Georges Bernanos contre la conjuration des imbéciles
« Roi ne puis, Rebelle ne daigne, Enragé suis ». Telle pourrait être la devise de Georges Bernanos, « anarchrist » – selon un mot-valise aussi réputé que bien inspiré –, intransigeant sur l’essentiel, fidèle à une attitude, la sienne, éloignée des compromissions mesquines, incorruptible aux tentations du gros argent qu’il dédaigne (dût-il en souffrir, surtout sa famille), imputrescible aux modes du temps.
L’auteur de Sous le soleil de Satan abhorrait le suivisme moutonnier de ses contemporains dont l’opportunisme tenait lieu de conviction et l’ambition érigée en œuvre d’une vie. Il n’avait que faire des conventions quand elles n’étaient que le faux nez d’un conformisme bourgeois veule, vil et vomitif. Bernanos exécrait les préjugés mondains, lui qui en fut la première victime honnie, assénant ses vérités pures qui brûlaient les âmes faibles comme de l’acide. L’esprit munichois qu’il fustigeait, notamment dans son Scandale de la vérité, était, finalement, partout, niché dans tous les interstices de la bassesse humaine ; pis, il semble qu’elle soit inhérente à la condition humaine, un statut ontologique fondamental qui nous éloigne à grand pas de nos congénères quadrupèdes ou primates. Les grandes lâchetés font les pires politiques et les plus grands politiciens sont les pires lâches qui soient.
La vérité est donc ce mot, attaché à l’esquif d’une vie cahotante, qui servira de gouvernail à Bernanos lequel, s’il n’évite le mensonge, s’efforcera d’en dénoncer les actions et les omissions, non point tant parce qu’il est une manifestation du Mal, que par amour christique de la Vérité, celle des humbles, celle, surtout, qui nous autorise à désespérer sans fard ni honte : « qui n’a pas une fois désespéré de l’honneur, ne sera jamais un héros », assurait-il de la voix ferme d’un homme qui s’est maintes fois baigné, bien plus souvent qu’à son tour, tandis qu’il s’enfonçait, au plus profond de son exil brésilien, dans les rivières caïmenteuses de la désespérance et de la solitude.
L’honneur, autre mot bernanosien, était chevillé à cette Vérité majuscule, non par commodité de style ou inclination baroque, mais parce qu’honneur et vérité sont tout à la fois des valeurs chevaleresques et chrétiennes, les impérieux devoirs de l’homme droit (et non les droits de l’homme sans devoirs), cet Européen médiéval, debout pour Dieu et le Roi. Là encore, nul héroïsme factice, mais la noblesse, la vraie, pas celle des titres ronflants et usurpés et encore moins celle tirée de pseudos particules plus ou moins serviles, mais celle du cœur et de l’esprit, celle qui tient leur dépositaire à distance raisonnable de la masse des imbéciles.
Et d’ailleurs, qui sont ces imbéciles auxquels notre Donissan des Lettres réservait ses carreaux les plus effilés ? « Monstres mous », « idiots cultivés », progressistes de tout poil, caution intellectuelle du système. Le Progrès est leur Dieu suprême, la boussole dont l’aiguille n’indique que le nord borné de leur sottise infatuée. Un homme ça s’empêche disait Albert Camus. Pas l’imbécile pour qui le saint Progrès, dans sa folle épiphanie émancipatrice, n’est rien de moins que l’abolisseur des limites, à commencer par celles de sa propre imbécillité ! On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Serviteur obséquieux, rampant, canin du progrès, il en perd, de facto, toute dignité. Pourtant, quel dispensateur de leçons, quel parangon des élégances morales, quel cerbère intransigeant du temple des petites vertus de l’époque ! C’est qu’il nous embastillerait, le bougre d’imbécile ! Au pilori des viles opinions ! Au bûcher des coupables pensées ! Au rasoir national, qu’il dépoussiérerait derechef !
C’est à ça que l’on reconnaît l’imbécile. Lui et ses congénères sont légion. Ils ont les mains pures, mais ils n’ont pas de mains, alors, regardent-ils le doigt montrant la lune. L’imbécile se croit sorti de lui-même, comme ses propres étrons. Il n’est aucunement capable de grandeur, bien qu’il vous toise de sa ridicule petitesse. On a envie de l’écraser comme une punaise.
À cette aune écœurante, à cette nauséeuse enseigne, il est sain de conchier la démocratie, ce régime obèse qui, sous couvert, de laisser le peuple s’exprimer, n’est en définitive qu’une dictature, la plus ignoble qui soit, selon Bernanos, celle du Nombre. C’est que l’imbécile chasse en meute et plus celle-ci est pléthorique, plus l’imbécile se sent fort. Il ne voit pas que seul l’Argent peut avoir raison de cette supériorité numérique qui, en démocratie, ose fonder la légitimité, sous l’euphémisme trompeur de majorité. L’imbécile se croit donc libre, lors même qu’il est acheté, corrompu, prévariqué. Mais l’imbécile ne voit pas non plus que ce gros Argent dégrade son suffrage. Alors, nous dit Bernanos, « pour se délivrer de l’Argent – ou du moins pour se donner l’illusion de cette délivrance – les masses se choisissent un chef, Marius ou Hitler. […] Ainsi, le monde ira-t-il, en un rythme toujours accéléré, de la démocratie à la dictature, de la dictature à la démocratie, jusqu’au jour… »
Pendant ce temps, l’imbécile continue de croire en sa bonne étoile. Celle du Progrès. Jusqu’au jour…
Pour en connaitre plus sur Georges Bernanos, lisez :Georges Bernanos (1888-1948) de Renaud Thomas, Éd. Pardès, collection « Qui suis-je ? », 128 pages, 12 euros.
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