Brexit : les inquiétudes d’Ankara
Pont entre Occident et Orient, la Turquie est décidément un cas géopolitique à part : à Istanbul, on se sent en Europe ; en Anatolie, en Asie. En France, il y avait les turqueries de Molière, tandis qu’à la cour des sultans ottomans, la langue française était de mise ; ce depuis l’alliance entre François 1er et Soliman le magnifique. Nos rapports plongent donc dans un lointain passé et, des siècles durant, la France fut le premier partenaire commercial – et surtout, culturel – de la Turquie.
Aujourd’hui, ce rôle est dévolu à l’Angleterre, pays qui, par ailleurs a toujours été le plus chaud partisan de l’entrée de la Turquie en Europe. Sur cette dernière, l’opinion stambouliote est plus que partagée. L’Europe, oui, mais laquelle ? Celle de la Gay Pride, des LGBT, des Femen et d’un capitalisme financier on ne peut plus débridé ? Celle d’une Europe politique, de type gaullien ? Les Turcs aimeraient bien, mais au numéro de cette Europe, le téléphone sonne désespérément dans le vide.
D’ailleurs, si la Grande-Bretagne a toujours été l’avocate de l’entrée de la Turquie dans les instances européennes, ce n’était évidemment pas pour célébrer les charmes du Bosphore, mais simplement pour en finir avec toute velléité éventuelle de création d’une Europe politique : pays le plus peuplé de l’ouest du Vieux continent, voilà qui aurait fait de la Turquie, pays de culture orientale et de confession musulmane, la première force aux Parlements de Bruxelles et de Strasbourg ; soit quelque chose d’ingérable à plus ou moins long terme.
Avec le Brexit, Ankara vient de perdre un levier puissant pour parachever son vieux rêve de conquête européenne – mis en échec devant les remparts de Vienne, ceux de l’UE paraissaient à l’évidence plus fragiles. Pour tout arranger, le président Erdogan n’en finit plus de se dépêtrer d’une politique étrangère des plus erratiques, que ce soit vis-à-vis de l’État islamique et de pays tels que la Russie, l’Iran, Israël et l’Arabie Saoudite. Il est donc à craindre, ou à espérer, c’est selon, que son expansionnisme européen soit désormais remis aux calendes byzantines.
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Philippe Randa,
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