15 avril 2022

Esclaves dans le monde « libre »

Par Joël Zaremba

Dans le numéro 195 de la revue Éléments, le député européen Hervé Juvin dans sa rubrique « L’Europe au bord du gouffre » explique comment l’union européenne s’isole : « En effet, tributaire habituelle comme le Canada, l’Angleterre, l’Australie et le Japon, des États-Unis, elle se coupe du reste du monde avec ces derniers. D’une part, l’OTAN avec sa volonté d’élargissement et d’autre part les Étasuniens avec leur dollar, leurs armes et une prétention (im) morale sont ressentis par l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine, la Chine avec la Russie comme la première menace. Ce n’est pas d’être ce que nous sommes que le monde nous reproche, c’est de ne plus l’être. Nous ne sommes plus ceux que nous prétendons être. Nous avons abandonné ce qui, comme foi, comme honneur, comme justice et comme équité, nous avait érigés en modèle… les livraisons d’armes irresponsables sont des actes qui font de pays européens des cobelligérants de fait et rendent irréparables l’appel à l’OTAN et la séparation d’avec la Russie ». Comment peut-on bien longtemps faire sans en subir gravement les conséquences ce que nous reprochons aux autres ? Comme censurer des médias, pratiquer la ségrégation, mépriser les opposants aux pouvoirs, occulter la contradiction et le débat, sanctionner ceux qui ont « mal voté ».

Fournir des armes est la façon la plus délétère de se comporter. Ainsi, l’électorat est préservé en aidant le faible contre le méchant sans envoyer ses enfants au front. Mais des enfants et des mères et des femmes, il y en a dans les deux camps. Fournir des armes ne conduit qu’à prolonger la guerre et donc à multiplier les orphelins, les veuves et les malheurs. Fournir des armes transforme les États en trafiquants d’armes, en assassins identiques à celui que l’on dit combattre. Aider est possible, en envoyant seulement de l’aide humanitaire, en faisant taire les radios qui, telles une propagande, imbibent vos cerveaux avec le mot « guerre » comme elles le faisaient avec le mot « covid ». Aider, c’est diffuser en boucle le mot « paix ». Avec des concessions et du courage pour clouer le bec à l’oncle Sam la paix du monde est à portée de mains.

Mais il faut plaire au maître. Alors, « esclaves du dollar, des GAFAM et de la ploutocratie américaine, plus encore de leur peur de mourir, les Européens sont prêts à être administrés par un proconsul américain » et sanctionnent sur ordres.

À vouloir à tout prix le mondialisme, les Étasuniens et leurs vassaux viennent sans doute de tuer leur rêve, mais à quel prix. Ce prix sera exorbitant pour les Européens qui vendent leur souveraineté contre iPad, cartes, pass, monnaie virtuelle, voiture électrique, pour n’être que des esclaves dans le monde « libre ». La société de consommation a changé d’âme, le plaisir de consommer des années soixante s’est mué en une contrainte de consommer du fait du détournement dont ont fait de la finalité de l’argent les puissants. L’argent n’est plus pour ces derniers un moyen mais un aboutissement et l’esclave qui s’ignore ne travaille plus que pour payer des abonnements qu’il s’impose par mimétisme troquant son histoire, sa culture, sa foi, sa liberté de pensée contre des modèles qu’il ne choisit même pas.

La question vitale se pose aujourd’hui devant les urnes. Serons-nous un jour assez nombreux pour oser changer de monde ?

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