La mémoire trouble
Les commémorations du 8 Mai nous offrent immanquablement quelques surprises. En prenant connaissance des copies du devoir de mémoire, le correcteur ne manque jamais de relever quelques perles destinées à enrichir le palmarès de la prestigieuse foire aux cancres.
Le plus souvent, les lauréats appartiennent à la classe élitiste des journalistes. Aujourd’hui, 8 mai 2019, c’est incontestablement à un général, consultant occasionnel d’une chaîne de télévision, que revient la palme.
Pour tresser une couronne de laurier de plus et accrocher quelques étoiles supplémentaires aux képis de Charles De Gaulle qui, soit dit en passant, n’était jamais qu’un général de division, rien n’empêche de taquiner la vertu d’une Vérité chaque année plus lutinée.
Le poireau (ainsi surnommé dans le jargon militaire car, comme cette plante potagère, un général a les cheveux blancs et la queue verte), le poireau a poussé le cochonnet jusqu’à affirmer que « l’Homme du 18 Juin » a redonné une armée à la France lui permettant ainsi de reprendre le combat jusqu’à la victoire.
Il ne s’agit pas de mésestimer l’action de la France Libre, encore faut-il rappeler le travail effectué en Afrique du Nord par des chefs oubliés, comme le Général Weygand.
Il berne les commissions d’armistice en trafiquant les quotas officiels des troupes de maintien de l’ordre et en camouflant des tonnes d’armes et de matériel. Grâce à lui, à la veille de l’opération Torch, cette armée d’armistice compte 200 000 hommes contre les 120 000 autorisés. Elle sera bientôt portée à 410 000. Il faut préciser qu’au même moment, les Forces Françaises Libres ne regroupent que 40 000 volontaires (selon la Fondation de la France Libre, leur effectif à la fin de la guerre sera de 53 249).
Comment notre commentateur étoilé a-t-il pu oublier les cours d’histoire militaire dispensés à Coëtquidan et les chapitres concernant la campagne d’Italie du Corps expéditionnaire français du général Juin, les campagnes de Provence et de France des troupes d’Afrique du Nord du général de Lattre. Bizarre !
Et si, en plus de son statut précaire de consultant, notre général de Guerrelasse n’était qu’un intermittent du spectacle ? Voilà qui expliquerait de telles lacunes.
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