sociale faible. Ils ne bénéficient pas du droit de vote ou d’association. Certains enfants travaillent à partir de l’âge de six ans. Les femmes et les enfants sont autorisés à travailler la nuit.
Le 15 mai 1891, le pape Léon XIII publie l’encyclique Rerum novarum considérée de nos jours comme étant le texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église.
Joseph Cardijn est un bon élève et réalise des études afin de devenir prêtre. Son père décède en 1903 à l’âge de 53 ans, usé par le travail. Il a donné ses dernières forces afin de permettre à son fils de devenir prêtre. Joseph, qui est accouru, assiste aux derniers instants de son père. Après lui avoir fermé les yeux, il fait le serment sur son cadavre « de se tuer pour la classe ouvrière ».
Il s’intéresse au mouvement français le Sillon de Marc Sangnier, favorable à un catholicisme social et républicain, et aux écrits de ce dernier. Les deux hommes se rencontrent en 1907.
Cardijn devient enseignant et occupe cette fonction durant cinq ans. Il dispense des cours de français et de latin. En Angleterre, il fait la connaissance du fondateur du scoutisme Baden Powell. En 1912, il devient prêtre dans une paroisse à 90 % ouvrière située près de Bruxelles et y développe de nombreuses activités d’aide sociale. Durant la Ire Guerre mondiale, il est emprisonné par les occupants allemands pour espionnage. Il est jugé après moins de deux mois de prison préventive, condamné à une amende et à un an de prison pour avoir protesté publiquement contre la déportation des ouvriers belges et avoir répandu des écrits prohibés ; il passe quatre mois et une semaine en prison en plus de la partie préventive déjà exécutée, avant d’être relâché. Il reprend ses activités d’espionnage et est une nouvelle fois arrêté. Il est acquitté et libéré.
La JOC
En 1924, la Jeunesse syndicaliste devient la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC). La JOC est affiliée à l’ACJB. (Action Catholique de la Jeunesse Belge), dirigée par l’abbé Louis Picard, en tant que fédération autonome. « L’insigne de la JOC se différencie de celui de l’ACJB (un épi embrassant la croix) par le changement de la couleur verte en couleur rouge et l’ajout d’une bande horizontale supérieure marquée des initiales du mouvement ».
« L’ACJB dont la mission est l’organisation, sous l’autorité des évêques, de l’Action catholique dans toute la jeunesse catholique masculine, a été constituée officiellement en 1921 ».
Son deuxième congrès général a lieu à Marcinelle près de Charleroi en septembre 1924.
« La veille du congrès, le 20 septembre, au conseil général de l’ACJB, l’abbé Cardijn, soutenu par d’autres directeurs d’action sociale, s’oppose vigoureusement à l’abbé Picard sur le concept d’“Action Catholique”. Pour l’abbé Picard, comme pour le chanoine Brohée, aumônier fondateur de l’ACJB, et pour beaucoup d’autres prêtres, seules les œuvres à caractère spirituel et pastoral font partie de l’Action catholique. Et cette dernière doit se développer, non sur base des classes sociales, mais sur une base paroissiale, et accepter d’être dirigée par des aumôniers et de jeunes intellectuels. Il ne peut y avoir d’Action catholique spécialisée autonome.
De ce fait, l’abbé Picard refuse l’organisation de la JOC telle qu’elle est présentée par l’abbé Cardijn. À l’opposé, pour l’abbé Cardijn et ceux qui l’appuient, l’Action catholique est parfaitement compatible avec l’action sociale et seule une œuvre créée pour et par les ouvriers a des chances de faire changer les choses. »
Une version flamande, la KAJ (Kristene arbeidsjeugd) voit le jour.
La JOC est finalement reconnue en tant que branche de l’ACJB.
Opposition frontale à Rex
La maison d’édition de l’ACJB s’appelle Rex, du nom Christus-Rex, le Christ-Roi. Le jeune Léon Degrelle en est nommé directeur et finit par débouler en politique en présentant son mouvement Rex aux élections législatives de 1936.
Alors que, dès 1933, le chanoine Cardijn dénonce le nationalisme érigé en culte, en avril 1936, il condamne vigoureusement Rex.
« Après son succès électoral à la suite des élections du 24 mai, Rex entre en opposition avec le jocisme qui refuse de collaborer avec lui dans le domaine de la formation civique de la jeunesse. Fin octobre, le sénateur rexiste Xavier de Grunne se rend chez le chanoine Cardijn pour en parler. Ce dernier rejette alors avec violence les propositions rexistes et le sénateur se fait éconduire très sèchement, il parle d’“explosion volcanique”. L’aumônier général ayant demandé une note de synthèse de la position rexiste, la reçoit et l’analyse point par point très soigneusement, une grande partie de la nuit qui suit. Alors que le sénateur rexiste souhaiterait que le chanoine Cardijn défende le projet rexiste devant les évêques, l’aumônier général leur fait remettre un exposé de ses critiques. À de Grunne, il écrit qu’il n’est pas compétent, que le sénateur doit s’adresser à l’épiscopat. D’ailleurs, ajoute-t-il, étant donné, premièrement que la jeunesse rexiste est destinée à aider à l’avènement du rexisme en opposition avec la mission et les droits de l’Église, deuxièmement que le jocisme donne une formation complète à ses membres et ne veut pas céder le volet formation civique à “Rex”, troisièmement que mêler toute la jeunesse dans un même mouvement est dangereux, il lui est impossible d’entrer dans ses vues. S’ensuit un échange de courrier entre les deux hommes. L’aumônier général campe sur sa position ; Xavier de Grunne, très déçu, lui fait de vifs reproches et l’accuse d’avoir montré sa note de synthèse à une réunion des aumôniers de la KAJ et de la VKAJ. Il juge cette attitude inqualifiable : l’aumônier général joue double jeu. La réponse du chanoine Cardijn est une dernière mise au point très sèche où il défend sa façon d’agir et répète que de Grunne doit s’adresser à l’épiscopat. »
La JOC poursuit son développement
La JOC française naît à Clichy dans la banlieue de Paris en 1926. En 1935, 100 000 jeunes assistent à Bruxelles aux dix ans de la JOC. Durant la guerre d’Espagne, les jocistes sont attaqués par les Républicains et certains sont tués. Des jocistes combattent contre les républicains espagnols. Durant la Seconde Guerre mondiale, la JOC est impliquée dans des activités de résistance et Joseph Cardijn est emprisonné.
Joseph Cardijn rencontre de nombreuses personnalités et des papes tout en poursuivant une vie humble. Il devient cardinal en 1965. Lorsqu’il décède en 1967, la JOC est présente dans divers pays sur les cinq continents.
Source : VAN LEEUW Claire, Joseph Cardijn. Au nom des jeunes ouvriers, préface d’Étienne Grieu, Éditions jésuites, Namur-Bruxelles, 2017.
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