2 décembre 2024

Donald Trump alimente toutes les supputations

Par Philippe Joutier

Deux d’entre elles, d’ailleurs liées, s’efforcent d’affoler l’opinion en annonçant quasiment la fin de l’Europe. La première concerne la supposée disparition de l’OTAN, la seconde le prochain envahissement de l’Europe par la Russie.

Pour ce qui concerne l’OTAN, rappelons quelques vérités :

Depuis 1945 les États-Unis ont été les instigateurs  de 201 des 248  conflits armés survenus dans le monde. Amérique Latine, Cuba,  Vietnam, la Grenade, l’Irak, la Somalie, l’Afghanistan, etc. Une fois détruit, le pays est reconstruit par de américains au profit des investisseurs américains. « Qui a gagné en Afghanistan ? Les entrepreneurs privés », titrait le Wall Street Journal en 2021. 800 bases militaires US sont déployées dans le monde.  Depuis 2001, ces guerres ont tué environ 4,5 millions de personnes, blessé des dizaines de millions d’autres et déplacé au moins 38 millions de gens.  Selon l’analyse  « Costs of War » de l’université Brown, le Congrès et l’exécutif ne discutent aucune des demandes du pentagone en matière militaire. Le sénateur Roger Wicker, un républicain du Mississippi défend un budget militaire de 950 milliards de dollars pour  2025.Le budget de base du Pentagone dépassera sans doute  mille milliards de dollars au cours de la deuxième administration Trump. Mille milliards ! L’essentiel de l’argent des contribuables est siphonné par cinq grandes sociétés qui vivent de de la guerre : Lockheed Martin, Northrop Grumman, Raytheon (RTX), Boeing et General Dynamics. Le trou abyssal de la dette ( 124% du PIB) détenue essentiellement par le secteur privé, a deux conséquences : D’abord garantir les débouchés et de nouveaux marchés à cette industrie militaro industriel, ensuite  garder à tout prix le dollar comme monnaie unique internationale . Mais en dehors de son intérêt économique la guerre pour les Etats-Unis, est aussi quasiment culturelle au nom de leur fameuse théorie protestante de la Destinée Manifeste. Autant de nécessités qui imposent évidemment le maintien de l’OTAN comme marché, donc le besoin de  fabriquer systématiquement des peurs, des menaces et des crises .  Alors que Macron affirmait la mort de l’OTAN, la malheureuse Ukraine   aura été une opportunité merveilleuse pour le retour des marchands d’armes made in USA qui tirent un maximum de profit du conflit et multiplient les contrats juteux avec l’Europe en y entretenant l’angoisse d’une annexion future  prétendument programmée.

À la fin de la guerre froide et de l’URSS de Gorbatchev en plein démantèlement, l’ancien dissident Vaclav Havel devenu président de la Tchécoslovaquie appelait le 21 février 1990 à la dissolution conjointe de l’OTAN et du Pacte de Varsovie pour y substituer une alliance proprement européenne : l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Proposition catastrophique pour les Américains. Dissoudre l’OTAN c’était se couper de leur influence idéologique et militaro-industrielle en Europe et surtout les priver du gigantesque débouché commercial pour leur vente d’armements. Plutôt que supprimer l’OTAN, il fallait au contraire la faire prospérer avec un plan d’élargissement commencé en 1990 bien avant que Poutine soit élu président au mépris des accords donnés alors à Gorbatchev  et des mises en garde lorsque en 1991 dans la revue de l’OTAN le professeur Otto Pick écrivait « Moscou ne manquerait pas de considérer comme une provocation intolérable toute tentative de repousser la frontière de l’OTAN jusqu’à la Bug ». (https://www.nato.int/docu/revue/1991/9102-03.htm)

Les États-Unis seront donc les instigateurs de six vagues d’expansion de l’OTAN : 1999 (Pologne, Tchéquie, Hongrie) ; 2004 (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) ; 2009 (Albanie et Croatie) ; 2017 (Monténégro) et, en 2020, la Macédoine du Nord, aujourd’hui Suède et Finlande. 32 membres qui encerclent la Russie, de l’Europe à la mer Noire. Vouloir y ajouter l’Ukraine aura été la provocation de trop. On connait la suite.

