La ténébreuse affaire Dreyfus !
« Entre la grande époque des “bourgeois conquérants”
et le triomphe actuel de “l’économie globale”,
il existe de nombreuses et fort curieuses ressemblances. L’affaire Dreyfus est avant tout un grand moment de l’histoire sociologique de la France »
Préface de Philippe Randa aux 2 tomes de La ténébreuse affaire Dreyfus de Bernard Plouvier (éditions Dualpha)
L’intérêt d’une préface peut être triple : le futur préfacier est illustre et on espère ainsi que sa notoriété apportera quelque prestige à l’œuvre. Ou alors cette personne est qualifiée par rapport au sujet abordé ; sa recommandation ainsi obtenue apportera de la crédibilité à l’œuvre (croit-on).
Enfin, autre cas non négligeable, l’amitié pousse un auteur à réclamer ainsi quelques lignes de présentation à quelqu’un qu’il en juge digne.
Je ne me fais guère d’illusions sur la notoriété qui peut être la mienne, surtout depuis la disparition des concierges… Quant à celle dont je peux jouir auprès de quelques lecteurs auxquels j’ai infligé mes propres livres depuis une trentaine d’années, elle n’est guère comparable à celle dont me gratifie en général, telle une moderne tunique de Nessus, les sévères gardes-chiourmes de la république des Lettres, ainsi que les appelaient fort justement l’historien Jean Mabire.
Reste le « prestige » de ma signature : soyons juste, le mot n’est certes pas le plus approprié à ce que je peux bien apporter à ces deux volumes intitulés judicieusement « ténébreuse affaire Dreyfus » par l’auteur. Ma seule signature dans les premières pages retirera même le peu de considération que certains de ces gardes-chiourmes ci-dessus évoqués, auraient pu lui accorder, ne serait-ce que par mégarde.
Mais c’est sans doute la véritable raison qui a poussé Bernard Plouvier à solliciter cette préface, plus encore que notre amitié sincère nouée au cours de cinq années – déjà ! – d’étroite collaboration éditoriale.
C’est qu’il est toujours enclin à choisir ses sujets parmi les plus sulfureux pour mieux « remettre à l’heure » nombre de pendules de l’histoire, mises à mal par le « religieusement, politiquement et historiquement » correct de ce qu’il faut bien appeler un révisionnisme « permanent et malhonnête » de politiciens fort peu vertueux ou de groupe de pression communautaire peu enclin à ce que l’on remette en question des vérités n’ayant qu’un rapport très éloigné avec la réalité. Éloignées, certes, mais aux conséquences importantes, voire primordiales, et toujours d’actualité pour leurs propres intérêts.
Quant à être ou non qualifié pour préfacer cette savante étude, je ne peux que renvoyer le lecteur curieux à un de mes livres, co-écrit avec Roland Gaucher et qui aborde, très indirectement, mais dans le même esprit, le vaste sujet ici abordé : Les “antisémites” de gauche (réédition Dualpha, 2001). Nous y fustigions une idée très répandue et très fausse : les “antisémites” – qu’il aurait été plus correct et plus juste d’appeler “antijudaïques”, comme ne manque pas de le rappeler Bernard Plouvier dès l’introduction du premier volume – ne seraient que d’un seul bord politique. Imposture comme il y en a tant.
Et c’est justement là que nous nous retrouvons avec Bernard Plouvier qui s’est fait une habitude de corriger toutes les erreurs, voire de dénoncer les mensonges de nombre de confrères. Sacerdoce s’il en est ! La passion de l’étude et la vérification quasi-obsessionnelle du moindre détail l’a poussé à (quasiment) tout lire ce qu’il lui était possible sur le sujet, vérifier chaque témoignage, prospecter chaque piste, n’écarter aucune hypothèse, recouper chaque affirmation… C’est pour cela sans doute que ses lecteurs en redemandent et le poussent, cent fois sur le métier, à sans cesse préparer un « prochain livre » dont il aura découvert l’intérêt en rédigeant les précédents… Livres ou « Introduction non-conformiste » fort utiles à des ouvrages indispensables et dont il a déjà fait bénéficier nombre de livres réédités par mes soins, ce dont je lui suis infiniment, et pour l’éternité, reconnaissant : Des “Protocoles” des sages de Sion aux Derniers Libres propos d’Adolf Hitler, en passant par les Carnets du Maréchal Rommel ou Le national-socialisme et la religion. Le IIIe Reich entre swastika et crucifix d’André Lama.
