L’Initiative des trois mers montre ce que pourrait être l’Europe sans l’UE
Par article conseillé par EuroLibertés« L’Amérique est impatiente d’élargir son partenariat avec vous. Nous nous félicitons des liens plus forts liés aux échanges et au commerce au fur et à mesure que vous développez vos économies et nous nous engageons à sécuriser votre accès à d’autres sources d’énergie, de sorte que la Pologne et ses voisins ne soient plus jamais l’otage d’un seul fournisseur d’énergie », a déclaré le président américain se référant à l’ancien monopole russe du gaz fournissant dans la région. Mais cela, c’était en 2017 et le président américain en question était Donald Trump, en visite à Varsovie.
L’administration de Joe Biden, sans doute trop affairée à renouer la relation avec Berlin et à clore l’épineux dossier du gazoduc Nord Stream 2, semble moins s’intéresser à l’Initiative des trois mers (I3M). L’I3M est un forum de coopération réunissant douze pays d’Europe centrale, tous membres de l’UE. Du nord au sud et d’ouest en est, il s’agit de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Tchéquie, de la Slovaquie, de l’Autriche, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie. Parmi ces pays, on trouve donc tous ceux du flanc oriental de l’OTAN.
Si, dès le mois de février, le Secrétaire d’État américain Tony Blinken a bien assuré les douze pays concernés du caractère intact du soutien américain à cette initiative qui ne plaisait pas beaucoup à Bruxelles, Berlin et Paris, dans les faits ce soutien semble devenu plus abstrait, en particulier après l’annonce il y a quelques jours d’un accord entre Berlin et Washington sur le gazoduc Nord Stream 2.
Quand son prédécesseur Donald Trump parlait investissements et ventes de gaz américain, lors du sommet de l’I3M à Sofia, en Bulgarie, les 8 et 9 juillet, le président Joe Biden a assuré dans un message vidéo les pays de l’I3M de l’entier soutien des États-Unis et a parlé de la nécessité de développer l’économie de manière transparente, en renforçant la démocratie et en éradiquant la corruption, ce qu’il pourrait s’occuper de faire chez lui plutôt que de renouer avec la diplomatie donneuse de leçons de Barack Obama. Le président américain a aussi précisé sa vision d’une Initiative des trois mers servant à « vous lier encore plus étroitement aux institutions européennes », ce qui n’est pas forcément la vision partagée par les pays membres de cette initiative mais qui correspond en revanche à la vision allemande.
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui avait été invité au sommet de Sofia, a en effet regretté que l’Allemagne n’ait pas été initialement invitée à participer à ce forum de coopération régionale et a exprimé le désir que cette initiative devienne partie intégrante des politiques et des instruments de l’Union européennes et qu’elle soit fondée sur le respect des « valeurs européennes ».
Le problème, c’est que l’Initiative des trois mers a une finalité essentiellement économique et non idéologique, et elle a aussi pour but de faire contrepoids à l’axe franco-allemand qui pèse très lourds sur les décisions prises à Bruxelles, même si ses participants y voient d’abord et avant tout une organisation complémentaire de l’UE.
En mai 2021, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki appelait plutôt à un accroissement de l’engagement américain dans l’Initiative des trois mers afin de contrer l’influence de la Russie et de la Chine dans la région. Il estimait que « l’Initiative des trois mers est encore sous-estimée par l’administration américaine ».
Il s’agit pour ces douze pays d’Europe centrale de développer les infrastructures régionales (routières, ferroviaires, gazières…) déficientes dans l’axe nord-sud et de favoriser le rattrapage économique de la partie occidentale du continent. Car s’ils représentent près de 30 % de la surface de l’UE et 25 % de sa population, avec 111 millions d’habitants, ils ne comptent que pour moins de 15 % de la richesse du bloc et attirent plus du tiers des fonds européens.
En juin 2019, au sommet de Ljubljana, en Slovénie, deux banques d’investissement, une polonaise et l’autre roumaine, ont annoncé la création d’un Fonds d’investissement de l’Initiative des trois mers. Aujourd’hui, 9 des 12 pays de l’I3M participent à ce fonds d’investissement dont les programmes viennent s’ajouter, à une échelle plus modeste, à ceux de l’UE. Ce fonds se monte aujourd’hui à un peu plus de 1,2 milliard d’euros (dont 750 millions apportés par la Pologne) et devrait atteindre à terme 5 milliards d’euros avec des contributions de pays membres de l’I3M, d’institutions financières internationales et d’investisseurs institutionnels privés.
En septembre 2019, les présidents des places financières des pays du Groupe de Visegrád (V4 : Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) ainsi que de trois autres pays de l’Initiative des 3 mers (Roumanie, Croatie et Slovénie) ont annoncé leur intention de créer un index boursier commun, le CEEplus.
En mai dernier, il a été annoncé que la coopération des douze pays participants allait désormais concerner également la connectivité numérique en plus des infrastructures de transport et du secteur énergétique déjà au menu depuis la création en 2015 de ce forum de coopération régionale à partir d’une initiative du président polonais Andrzej Duda et du président croate Kolinda Grabar-Kitarović. D’ici 2030, selon les estimations, les investissements dans les infrastructures de transport dans les douze pays de l’I3M devraient atteindre 290 milliards d’euros, tandis que le secteur énergétique devrait attirer 88 milliards d’euros et le numérique nécessitera 160 milliards d’euros. Les pays d’Europe centrale, en retard économiquement (à l’exception de l’Autriche, qui n’a pas eu à subir les décennies de dictature communiste), connaissent en revanche des taux de croissance plus dynamiques que ceux de l’ouest du continent, ce qui permet un rattrapage progressif.
Au sommet de Sofia les 8 et 9 juillet, la France, le Royaume-Uni, la Grèce et le Japon ont rejoint les États-Unis et l’Allemagne en tant que partenaires de l’I3M. La Lettonie a pris le relais de la présidence du groupe des mains de la Bulgarie.
Si ses objectifs restent modestes (mais utiles et concrets), l’Initiative des trois mers, qui est une simple plateforme de coopération inter-gouvernementale et inter-régionale, n’en constitue pas moins une éventuelle alternative utile pour l’avenir si l’UE devait mal finir. C’est aussi pourquoi il est improbable que ses membres acceptent un jour la proposition allemande de l’intégrer aux programmes de coopération gérés depuis Bruxelles.
Article paru sur le site du VPost.
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