La Turquie ne doit rien lâcher
Précipité, mal préparé et mal conduit, le coup d’État du 15 juillet 2016 qui visait à renverser le gouvernement turc se solda par un échec retentissant.
La réaction du président islamiste conservateur Recep Tayyip Erdogan fut prompte et implacable. Une gigantesque purge affecta autant l’armée que l’administration, la police que les milieux économiques, le monde médiatique que les associations sportives.
Face à l’afflux massif de complices supposés du putsch, le ministère de la Justice a même permis la libération anticipée des détenus de droit commun.
La répression d’Ankara scandalise les belles âmes occidentales de Washington, de Bruxelles, de Berlin et de Paris qui pensaient passer des vacances bien tranquilles. Elles accusent le président turc de « dérive autoritaire » parce qu’il souhaite rétablir la peine de mort. Que la Turquie le fasse donc sans hésiter !
Le retour de la peine capitale aurait des répercussions positives pour nous, les Européens. Un tel rétablissement montrerait à l’encontre des articles de Jacques Attali que rien n’est jamais irréversible en politique. La restauration de la peine de mort arrêterait définitivement les lamentables négociations d’adhésion de la Turquie à la pseudo-Union européenne alors qu’elle continue à occuper tout le nord de Chypre et à imposer depuis le début de la décennie 1990 à la courageuse Arménie un terrible blocus.
Allemands et autres Eurocrates prendraient ce prétexte pour maintenir les visas d’entrée aux Turcs. Certes, en représailles, Ankara ouvrirait sa frontière occidentale maritime et inciterait tous les soi-disant « migrants » à déferler sur le continent européen, quitte à alimenter par contrecoup l’audience électorale croissante des formations populistes patriotiques du Vieux Continent…
Malgré de notables divergences sur la Syrie, le rapprochement inattendu entre Ankara et Moscou représente enfin un formidable pied de nez aux diplomaties occidentales. Les deux héritiers rivaux de l’Empire byzantin s’agacent de plus en plus des ingérences inacceptables de l’ensemble transatlantique romano-protestant dans leurs affaires respectives.
La Turquie demeure bien sûr dans l’OTAN, mais Erdogan comprend mieux les manœuvres des États-Unis en faveur de ses opposants islamistes libéraux.
Si Washington persiste à ne pas extrader Fethullah Gülen, considéré comme le cerveau du putsch manqué, Ankara pourrait très bien entraver le fonctionnement régulier de l’Alliance Atlantique. La Turquie se retrouve à la croisée des chemins géopolitiques.
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Chronique hebdomadaire du Village planétaire » n° 4, diffusée sur Radio-Libertés, le 7 octobre 2016 vers 8 h 20.
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