6 mars 2017

La Russie pour cible

Par Georges Feltin-Tracol

 

Il ne fait pas bon d’être russe en Occident ces derniers temps. D’habitude si attentives à l’Autre, les instances politico-médiatiques occidentales ne cachent même plus leur profond mépris à l’égard de la Russie coupable de revenir sur la scène internationale, ce qui est scandaleux venant de l’État le plus étendu au monde, en outre deuxième détenteur d’ogives nucléaires de la planète.

Au moment où toutes les phobies, toutes les peurs collectives sont de plus en plus pénalisées, une seule est encouragée, voire valorisée : la russophobie.

Russophobie 2.0 est d’ailleurs le titre du livre écrit par l’Italien Giulietto Chiesa (Le Retour aux Sources, 208 p., 19 €).

Russophone et ancien correspondant de presse à Moscou, Chiesa fut député européen entre 2004 et 2008. Il dénonce dans cet essai « une constante au cours des cinq derniers siècles » (p. 7).

La russophobie s’étend jusqu’à une partie du peuple russe. En effet, « tout au long de son histoire, l’intelligentsia russe a été éloignée de son peuple, et absolument incapable d’en partager les sentiments profonds, affirme-t-il. C’est ce qui explique également chez les intellectuels russes ce désintérêt collectif pour la nation à laquelle ils appartiennent » (p. 152).

Le terme de nation apparaît ici inapproprié pour décrire l’ultime entité impériale existante. Fascinée par un soi-disant modèle occidental, cette frange infime de la société russe ignore que « les peuples américain et européen, insiste encore l’auteur, constituent de magnifiques cobayes pour le mensonge, mais il faut toujours faire attention à préserver la forme démocratique (pour l’instant, du moins) » (p. 56).

Giuletto Chiesa estime que « l’Occident cherche à couper les ponts, pour supprimer toute possibilité de dialogue » (p. 201). N’hésitant pas à considérer le 11 septembre 2001 comme un « attentat sous fausse bannière » (p. 115) et envisageant l’élection certaine de la néo-conservatrice belliciste Hillary Clinton – il ne pouvait prévoir la surprise Trump –, il affirme que « l’ère Obama n’a pas été qu’une suite de victoires médiatiques, elle a connu aussi des défaites politiques et diplomatiques pour les États-Unis. Poutine, à l’opposé, a systématiquement perdu les premières, mais remporté les secondes » (pp. 191-192). Bien vu !

En revanche, on reste très sceptique à propos de son avis partisan sur la crise ukrainienne plus complexe qu’il n’y paraît. Cet ancien candidat aux européennes du parti pro-russe en Lettonie ne peut pas s’empêcher de verser dans un antifascisme obsolète en qualifiant les courageux nationalistes-révolutionnaires ukrainiens de « néo-nazis ». On s’étonnera toujours que quelques personnes n’appliquent pas à toutes les communautés populaires enracinées le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Bonjour chez vous !

Cette chronique hebdomadaire du Village planétaire été diffusé sur Radio Liberté le 3 mars 2017.

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Philippe Randa,
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