L’impasse européenne de l’Iran
Michel Grimard, Président du ROUE
L’impardonnable destruction par un missile iranien de l’avion civil reliant Téhéran à Kiev et la répression brutale des manifestations contre les conditions précaires d’existence, ne peuvent être occultées, tant elles sont accablantes pour les responsables de ce pays.
Il convient, néanmoins, de permettre une vision objective de la situation, à travers la chronologie des faits qui se sont succédé. Dans son déroulement, le rôle, négatif, désastreux, des États-Unis, mais aussi, déplorable, de l’Europe, apparaît clairement. Le peuple iranien en aura pâti le premier, par la récession et la répression, sans que les responsables occidentaux s’en soucient, autrement que par le verbe.
Dès qu’elle ne sert pas nos intérêts, l’impartialité passe à la trappe. Prétendre que le monde en regorge serait faux. Mais l’éloge de nos vertus, démocratie, liberté, équité, vérité, devrait l’imposer. Si l’Iran n’est certes pas exempte de reproches, comme nous l’avons déjà souligné, sachons reconnaître nos propres responsabilités, qui sont lourdes, comme le montre l’enchaînement des évènements qui ont conduit à ce dramatique contexte. Elles sont atterrantes et mettent en évidence, nos reniements, notre pleutrerie et l’asservissement aux États-Unis. La responsabilité de cette tragédie leur revient, car sans raison fondée, l’Iran respectant les termes du traité du 14 juillet 2015, ils dénoncent l’accord. Washington s’engage alors dans une série de sanctions toujours plus étouffantes et qu’elle entend faire respecter par les autres pays, sans aucune considération pour leur souveraineté. Après la signature du Traité, l’Europe aurait dû faire diligence pour épauler le Président Hassan Rohani, qui avait manifesté sa bonne volonté.
L’Europe s’insurge, particulièrement la France, contre cette défection et les décisions coercitives qui suivent. Elle tonne et déclare que des dispositions vont être prises pour suppléer aux conséquences de ces mesures. Un système de contournement va très rapidement voir le jour. La vérité oblige à dire que les déclarations seront les seules réalités. Les faux espoirs donnés à l’Iran, la conduiront dans l’impasse européenne.
Né des promesses de l’Union pour prémunir les investissements et les échanges de l’Europe avec l’Iran, le Spécial Purpose Véhicule (SVP), sera déficient. Il en sera de même du système appelé INSTEX (Instrument for Supporting Trade Exchanges), créé le 31 janvier 2019 par la France, l’Angleterre et l’Allemagne (Groupe E3). Il était destiné à contourner les effets désastreux des sanctions imposées à l’Iran par les États-Unis. Il devait faciliter les transactions commerciales européennes avec l’Iran, notamment en visant à pallier la carence des intermédiaires financiers ayant recours au dollar avec tous les risques qu’ils encourent.
Malheureusement, même dans le domaine humanitaire, notamment la santé, l’INSTEX est demeuré totalement inopérant. En démontrant la stérilité de sa voix et l’infécondité de ses engagements, l’Europe a souillé son honneur. Quant à la cruauté des sanctions américaines, elle a été clairement établie par les décisions prises, à l’unanimité de ses quinze juges, par la Cour Internationale de Justice (CIJ). Elle a, en effet, enjoint à Washington de libérer de toute entrave les exportations de produits vitaux vers l’Iran.
En demandant à l’Iran de ne pas sortir du Traité, alors que nous n’avons tenu aucun de nos engagements, nous sombrons dans le cynisme. Les États-Unis, l’Europe, peuvent les fouler aux pieds, mais l’Iran doit les respecter. L’appel à la désescalade lancé par la France, n’a de chance d’être entendu que s’il émane d’une position équilibrée, ce qui est loin d’être avéré. Demander péremptoirement à l’Iran de s’abstenir « de toute mesure d’escalade militaire susceptible d’aggraver encore l’instabilité régionale » juste après un entretien avec le Président Donald Trump, laisse perplexe.
On aurait souhaité que le Président Emmanuel Macron fasse preuve d’autant de fermeté, en l’invitant à adopter la même retenue.
Dans ces conditions, comment peut-on reprocher à l’Iran, de reprendre, sans limite, l’enrichissement d’uranium ou s’étonner de voir ce pays riposter aux agressions des États-Unis. La France, l’Angleterre, l’Allemagne (Groupe E3) auraient dû être fermes et ne pas accepter les diktats d’un État qui veut imposer aux autres nations, ses décisions et lois, prises unilatéralement. C’est seulement à ce prix, que l’Iran pouvait accepter de se maintenir dans le cadre de l’accord.
Dernier renoncement
Après l’assassinat du général iranien Ghassem Soleimani, nous courbons la tête devant le Président Trump et le soutenons, comme si cet acte était naturel, comme s’il ne s’agissait pas, une nouvelle fois, d’une agression illégitime, d’un crime, d’une violation de la souveraineté d’un pays, l’Irak.
Il est vrai que l’accoutumance s’est installée, Washington étant coutumier de ces faits. Le Président américain est un exemple de contradiction. Il vante le respect de la souveraineté des États qu’il viole en permanence, à l’égal du droit international. Sans état d’âme, il refuse un visa au Ministre des Affaires Étrangères iranien, lui interdisant de siéger à l’ONU, de même qu’il cible des sites culturels de ce pays, alors que les États-Unis sont signataire de la Convention de la Haye sur, précisément, la protection des sites culturels.
Ce mépris de l’indépendance des autres nations se retrouve dans les propos qu’il tient lorsqu’il apostrophe l’Irak, concernant la demande de retrait des troupes américaines : « Nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant ».
Il aime également parler de ripostes disproportionnées des États-Unis. L’histoire en garde encore, de tragiques et douloureux stigmates, à Nagasaki et Hiroshima. L’inconséquence et le retournement qui font partie de l’ADN des États-Unis se sont renforcés avec le Président Trump. Dénonciation des Traités, des accords sur le climat, le nucléaire iranien, mais arrêtons là, l’énonciation exhaustive des promesses trahies serait trop fastidieuse.
Exaspérée, par la dureté des conditions de vie engendrées par les sanctions américaines, une partie du peuple iranien s’est dressée contre le Pouvoir, ce que recherchait le Président Trump, pour justifier une intervention militaire. Mais l’assassinat du général Ghassem Soleimani a contrecarré cette intention, en ressoudant les différents camps et en réveillant la rancune accumulée contre les États-Unis. Le renforcement de l’aile dure du régime en est le résultat, même si l’erreur impardonnable, provoquée par le drame aérien, fragilise la cohésion.
Outre l’intensification des tensions dans la région, la politique des États-Unis nous conduit directement à ce que nous souhaitions éviter, la prolifération des armes nucléaires. Par son impéritie à se démarquer des Américains, l’Europe contribue à cette catastrophe. Même si l’Iran n’est pas sans reproche, il convenait de rétablir la vérité, qui dans ce cas, désigne l’occident comme le premier responsable de la situation.
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