Alors,  avec Trump, l’Europe devrait-elle s’inquiéter de la fin, de l’OTAN ? Assurément pas! Quelle  que soit la personne qui se trouve à la Maison Blanche, l’OTAN doit évidemment être conservée moins pour garantir l’Europe contre la menace Russe que comme  principale cliente des marchands d’armes  US. En revanche, nul doute que Trump  avec sa culture de vendeur immobilier New Yorkais agitera la menace d’un désengagement pour nous monnayer sa protection. Pur bluff.

Donc OTAN. Mais après ? Une fois  l’Ukraine revenue aux accords de Minsk et sans doute contrainte à un armistice provisoire à titre permanent du genre Corée, la Russie pourra t’elle attaquer l’Europe par des moyens conventionnels ?

Un pays  qui la souhaite, se prépare à la guerre.  Or, jusqu’en 2020 la Russie ne réarmait pas ! En 2010 son budget était même inférieur à celui de la France. (Sources : SIPRI, institut national de recherches sur la Paix de Stockholm). Pourtant, Poutine était déjà là ! Quant à l’efficacité de l’armée fédérale, l’Ukraine avec un matériel suranné d’origine russe s’avère finalement capable de lui résister depuis plus de trois ans. Pour les moyens humains, la Russie souffre d’une grande crise démographique.  Le gouvernement russe a mis en place une politique nataliste depuis la fin des années 2000, mais doit faire appel à  l’immigration et à l’aide de la Corée du Nord pour compenser ses pertes humaines. Le PIB russe par habitant s’effondre depuis 2013.

Quant aux matériels, selon le décompte du site de renseignements oryxspioenkop Moscou a perdu depuis le début de la guerre 16 906 équipements dont  3 235 chars  et se montre pour l’instant incapable de produire du matériel neuf en grande quantité. Interrogé par » The Economist, » Pavel Luzin, expert en capacité militaire russe au Centre d’analyse de la politique européenne, estime que la Russie ne peut construire que 30 chars neufs par an et manque d’équipements modernes pour les équiper. Pour la fabrication de canons et des obus, la Russie ne disposerait que de deux usines dotées des machines à forger rotatives indispensables. En 2024 le budget du Pentagone est de quatre fois plus que la Chine et de huit fois plus que la Russie. Comme le souligne  Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po et cofondateur du blog Eurasia Prospective. Les Russes n’ont donc rien à gagner d’une guerre et n’ont possiblement pas les moyens (ni financiers ni militaires) de la mener.

« Quand on voit les coûts de la guerre et des sanctions qui ont eu des effets réels sur l’économie russe, on peut douter qu’une autre guerre soit la priorité aujourd’hui de Vladimir Poutine ».

On prépare maintenant l’opinion à la nécessité de poursuivre l’expansion de l’OTAN jusqu’à la mer de chine et l’Asie du Sud-Est afin d’encourager  la Chine et la Russie à renforcer leurs propres armées ce qui est l’objectif recherché. Le même schéma est reconduit : mise en garde sur une supposée volonté de conquête de la Chine, laquelle depuis cinquante ans n’a jamais attaqué personne .  C’est la chronique d’une autre guerre annoncée face à Pékin, toujours par procuration en utilisant cette fois Formose.  Et bien sûr, l’Europe suivra. Nous signons maintenant pour ça !  Le nouveau concept stratégique de l’OTAN indique : « investir dans l’OTAN est le meilleur moyen non seulement de faire perdurer le lien qui unit les Alliés européens et les Alliés d’Amérique du Nord, mais aussi de contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde ».

Et vive l’OTAN !

Sources :

 

https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2017-12-12/nato-expansion-what-gorbachev-heard-western-leaders-early

Bibliothèque présidentielle George HW Bush, Memcons et Telcons (https://bush41library.tamu.edu/)

Dossiers déclassifiés publiés par le National Security Archive, 12-12-2017

https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-equipment.html

https://www.oryxspioenkop.com/2022/02/attack-on-europe-documenting-equipment.html

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