On savait Vladimir Poutine président, le voici hypnotiseur

par Alexandre Durudeau

Dans toutes les bonnes histoires, il faut toujours un méchant caractérisé ; sans méchant il n’y a pas de gentil, c’est le B.A.-BA de tout scénario tenant un minimum debout. Sur la scène (de théâtre ?) internationale, le grand méchant a toujours été la Russie. Bien sûr, quelques petits vilains tournent de temps à autre sur les planches avant de retourner en coulisses, mais constamment le regard des spectateurs doit rester sur l’ennemi désigné.

À écouter les puissances occidentales, Moscou est partout. L’élection de Trump ? C’est Moscou. La Catalogne et le Brexit ? Encore et toujours Moscou. Le seul endroit où n’est pas présente la Russie, c’est sur le podium des vainqueurs. Voyez la lutte contre l’état islamique où la Russie a joué un rôle considérable : pas un mot.

Alors il ne faut pas s’étonner si aujourd’hui les Eurodéputés veulent faire la chasse aux Russes qu’ils accusent d’ingérence systématique. C’est qu’à l’instar du sketch célèbre des inconnus, il y a le bon droit d’ingérence et le mauvais droit d’ingérence. Tout est dans la subtilité.

Ainsi les Eurodéputés ont débattu sur l’influence de la désinformation russe, sans même que la présomption d’innocence soit invitée. Les partis proeuropéens ont naturellement déclaré vouloir faire éclater la vérité quand les Eurosceptiques ont répondu qu’aucune preuve concrète d’ingérence n’était présentable. En bref, les bons vieux échanges verbaux que l’on retrouve à tous les niveaux politiques.

Pour certains Eurodéputés, il semblerait que la population européenne soit une petite chose fragile et tellement influençable, presque autant que les sondages ou les chiffres officiels. Noyés d’informations tout au long de la journée par des médias pro-UE, les Européens se verraient retourner le cerveau à la moindre belle parole russe. On savait Vladimir Poutine président, le voici hypnotiseur.

Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de limiter cette influence, en faisant, notamment, de la chasse aux fakes news, un cheval de bataille. Il faut dire qu’en Europe, on est pointilleux quand il s’agit de dire la vérité et rien que la vérité et ce n’est pas le traitement de la crise en Crimée qui prouvera le contraire…

Alors que l’Union Européenne est de plus en plus impopulaire, que l’euroscepticisme monte, que la corruption est de plus en plus palpable, il était nécessaire de trouver un coupable à tous ces maux. La Russie a joué son rôle. Comme toujours.

Alors, il est sûr qu’on aimerait tellement voir l’Union Européenne (ou du moins la France pour commencer) mettre autant d’énergie à lutter contre la propagande organisée par les pays du Moyen-Orient au travers des mosquées ou des États-Unis par le biais des lobbies. Mais bon… On accuse la Russie d’écraser l’information avec ses gros sabots… Peut-être le jugement aurait-il été différent avec des gros billets verts.

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