Élections en Italie
par Geri Fenrir
Ça, c’est fait ! Après le Groupe de Visegrad, l’Autriche, la Grande-Bretagne… l’Italie rejoint le camp des nationaux-régionalistes et « eurosceptiques » pour le moins. Sans même compter les scores de l’AfD en Allemagne, du Front National et autres mini-partis en France. L’unité de l’Espagne est remise en cause par la Catalogne, la Belgique par les autonomistes flamands, etc.
Que reste-il du « rêve européen » lorsque plus de 70 % des électeurs italiens en rejettent les folles chimères ? C’était 50 % en France lors des dernières élections présidentielles si l’on additionne les votes « eurosceptiques » de tout poil. Car il faut bien prendre en compte la variété transpartisane des votes antieuropéens (contre l’Europe telle qu’elle est pensée par nos élites).
La ligne de fracture sur la question de l’Union Européenne actuelle est de plus en plus profonde et constitue le nouveau clivage politique en Europe, avec les conséquences sur les problèmes d’immigration et de frontières notamment.
L’union envisagée par certains observateurs, entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord, n’est pas délirante dans le principe même si la Ligue comme le M5S l’ont rejetée catégoriquement. Les vieux clivages et les procès d’intention sont encore vivaces et l’usage martelé du terme « extrême droite » par la presse n’est pas innocent, afin de contenir des éventualités d’alliances improbables a priori. Ceci étant, ne va-t-on pas vers une distinction entre « populistes » qui seraient représentés par le M5S ou la France Insoumise, et « nationaux-régionalistes » représentés par La Ligue entre autres, ou le Front National en France ?
Peut-on rêver de la disparition, enfin, des vieilles notions bi-séculaires droite/gauche, et de l’avènement d’une nouvelle politique fondée sur des éléments vitaux pour notre Europe (identité, valeurs, civilisation, immigration massive, politique étrangère) et non plus sur des idéologies dépassées.
Il paraît que M. Macron est dans cette vision de destruction de la droite et de la gauche au profit d’un centrisme « à la Giscard » lorsqu’il écrivait que « 2 Français sur 3 » se situaient « au centre ». Mais il ne faut pas se tromper sur cette vision qui n’a pour but que d’ouvrir un boulevard aux réformes les plus dangereuses, justement en matière d’européisme et de mondialisme, terrain d’élection des plus grandes puissances financières souvent d’origine américaine en outre. Cette politique « macrono-giscardienne » consiste à mener une politique « de droite » en matière économique et une politique « de gauche » en matière de société et de politique. Au moins en effet d’annonces…
Mais l’« auberge espagnole » italienne semble, elle, inextricable, mélangeant une droite berlusconienne moribonde, comme son leader lifté ; la Ligue du Nord, nettement positionnée sur l’idée régionaliste d’une Europe des régions et antiétatique, et Fratelli d’Italia, mouvement « post-fasciste » aux valeurs nationalistes claires et sans complexe… Quid de l’avenir de Forza Italia en tant que tel ? Le M5S ne peut gouverner seul. Alors, alliance avec le Parti Démocrate démonétisé ? Cela ne semble pas d’actualité. Nouvelles élections de clarification d’alliances douteuses ?
C’est curieux que l’Italie, déjà souvent qualifiée d’ingouvernable, se retrouve dans la même situation que l’Allemagne après ses propres élections de septembre 2017, et qui a mis six mois pour former un gouvernement de coalition déjà vieillot et périmé. Crépuscule de l’ère Merkel… crépuscule, là aussi des vieux partis d’antan. Si l’on ajoute les équilibres au moins précaires qui maintiennent artificiellement un gouvernement Rajoy en Espagne, on assiste à une pantalonnade de trois grands États européens aux avenirs politiques incertains sous la poussée déstabilisatrice des nouveaux courants régionalistes, parfois identitaires, « populistes » de toutes origines, préoccupés de l’avenir d’une Europe en perdition de ses valeurs et de la souveraineté des peuples.
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