Ukraine : Calamiteux Porochenco
par Michel Grimard, Président du ROUE.
Il fut un temps où l’Europe pouvait se gloser du Président ukrainien. Pro-russe, Victor Ianoukovitch ne pouvait-être que corrompu, totalement abjecte.
Pour preuve, après avoir projeté de signer l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, lors du sommet européen de Vilnius, il s’est rétracté. Mais c’est oublier, que face à une faillite imminente, l’Europe demeurait absente et que seule la Russie lui évitait cette issue en lui offrant un prêt de 15 milliards de dollars.
Bien que Victor Ianoukovitch ait avancé une solution raisonnable en proposant la création d’une commission commerciale tripartite avec la Russie, Kiev s’est soulevée, encouragée par les États-Unis. L’Europe aurait été bien inspirée, de substituer cette solution à son Partenariat Oriental provocateur.
En bon démocrate, l’Union européenne a décidé de laisser choir le Président légalement élu, reniant sans état d’âme les engagements pris à son égard, notamment la mise en place de nouvelles élections, contenues dans les accords. Elle lui a préféré celui issu d’un coup de force, Pétro Porochenko. Résultat, la guerre, engendrée par la sécession dans le Sud-est de l’Ukraine.
L’aubaine de l’Union européenne, car prétendu exempt des tares de son prédécesseur : le Président Pétro Porochenko, celui qui devait-être le redresseur de torts, qui allait rétablir l’ordre et la justice dans le pays.
Déconvenue totale, après trois années de Pouvoir, le bilan est maigre, les oligarques ont étouffé la vertueuse semence. La réalité fait apparaître un personnage identique à son prédécesseur. Une seule différence, l’actuel est pro-européen.
La corruption demeure, comme l’illustre les nombreuses démissions de ceux qui ont vainement tenté de la combattre. Ils ont tous dénoncé l’attitude obstructive, du Président Pétro Porochenko et de son entourage, à l’accomplissement de leur mission.
Parmi eux, le Chef de la police nationale, Khatia Dekanoïdze, le ministre de l’économie, Aivaras-Abroma vicius, la ministre des finances, Natalie Jaresko, le juriste, Vitaly Kasko, exclu du bureau du Procureur Général.
Relativiser les réformes, dont se gargarise l’Union européenne, s’impose. Elles n’expriment pas la volonté du Président Pétro Porochenko et de ses amis, tous opposés aux réformes pour garantir leurs prébendes. Leur réalisation est le fruit de la double pression exercée par l’Union européenne et le FMI. Mais quand la subornation gangrène tous les corps constitués, que valent les lois édictées ? Elles seront toujours contournées. L’oligarchie poursuit son règne en toute impunité. Les vieilles traditions vénales perdurent. Les pressions euro-américaines s’apparentent plus à des lamentations, tant elles demeurent stériles.
L’exercice du Pouvoir s’inscrit dans la continuité. Nous avons choisi un oligarque pour être président, en remplacement d’un président devenu oligarque. Pétro Porochenko l’était avant de prendre le Pouvoir ; Victor Ianoukovitch l’est devenu dans l’application de son mandat. L’actuel Président demeurant oligarque, comment peut-il combattre ses pairs ?
Si des nominations ont promu de nouvelles personnalités, elles ne signifient pas des comportements différents. Le Premier Ministre Arseni-Iatscniouk a démissionné, mais pour quel changement ? Son successeur Volodymyr-Hroïsman, ancien Président du parlement, est porteur du même système, comme tous les fidèles du Président Pétro-Porochenko. Nourrie par l’incurie de l’Europe la corruption apparaît avoir dépassé les frontières de l’Ukraine, comme semble le révéler l’affaire des « Panama papers ».
Après un maillage vassal de la totalité des postes déterminants, le Président Petro-Porochenko dispose d’un pouvoir omnipotent, qui exclut toute excuse d’impuissance. S’il n’est pas autocratique, il est pour le moins arbitraire.
La révolution de Maïdan a manqué son objectif de renouveau, si tant est que les conditions de son engagement et de son déroulement le lui permettaient. Aucune éradication des vices du passé, simple renouvellement de dirigeants tout aussi cupides.
Dans un pays où les institutions sont inopérantes, car asservies au Pouvoir politique et à leurs stipendiés, se prétendre démocrates est une usurpation.
Aujourd’hui, l’Ukraine doit faire face à une double menace. Intérieure, car le peuple qui ne différencie plus Petro Porochenko de Victor Ianoukovitch est excédé ; extérieure, car les soutiens occidentaux du régime vont se lasser de ses atermoiements.
Incapacité ou mauvaise foi, parfois les deux, sont la marque du Président Petro Porochenko. Les louvoiements sur l’adoption d’un statut spécial pour le Donbass caractérisent ce comportement. Comment être intransigeant avec la Russie, qui ne serait pas suffisamment pressante envers le Donbass, alors que Kiev n’assume pas les engagements contractés lors des accords de Minsk ?
Nombreuses sont les raisons qui nous conduisent à considérer comme impératif que l’Accord d’Association n’ouvre pas la voie à l’intégration. Par son système oligarchique et l’exercice particulier de la démocratie, l’Ukraine tangente la violation des valeurs fondamentales qui définissent un État de droit, ce qui peut conduire à la suspension de l’Accord.
Au regard de cette situation, rien ne favorisait sa signature avec un pays aussi dévoyé. Il convenait d’attendre qu’il fasse preuve d’une plus grande honorabilité, qui le rende davantage respectable et acceptable. L’étalon européen qui mesure l’éthique, doit-être élastique.
Article paru sur le site du ROUE
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