Otan contre Russie : comme un avant-goût de guerre froide ?
terrorisme terrorisme Il y a des signes qui ne trompent pas, surtout lorsqu’ils s’ajoutent et s’accumulent. Il y a quelques jours, le porte-avions Amiral Kouznetsov, flanqué de son escorte, a dû renoncer à se ravitailler en carburant dans l’enclave espagnole de Ceuta, au Maroc. Cette flotte voguait vers la Syrie, là où la bataille d’Alep fait toujours rage. Pour le quotidien espagnol El Pais, « l’Otan a fait pression sur le gouvernement madrilène pour qu’il refuse l’accès aux bâtiments russe, alors que Moscou soutient militairement le gouvernement de Bachar al-Assad. »
Au même moment, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan évoque son « inquiétude » à propos de ces navires de guerre en Méditerranée. Les commentaires de Guy Verhofstadt, président du groupe libéral au Parlement européen, sont encore plus clairs. D’où ce tweet : « L’Espagne a signé les résolutions de l’Union européenne sur les crimes de guerres à Alep. Aujourd’hui, ravitailler sa flotte en carburant pour l’aider à commettre d’autres crimes de guerres. Sérieusement ? »
Là, il faudrait savoir. Sommes-nous en guerre contre « le terrorisme » ou non. Déjà, ce simple intitulé a de quoi faire sourire. Ce fameux « terrorisme » se combat plus par les opérations de services secrets que par la politique de la canonnière. Profitons-en également pour rappeler que le djihadisme islamique, concept religieux tombé en désuétude depuis des siècles, fut réactivé durant la guerre d’Afghanistan, grâce à une réinterprétation des plus spécieuses du Coran par des théologiens égyptiens, financés par des Saoudiens ; l’intendance militaire étant dévolue aux Américains. Comme quoi, un boomerang…
Quant à la Syrie, si les mots ont encore un sens, et si tout le monde est désormais à peu près d’accord pour s’unir contre la soldatesque de l’État islamique, quid de celle du Front al-Nosra, énième épigone régional d’Al-Qaida ? L’actuel régime syrien vaut ce qu’il vaut. Mais que l’Otan veut-elle à la place ? Un islamisme de combat donné pour « modéré », néanmoins franchise de l’organisation censée avoir ourdi les attentats du 11 septembre 2001 ? Ou une solution à la russe, politique et pas si déraisonnable que ça, finalement : « Nous ne sommes pas mariés avec Bachar al-Assad », assure Vladimir Poutine. Voilà qui ouvre de l’espace, espace politique, il va de soi.
Comme souvent, comme toujours, il ne s’agit manifestement que d’un prétexte permettant d’occulter le progressif encerclement de la Russie par les armées de l’Otan, avec le déploiement de quatre mille soldats dans les pays baltes, sans compter ceux détachés en Pologne ; et pas que pour faire du tourisme, on s’en doute un peu. Assez justement, le Kremlin affirme que l’Otan a « accompli sa tâche » avec la fin de la Guerre froide ; mais cette organisation est de plus en plus envahissante, alors que le Pacte de Varsovie lui, a bel et bien été dissous, à rebours des accords russo-américains conclu au siècle dernier.
Et Jens Stoltenberg d’assurer qu’il ne veut pas « d’une nouvelle guerre froide ». Mieux : « Nous ne voulons pas provoquer un conflit, mais l’empêcher. »
Ah bon ? En l’occurrence, la méthode employée ne paraît pas être des plus idoines.
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