On aura compris qui est le dindon de la farce dans cette formidable opération électorale appelée Macron : une fois encore le peuple français.
L’homme ici n’est pas en cause : il est plutôt sympathique, avec sa tête de gendre idéal, mais la stratégie qu’il incarne est filandreuse et perverse. En tout premier lieu, des dindons : le peuple de gauche dont une partie seulement prend le train « En Marche », mais en sera dupe. Pas seulement lui, le jeu politique français en serait affecté dans sa totalité.
De quoi Macron est-il le nom ?
Dès que son étoile a commencé de poindre dans le ciel politique, j’avais annoncé un enterrement de première classe pour le bon vieux socialisme des origines. Les dinosaures, Montebourg, Hamon, Mélenchon seront confinés à Jurassic Park, avec une solide clôture électrique en espérant qu’un malheureux court-circuit ne les fasse pas entrer derechef dans la vie politique française.
Social-démocrate, Macron ? Oui bien sûr, au sens où il n’entend pas tuer le capitalisme, partant du principe qu’il vaut mieux, tel le guerrier Massaï, lui prélever assez de sang, mais sans jamais l’abattre. On qualifie son mouvement de social-libéral, cela ne veut rien dire et représente le désir secret de préserver le social dans le libéralisme. Mais là, deux solutions : ou le libéralisme par la liberté qu’il véhicule et ses effets positifs sur l’économie produit naturellement des bénéfices sociaux, ou bien on y ajoutera du social par intervention publique ; la bonne vieille distribution sociale viendra alors contrarier la logique libérale et retour à la case départ !
À dire vrai, Macron se dit monarchiste et avoue n’avoir jamais été socialiste, il croit à la république monarchique que nous avons héritée de de Gaulle et rejette le collectivisme des dinosaures cités plus haut, rien de plus ni de très novateur.
Quel changement notable de politique, lui qui maintient les 35 heures, contrairement à Fillon, et ne dit rien sur la Sécurité sociale qui comme chacun sait est le-meilleurs-système-que-le-monde-nous envie ?
Des socialistes, il garde le sociétalisme qui plaira à la classe qui le soutient, les bobos ! Manifestement, la famille n’est pas son centre de préoccupation. Ni de droite ni de gauche, prétend-il être ; sur le plan politique, on voit assez bien la manœuvre. Venir au centre et ramasser large à droite et à gauche du centre. Mais déjà le scénario a été infirmé. Les médias avaient élu Juppé qui, en cas de crise grave et c’est le cas, nous aurait vendu un gouvernement d’union nationale avec Macron comme Premier ministre. C’est raté, mais cohérent.
Macron réformiste sait qu’il faudra néanmoins toucher au modèle social français et, surtout, sait qu’il aura contre lui la gauche de la gauche, une partie de la droite de gouvernement et le FN qui ne veulent pas abattre le modèle social français, mais le renforcer et le sauver à tout prix.
La société française est, en cette matière, comme le roi Gradlon qui ne veut pas se débarrasser de Dahu (le modèle social français), sa fille montée en croupe avec lui qui a ouvert les portes de la ville tandis que les flots (les déficits, l’immigration) sont en train de submerger la ville D’Ys.
Fort de 80 000 adhésions, Macron peut tailler des croupières au PS (110 000 adhérents) et se vanter que l’argent ne soit pas un problème : « L’argent, je ne veux pas que ce soit une entrave ! »
C’est pourtant le lot commun de millions de Français ! La décomplexion d’un ex-banquier qui sait où trouver le nerf de la guerre… pour lui ! En effet, il en a de l’argent et surtout des argentiers. Voyez l’entourage : un ancien de la Warner France et ex-dirigeant de l’École 42, fondée par Xavier Niel (informatique) est embauché pour gérer l’informatique ; normalien, Sylvain Fort, ancien du cabinet DGM, supervise sa communication ; Mais surtout, Bernard Mourad ex-patron d’Altice Média group, le rejoint comme conseiller spécial.
Proche de Patrick Drahi, Bernard Mourad sera chargé des liens avec les milieux économiques comme ancien banquier d’affaire (comme Macron) chez Morgan Stanley : c’est lui qui avait suivi le rachat de SFR par Drahi. Spécialiste des médias, il avait été le conseil de l’Américain Hearst (souvenez-vous de Citizen Kane) dans le rachat des magazines de Lagardère, et avait aidé aussi Mondadori (le plus important groupe de presse italien) et Vivendi.
Enjeu évident : les médias, par quoi l’on voit que le quatrième pouvoir n’en est plus un.
Quant à Patrick Drahi après Libération, L’Express, propriétaire de BFM, il vient de faire alliance avec le groupe d’Alain Weill (Next Radio TV) dans une cascade de holding dont le but est manifestement d’occuper une place dans le PAF pas précisément à droite, et agir non pas pour informer, mais pour orienter l’opinion ; un groupe de supports influent dans la communication et les médias qui annonce d’ailleurs ne pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.
Craignons d’avoir à choisir avec médias publics et médias privés entre la gauche et… la gauche. Il est vrai qu’il y a plusieurs gauches, mais la lecture de L’Humanité non merci !
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.
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Olivier Pichon , professeur agrégé de l'université, ancien professeur en prépa Hec ( économie et histoire), conseiller regional d'Île de France 1992-2004, ancien directeur de « Monde et Vie » ; il collabore actuellement à « Nouvelles de France » et dirige l'émission « Politique et éco » sur TV Libertés.