La Hongrie renforce la protection de sa frontière
Malgré tous ses efforts visant à contenir (ou détourner) le flux migratoire, la Hongrie continue à être mise sous pression. En effet, même si les flux en direction de la Grèce ont diminué, il reste de nombreux migrants « stationnés » en Grèce et désireux de rejoindre l’Europe occidentale, qui continuent de prendre la route des Balkans pour y parvenir.
À l’automne 2015, la Hongrie a clôturé ses frontières avec la Serbie, puis la Croatie, ce qui a eu pour conséquence de détourner le flux migratoire sur une autre route passant par la Croatie et la Slovénie.
Lors de la période de Noël, il n’y avait quasiment plus aucun migrant qui essayait de traverser la Hongrie, tandis que des flux extrêmement importants – plusieurs milliers de personnes par jour – traversaient les pays voisins (à ce sujet, voir ou revoir le documentaire de TV Libertés : www.youtube.com/watch?v=tJbwLcwZEkQ).
L’arrivée des beaux jours a vu le flux migratoire de nouveau croître en Hongrie, avec 3 946 clandestins appréhendés par les autorités hongroises pour le seul mois d’avril 2016.
Si les chiffres inouïs de 2015 (plus de 400 000 migrants ont traversé la Hongrie l’année dernière) ne sont pas encore atteints, l’augmentation du printemps laisse entrevoir un été migratoire difficile pour la Hongrie, d’autant qu’en une année, l’Autriche a effectué un virage à 180° sur cette question, passant en un an d’une critique injurieuse de la politique hongroise à une politique beaucoup plus restrictive sur l’accueil des migrants.
L’espoir pour la Hongrie de voir les flux de migrants passer tranquillement en Autriche comme en 2015 est donc restreint.
Pour faire face à cela, la décision a été prise de renforcer les barrières construites le long de la frontière entre la Hongrie et la Serbie, comme le montre cette photo prise ce mercredi 4 mai 2016 dans un village frontalier :
D’autres mesures sont en cours par le pouvoir hongrois pour réagir à ce retour des flux migratoires :
– Des mesures de préparation à l’éventualité de la construction d’une barrière à la frontière hungaro-roumaine ;
– Sur le plan politique, outre les diverses initiatives internationales prises avec ses alliés du groupe de Visegrád (Hongrie, République Tchèque, Slovaquie, Pologne), le gouvernement hongrois organisera à l’automne un référendum sur la question migratoire et la question des quotas que l’Union Européenne veut imposer ; si la réponse favorable au gouvernement de Viktor Orban ne fait aucun doute, elle aura surtout pour objet d’être un argument d’appui démocratique supplémentaire pour Orban face aux pressions de l’Union Européenne.
L’annonce il y a quelques jours de la volonté de la Commission Européenne d’infliger de lourdes amendes (250 000 euros par migrant refusé dans le cadre de la politique des quotas) aux pays qui ne souhaitent pas accueillir de migrants a alourdi les tensions entre Bruxelles et l’Europe centrale, hostile à la vague migratoire face à laquelle l’Union Européenne montre une réelle complaisance.