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« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », disait Paul Éluard. Il y a également, aussi, des manipulations de l’opinion qui, des siècles plus tard, continuent de polluer les esprits contemporains.
Ainsi, des persécutions contre les juifs, indéniables par leur nombre et bien souvent effroyables par leur atrocités : celles-ci sont bien souvent présentées, à baigner dans le conformisme intellectuel, comme résultant de la seule haine religieuse ou raciale à leur encontre, ce à quoi Bernard Plouvier rétorque fort à propos : « Il est juste de s’indigner des rumeurs ignobles, des accusations stupides portées contre les Juifs ; il est nécessaire d’expliquer le mécanisme de naissance des légendes, même absurdes (…) Nul n’a jamais prétendu que la bêtise n’était pas dangereuse. Il est honnête de signaler que l’accusation de crime rituel juif a été jugée sans fondement par le pape Innocent IV, au milieu du XIIIe siècle, et jugée absurde par le luthérien Andréas Osiander » (page 161)… Qui, à part lui, a l’honnêteté de le rappeler, aujourd’hui ?
Et d’expliquer, de prouver, preuves et mises en perspective à l’appui, encore et toujours, que ce peuple qui se présente éternellement en victime, porte une part de responsabilité non négligeable dans son destin, notamment par sa propension à se croire tellement différent – certains Juifs, même, n’hésitant pas à se croire « supérieurs » encore en ce début de XXIe siècle – qu’ils choisirent longtemps – tous n’y ont pas renoncés de nos jours – de vivre entre eux, obstinément, dans des quartiers portant le nom de ghettos et dont Bernard Plouvier rappelle qu’ils en ont été les instigateurs : « La réalité, fort ancienne, a précédé l’appellation, comme pour le racisme et le génocide. Certes, à partir du XVIe siècle, les autorités civiles ou religieuses (par exemple, Paul IV dans son encyclique Cum nimis absurdum de 1556) ont souvent exigé des Juifs qu’ils s’enferment dans ces fameux ghettos, mais elles ne faisaient que reprendre une organisation spontanément adoptée depuis un millénaire et demi par la plupart des communautés juives. L’un des dirigeants sionistes les plus affirmés (c’est un délicat euphémisme), Vladimir Jabotinsky, a écrit dans son Mur d’acier (introuvable en France et cité in Shamir, 2006) que l’initiative de l’enfermement dans les ghettos revenait aux Juifs, par respect du commandement : “Ériges un mur autour de la Torah”. N’en déplaise aux auteurs haineux ou larmoyants, cette organisation n’a jamais été rendue obligatoire dans le royaume de France. C’est de façon volontaire que de nombreuses communautés juives de France ont vécu en autarcie ; on a appelé “juiveries” ces quartiers où les Juifs de France se repliaient par choix communautaire » (page 160).
Et d’apporter ainsi à cet éclairage à la fois historique, politique et religieux, ses propres convictions d’honnête homme… selon la définition que l’on en donnait au XVIIe siècle, celle d’un homme d’une culture générale étendue et de qualités sociales propres à le rendre agréable et en se conformant à cette vérité rappelée par Luigi Pirandello : « Il est plus facile d’être héros qu’honnête homme. Héros nous pouvons l’être une fois par hasard ; honnête homme il faut l’être toujours. »
Soyons donc les obligés de Bernard Plouvier qui a définitivement tourné le dos aux ors de la République des Lettres pour, cent fois sur le métier, poursuivre sa mission de révisionisme historique… et de suivre fidèlement, par passion, après l’avoir adapté à la mission qu’il s’est donnée, ce serment d’Hippocrate qu’il prêta en d’autres temps et pour raison professionnelle…
« Au moment d’être admis à exercer l’Histoire, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité,
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la vérité dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux… »
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Pour tenter de comprendre l’Affaire Dreyfus, on ne peut faire l’impasse des tensions religieuses de son époque, que ce soit l’extrême méfiance d’une grande partie de l’opinion française envers les Juifs, les campagnes de dénigrement de l’église catholique conduite par la Franc-Maçonnerie, plus politisée que spirituelle, dirigée alors quasi-exclusivement par le Grand Orient et les tensions d’une nouvelle guerre attendue avec le voisin allemand qui s’avèrera être, à sa déclaration de 1914, avant tout un « soulagement » pour une majorité de citoyens, avant de devenir un cauchemar par son ampleur, sa durée, ses souffrances et son hécatombe.
