Hélie Denoix de Saint Marc, entre honneur et sainteté
Entretien avec Jean-Pierre Brun, auteur de Hélie Denoix de Saint Marc, entre honneur et sainteté (éditions Dualpha) (propos recueillis par Fabrice Dutilleul).
« Denoix de Saint Marc s’inscrivait-il
dans la lignée d’un Du Guesclin, d’un Bayard
ou bien dans celle d’un Louis IX ou d’une Jeanne d’Arc ? »
Pourquoi cet ouvrage sur Hélie Denoix de Saint Marc et que peut-il apporter de nouveau, alors que le commandant s’est livré sans tricher dans ses livres ?
J’ai eu l’occasion, avant même les funestes journées de juillet 1962 qui ont scellé définitivement le sort de l’Algérie française, de rencontrer certains de ses compagnons d’armes notamment des hommes qui avaient servi sous ses ordres. Il ressortait de nos échanges une constante dans les impressions laissées par le commandant : il semblait émaner de lui un charisme d’une rare nature, mais laquelle ? C’est ce qui m’intriguait.
Justement, ce charisme que vous évoquez, n’est-il pas ce qui différencie un officier lambda d’un chef au sens plein du terme ?
C’est vrai, mais concernant Saint Marc, j’avais l’indéfinissable impression que ce charisme dépassait largement celui d’un chef militaire. Ce n’est que beaucoup plus tard que s’est précisé à mes yeux ce qui lui donnait une aura bien spécifique.
Le Commandant est resté muet de longues années après son élargissement de la prison de Tulle, jusqu’à la publication du livre que lui a consacré Laurent Beccaria et avant qu’il n’entreprenne son œuvre littéraire. Ces ouvrages ont-ils ouvert cette porte qui vous interdisait jusqu’alors l’accès à la véritable intimité de l’homme ?
Qu’ils aient permis d’affiner ma perception du personnage certes, mais je dirai que c’est au contact de ses pairs et de ses codétenus, à la faveur de la lecture des mémoires de certains d’entre eux, d’ouvrages de journalistes et d’historiens, français ou étrangers d’ailleurs, que s’est dissipé à mes yeux ce halo qui troublait sa véritable image. Sa réputation privilégiait de prime abord un profil de preux chevalier, mais il y avait autre chose. Me référant à cette chevalerie qui avait nourri mon enfance, il m’est venu un rapprochement audacieux sinon saugrenu : Saint Marc s’inscrivait-il dans la lignée d’un Du Guesclin, d’un Bayard ou bien dans celle d’un Louis IX ou d’une Jeanne d’Arc ?
La réponse à cette dernière question, pour le moins inattendue, donnerait-elle au personnage une dimension quasi mystique ?
Effectivement, et c’est ce qui est devenu l’axe de mon travail. En déclinant la pratique par le commandant de ce que certains appellent les vertus civiques, mais qui pour d’autres, complétées et précisées, deviennent les vertus chrétiennes, sa personnalité m’est apparue dans toute sa plénitude mais aussi sa complexité.
Cela me permet aujourd’hui de délivrer le secret de cet indiscutable rayonnement qui se perpétue, notamment auprès de la jeunesse. Sa source réside curieusement dans sa simplicité, son humilité, ses doutes permanents, son attachement indéfectible à la vérité et sa perpétuelle attention à autrui notamment aux plus petits, lui qui confessait éprouver un amour fraternel voire paternel, pour ses légionnaires.
Au sortir d’une jeunesse algérienne et de l’avortement d’une vocation militaire qui a irrémédiablement fait « putsch » en 1961, Jean-Pierre Brun, s’est reconverti en juriste de terrain pour faire carrière dans l’industrie avant de terminer sa vie professionnelle comme délégué général d’un syndicat national patronal. Son humeur on ne peut plus vagabonde enfin retrouvée, il peut désormais s’adonner à sa vraie passion : l’Histoire et l’Algérianisme.
Hélie Denoix de Saint Marc, entre honneur et sainteté de Jean-Pierre Brun, Préface de Père Christophe Kowalczyk, aumônier catholique du 2e REI, 208 pages, 25 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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