L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin
Athée, matérialiste et opposé au nationalisme, Jean Thiriart n’est pas le genre d’auteur habituellement lu dans les cercles nationalistes. Et pourtant, sa pensée, notamment sur la géopolitique et sa conception d’une Europe émancipée de l’Amérique et unie à la Russie, n’a jamais été aussi actuelle qu’aujourd’hui, alors que justement l’Est présente une alternative au monde droit-de-l’hommesque devenu synonyme d’Occident.
Au début des années 1980, l’ancien dirigeant de Jeune Europe projetait d’écrire un opus qui aurait résumé sa pensée politique et philosophique. La tâche était grande et plutôt que d’écrire un ouvrage qui aurait eu la taille d’une encyclopédie, il décida de produire plusieurs livres, par thématique, à raison de deux ouvrages par an. Les choses ne se passèrent pas comme prévu et le premier ouvrage de la série, L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin ne vit jamais le jour. Ce sont les notes préparatoires, l’index, la liste d’arguments et l’introduction, ainsi que des entrevues réalisées avec Thiriart, que les Éditions Ars Magna présentent aujourd’hui sous ce titre.
On retrouve dans ces pages la prose caractéristique de Thiriart, érudit, mais facile d’approche, les réflexions d’un homme qui n’écrit pas pour conforter un public déjà convaincu, comme c’est trop souvent le cas, mais pour lancer, telles des bouteilles à la mer, des idées pour envisager l’avenir. D’ailleurs, on peut à juste titre le considérer comme un des pionniers de la pensée eurasiste en Occident, un des premiers non-russes à s’intéresser à ce point de vue.
Avec la « faillite » des démocraties lors de la IIe Guerre mondiale, les empires qui dominaient le monde se sont effondrés et depuis, l’Europe est à la remorque de l’Amérique, dominée de façon plus ou moins subtile par Washington. S’inspirant notamment de Karl Hausofer, géopoliticien allemand préconisant un axe est-ouest, Thiriart envisage une synthèse de l’Europe, tel un nouvel empire romain, qui rejoindrait l’ensemble du territoire européen, de l’Atlantique au Pacifique.
Comme la France et l’Allemagne, qui n’étaient que de petites régions indépendantes réunies au sein d’une nation « artificielle », les peuples d’Europe doivent se scinder au sein d’une Nation Europe, thème cher à Oswald Mosley.
Pour ce faire, il espérait que l’URSS prenne le rôle d’unificateur, comme Bismarck le fit en Allemagne. Mais contrairement à ce que certains ont pu affirmer en caricaturant la pensée de Thiriart, il ne s’agissait pas d’imposer l’URSS au reste de l’Europe et de vassaliser cette dernière, mais plutôt d’unifier les nations européennes et soviétiques sous une même bannière.
Tant les peuples russe qu’européen de l’Ouest auraient gagné, selon l’auteur, à cette union non seulement nécessaire, mais naturelle. Son Europe continentale relève donc de l’alliance de l’Europe avec la Russie, et non de son asservissement. C’est une union entre citoyens égaux.
Au-delà de l’aspect géopolitique de la pensée de Thiriart, la critique du mondialisme, qu’il perçoit comme la volonté hégémonique américaine, fonctionnant non avec une volonté explicite, mais via une kyrielle d’agents d’influence, reste pertinente et ouvre la voie aux travaux de l’auteur catholique Pierre Hillard, quoique les deux hommes diffèrent sur de nombreux sujets dont la façon de se défendre face au mondialisme.
Thiriart perçoit l’influence mondialiste d’abord dans les médias, affirmant notamment que « comme l’Europe vit elle-même depuis longtemps sous l’occupation américaine, elle sent pleinement sur elle la force de la propagande américaine et sioniste qui, du matin au soir, par tous les moyens de la télévision et de la presse, soumet le public à l’hypnose ». La liberté, si souvent invoquée, n’est que pur fantasme, car « en réalité, la presse est, chez nous, pleinement contrôlée ».
Il considère aussi comme Pierre Hillard que le mondialisme fait ses choux gras des mouvements indépendantistes européens qui permettent de morceler des nations en petites entités insignifiantes et de facto sans possibilité de puissance ou d’émancipation. Si Hillard prône la nation comme rempart au mondialisme, Thiriart envisage le bloc continental pour faire contrepoids aux Américains.
Face à cette hégémonie mondialiste, de plus en plus visible, le rationnel Jean Thiriart reste positif : la partie n’est pas gagnée d’avance, « nous vaincrons si nous avons la volonté de vaincre le mondialisme. »
L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin, Jean Thiriart, Ars Magna, 2018, 192 p.
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