Il y a non pas une, mais trois composantes à ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Dreyfus ». Les historiens universitaires et académiques, les professionnels et les intermittents des lamentations n’insistent jamais que sur la première d’entre elles : la fantastique (et fort coûteuse) campagne médiatico-politique déclenchée par l’indéniable erreur judiciaire de décembre 1894.
Le second élément du triptyque est l’énigme Dreyfus, révélée par le second procès, le Conseil de guerre de Rennes, l’été de 1899, où tout avait été prévu par le gouvernement pour faire triomphalement acquitter l’accusé… finalement condamné une seconde fois, devant l’accumulation de témoignages troublants et concordants, qui auraient permis d’ouvrir des pistes belge et alsacienne, pour peu que le président du Conseil de guerre l’eût souhaité. Les bons auteurs jettent pudiquement un voile sur le second procès, qu’ils présentent tous, de façon parfaitement malhonnête, comme « une répétition du premier », ce qu’il n’est en aucun cas. Les pistes entraperçues lors de ce Conseil de guerre sont demeurées inexplorées, faute d’explorateur hardi.
La dernière composante de l’affaire est ce que l’on a appelé la « révolution dreyfusienne », qui est à la fois la mise en coupe réglée de l’État français, pour dix années, par la « radicale-maçonnerie », et le triomphe du puissant et fort hétérogène parti anticatholique. Il est très curieux de constater que si les catholiques sont généralement présentés par la plupart des auteurs comme des « réactionnaires », leur chef nominal, le pape Léon XIII, réclame depuis 1891 l’instauration de la justice sociale.
Les politiciens « libéraux » qui forment les gros bataillons des anticatholiques (improprement dénommés « anticléricaux ») sont de fait au service du « libéralisme économique », c’est-à-dire le capitalisme dans sa forme la plus esclavagiste, dont les maîtres dominent la vie économique et politique du pays depuis 1830, avec une courte interruption de 1871 à 1877.
Entre la grande époque des « bourgeois conquérants » et le triomphe actuel de « l’économie globale », il existe de nombreuses et fort curieuses ressemblances.
L’affaire Dreyfus est avant tout un grand moment de l’histoire sociologique de la France : c’est ce que nous rappelle Bernard Plouvier et il fallait bien ces quelques 900 pages pour nous le démonter.
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Enfin, le lecteur qui découvrira l’auteur avec ces deux tomes consacrés à la « ténébreuse affaire Dreyfus » appréciera que la première dénonciation des erreurs largement répandues dans les livres d’histoire est celle d’appréhender les événements du passé avec les mœurs, coutumes et croyances d’aujourd’hui. Bernard Plouvier les replace au contraire, systématiquement, dans leur contexte historique.
On comprend alors une évidence, mais que certains, répétons-le, refusent obstinément, par intérêt parfois, par lâcheté souvent, par paresse généralement : tout n’est pas « blanc » ou « noir » dans la compréhension des faits passés, que ce soient les décisions prises au plus haut niveau de l’État ou les réactions parfois des plus inattendues dans tous les corps de la société. Car, justement, lorsqu’on a affaire à une société humaine, manichéisme et utopisme, folie et réalisme, délires et pragmatisme, manipulations et impondérables ne cessent de s’entremêler.
C’est ce que Bernard Plouvier nous fait comprendre et s’il ne devait y avoir qu’un éloge à lui adresser, ce serait bien celui-là, au-delà d’un style limpide qui rend la lecture de ses livres des plus agréables.
Car il laisse aux benêts prétentieux la croyance que pour « faire sérieux », il faille « écrire ennuyeux ».
Anticatholicisme et antijudaïsme (La ténébreuse affaire Dreyfus, tome 1), Bernard Plouvier, préface de Philippe Randa, éditions Dualpha, collection « vérités pour l’Histoire », 498 pages, 31 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
L’affaire Dreyfus : nouveaux regards (La ténébreuse affaire Dreyfus, tome 2), Bernard Plouvier, préface de Philippe Randa, éditions Dualpha, collection « vérités pour l’Histoire », 334 pages, 35 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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