7 août 2016

Nuit du 4 août, et si on recommençait ?

Par Olivier Pichon

 

Le 4 août 1789, les États généraux convoqués par le roi (ils n’avaient pas été réunis depuis 1614) sont maintenant Assemblée nationale depuis le 9 juillet et abolissent les privilèges lors de cette trop fameuse nuit !

La cause principale ? Le royaume est en proie à de graves difficultés financières avec son endettement chronique et l’impôt est écrasant. La noblesse est représentée par 270 députés, le clergé 291 et le tiers état 571 dont une moitié d’avocats et de juristes et de grands bourgeois d’affaire. On aura compris que le peuple de France en est singulièrement absent. On dit que l’histoire ne se répète pas, mais elle nourrit la réflexion, le raisonnement est ici analogique, commençons donc la série.

La Grande Peur : chacun connaît la prise de la Bastille évènement réputé fondateur, aucune Bastille n’a été prise aujourd’hui, mais ce qu’on oublie c’est le contexte de grande peur qui fait frissonner le peuple, rumeurs, tocsin, incendies, dans les campagnes, une sourde inquiétude gagne. Celle-ci est réelle aujourd’hui. Chacun s’étonne ou admire la résilience française face aux crimes islamistes, mais cette sourde inquiétude est là : les jeux olympiques et les jeux politiciens n’arrivent pas à la dissiper, elle est palpable dans la France profonde.

Difficultés financières : la principale raison de la convocation des États généraux résidait dans l’impasse budgétaire de la monarchie. La France est aujourd’hui endettée à hauteur de son PIB et recourt aux facilités monétaires des faux-monnayeurs de la BCE, les fermiers généraux en quelque sorte qui avançaient au roi sa trésorerie.

La représentation nationale : quasi-absence des artisans, paysans, ce petit peuple de France qui travaille dur, et n’est pas représenté à l’Assemblée nationale, mais paye des impôts et des charges à n’en plus finir, une mauvaise assiette fiscale, quand les groupes mondialisés payent moins. L’assemblée nationale française et les cabinets ministériels, avec la surreprésentation des hauts fonctionnaires, surtout issus de l’ENA constituent une noblesse de robe avec les privilèges qui vont avec, retraites, cumul, avantages multiples, sans oublier le coiffeur, quoique le temps des perruques poudrées soit révolu !

Assiette fiscale : en 1789, l’essentiel de l’assiette fiscale était la paysannerie. Même punition même motif, aujourd’hui c’est la classe moyenne et près de 50 % des foyers fiscaux qui ne payent pas l’IR (impôt sur le revenu).

Démagogie sociale : Le duc d’Aiguillon avait tout compris, comme Fabius, Baylet, Hollande et autres ; deuxième fortune de France, il tient au peuple le discours qu’il veut entendre : « Le peuple cherche à secouer enfin un joug qui, depuis tant de siècles pèse sur sa tête ». Quelque chose du « Mon ennemi c’est la finance ! », mais les « sans dents » (on a les sans-culottes que l’on peut !) n’en ont pas fini avec les privilèges…

Citons encore, le marquis Foucaud de Lardimalie, député du Périgord, qui attaque courtisans et commis de l’État qui touchent pensions et traitements importants de la cour.

Privilèges : du latin priva lex, loi privée pour le meilleur et pour le pire, synonyme de liberté, ils consistaient à respecter les traditions locales lorsqu’une province était annexée au royaume (coutumes et droits immémoriaux). Voila pour le meilleur, mais, aujourd’hui, outre les privilèges des hommes de l’État, une nouvelle privata lex est en train de se dessiner, accompagnant le mouvement de communautarisation de la société française, piscines pour les femmes, viande hallal, voile islamique etc.

On aura compris ici la contradiction de ceux qui veulent croire à un islam de France et qui défendent bec et ongles la république, par définition unitaire. Ils sont en train de mettre en place un oxymore politique, un OPNI (objet politique non identifié). A fortiori si, comme le prétend le Pouvoir, se crée un concordat avec l’islam, alors que celui avec les catholiques fut rompu par la dite république. Mais c’est déjà une autre affaire, car ce concordat avec les catholiques fut établi après une longue guerre civile par la « Révolution bottée » et là, point de Bonaparte en vue !

Justice : allons donc ! La république nous a faits égaux devant la loi ! Sans doute dans les textes, écoutons le vicomte de Beauharnais réclamant que les peines soient identiques entre nobles et roturiers. L’inventaire des décisions de justice aujourd’hui serait trop long, mais, dans ses tréfonds, le peuple français sait qu’il n’en est rien !

À dire vrai, comme la prise de la Bastille, la nuit du 4 août appartient à la mythologie d’un régime en train de naître. La véritable abolition des privilèges date du 25 août 1792, soit trois ans après et quelques jours après la chute de la monarchie. Faudra-t-il donc comprendre qu’on ne peut vraiment attendre l’abolition des privilèges qu’au jour de la chute du régime ?

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Philippe Randa,
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