Alexandre Douguine en français
Interdit de séjour dans l’Union pseudo-européenne depuis 2016, chassé de son poste à l’Université de Moscou pour cause de propos outranciers sur l’Ukraine, longtemps considéré comme le conseiller occulte de Vladimir Poutine, ce qui est inexact, Alexandre Douguine est une figure majeure de la pensée contemporaine russe.
Les éditions Ars Magna viennent de se lancer dans une entreprise gigantesque : rassembler tous ses articles, entretiens et conférences disponibles en français afin de les publier sous la forme de recueils dans la collection « Heartland ». Deux ouvrages sont déjà parus. Le premier, Vladimir Poutine, le pour et le contre. Écrits eurasistes 2006-2016 (487 p., 32 €), au printemps dernier. Le deuxième, il y a quelques semaines, Pour le Front de la Tradition (632 p., 34 €). D’autres titres sont prévus dans les prochains mois.
Il faut saluer le formidable travail d’Ars Magna qui offre aux curieux et aux non-conformistes francophones une approche singulière du monde. À partir de l’École de la Tradition de René Guénon et de Julius Evola, de l’eurasisme historique, de la Révolution conservatrice germanique et des « Nouvelles Droites » européennes, Alexandre Douguine considère avec raison que l’ennemi essentiel est le libéralisme. « Après avoir été anticommuniste durant l’ère soviétique, explique-t-il, j’ai changé d’avis en 1991 devant la révolte libérale que j’ai jugée pire que le socialisme » (Vladimir Poutine, le pour et le contre, p. 271).
Refusant dorénavant de recourir aux vieilles lunes communistes, fascistes et nationalistes, Alexandre Douguine a élaboré la « quatrième théorie politique » (titre d’un essai préfacé en 2012 par Alain Soral et sorti chez Ars Magna). Il s’agit d’une pensée géopolitique et spirituelle rigoureuse « vue comme l’alliance entre la prémodernité (le traditionalisme prémoderne) et la postmodernité (l’existentialisme heideggérien et la centralité du Dasein pris comme principal sujet politique) » (Idem, pp. 274 – 275).
Opposant notoire au monde moderne et favorable à la notion de communauté politique impériale, il ne peut pas « défendre la nation, parce que la nation est un concept bourgeois imaginé par la modernité afin de détruire les sociétés traditionnelles (Empire) et les religions pour les remplacer par de pseudo-communautés artificielles basées sur l’identité individuelle » (Pour le Front de la Tradition, p. 588).
Un point de vue radical à suivre avec le plus vif intérêt.
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Cette chronique hebdomadaire du Village planétaire a été diffusée sur Radio Libertés le 1er décembre 2017.
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Philippe Randa,
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