Et si le déclenchement de la nouvelle crise venait d’Allemagne ?
Oui, bien sûr ! On nous dira que c’est l’Europe et qu’il faut une alternative au dollar, que les Français y sont attachés (ligotés conviendrait mieux) et pourtant, plus que jamais, l’euro n’est rien.
Retour sur l’euro, retour sur le rien
Celui-ci n’est pas un remède à la crise, il en est le poison. Il faut tout d’abord rappeler cette règle simple qu’une monnaie, fatalement, implique un État ; plus que jamais, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, il n’y a pas d’État européen…
Au demeurant, que l’euro ne soit pas une monnaie d’État n’était pas en soi une mauvaise chose, sauf que tous ses concurrents monétaires sont d’État : même la livre sterling ET plus que jamais après le Brexit !
L’Europe n’est pas une zone monétaire optimale, comme l’Île américaine. À la limite, s’il existait une défense commune européenne, l’euro aurait sans doute plus de consistance.
Mais restons sur l’économie. Deux banques font actuellement parler d’elles en Europe : la Deutsche Bank et la Monte dei Paschi di Siena, victimes du « quantitative easing », les facilités monétaires et les produits dérivés. Surtout la première (pour celle-ci, les dérivés sont à un levier de 1 pour 25 soit plus de 20 fois le PIB allemand) la DB a vendu des obligations dont le remboursement est soumis… aux fonds propres de la banque, lesquels font défaut. Comment appeler cela, si ce n’est de l’escroquerie ?
Too big to fall, qu’ils disaient ! L’Europe a échoué dans sa politique monétaire, les taux d’intérêt négatifs sont une monstruosité humaine, un phénomène inédit dans l’histoire de l’humanité. On nous dit, en regardant du côté du Japon, que, à cette situation tout à fait inédite, les économistes, les politiques, vont trouver des solutions innovantes et, du côté de l’Amérique aussi, mais le privilège du dollar touche à sa fin (le FMI veut une autre monnaie mondiale) ; il masque les difficultés structurelles de l’économie US.
Ces innovations financières seront contre nature car il existe bel et bien des lois naturelles en économie et la conséquence de ces lois est, très concrètement, la suivante :
La folie aventureuse des taux négatifs
Un taux négatif est un transfert de richesse subreptice du prêteur vers l’emprunteur puisque le premier et lésé, or comme le principal emprunteur c’est l’État, voyez les euro-obligations (OAT au bonheur de Bercy !), on peut considérer que c’est une forme additionnelle d’impôt.
Le ministre Michel Sapin ne s’y est pas trompé, qui dans sa loi N° 2 permet aux assureurs de baisser la rémunération des assurances vie (les portefeuilles de ces mêmes assurances étant remplies d’obligations d’État) et, pire encore, interdit le rachat partiel de ces contrats en cas de remontée des taux, cela au dire de Sapin pour empêcher l’« insurance run » (comme bank run). C’est le syndrome chypriote qui frappe maintenant l’épargne assurantielle.
Une bulle énorme, obèse, hideuse !
On le sait l’euro a accéléré la désindustrialisation de l’Europe par la cherté des prix depuis 2002. La création artificielle de monnaie n’a pas stimulé la croissance, l’endettement a cru… Les actifs existants se sont trouvés surévalués par l’abondance des liquidités ; quant à l’allocation de ressources par des banques, elle est allée vers la spéculation et non l’investissement productif, contraignant la BCE à une fuite en avant dans les facilités monétaires, inventées par la FED.
« Nous sommes dans une bulle énorme, obèse, hideuse » : la phrase est de Donald Trump ! En effet, L’idée qu’une économie aurait besoin d’une création monétaire illimitée pour bien fonctionner n’est qu’une assertion pseudoscientifique pour légitimer le pouvoir des États et des banques et l’oligarchie politico-bancaire bénéficiaire de la mondialisation.
Au final, on ne peut exclure une nouvelle crise car les paramètres de celle de 2008 sont toujours là. Pire, ils ont été aggravés et on ne voit pas que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets à due proportion desdites causes.
Même les pays émergents se sont goinfrés de monnaie facile en orientant ces crédits vers des secteurs de rente, en s’alignant sur les vieux pays industriels et en détournant ces ressources de l’investissement sain, seul moteur de la prospérité.
L’hypothèse d’une faillite de la DB n’est pas exclue ; elle pourrait provoquer un séisme. Qui se souvient de la faillite, en 1931, de la Creditanstalt, première banque autrichienne ?
Elle survint après le krach de Wall Street, lequel était une correction sévère du marché… Mais le caractère systémique, lui, vint d’Europe, Vienne et Berlin au premier rang !
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