Pas plus que son cousin et prédécesseur Charles VIII, Louis XII ne semblait avoir la moindre notion des fameuses et mythiques « frontières naturelles » de la France. Il n’avait pas l’air de se rendre compte que les Alpes pourraient en être une (qu’en effet elles n’avaient été ni pour les Gaulois, ni pour les Romains, ni pour Charlemagne, ni pour personne).
Vue du point de vue national, l’histoire de France présente une grande cohérence apparente de Philippe Auguste à Louis XI, dont la lutte contre le duc de Bourgogne est le pendant de la longue guerre contre le roi d’Angleterre. Mais elle est surtout la continuité du combat du roi pour l’extension de son pouvoir.
Qu’il est loin, le « roi de Bourges » ! Voilà notre Charles VII doté de revenus réguliers, levés sur tout le royaume, et d’une armée permanente, logée et soldée à ses frais. Jusqu’alors les routiers, soldats de métiers, se muaient en bandits de grands chemins dès que les combats cessaient. C’est pourquoi le connétable du Guesclin avait conduit les grandes compagnies en Espagne, et que le […]
Étienne Marcel et Charles le Mauvais ont-ils été des traîtres, révoltés contre le roi quand la patrie était en danger et que l’heure était à l’union sacrée ? En fait, les révoltes et les jacqueries ne sont pas les épisodes périphériques d’une grande guerre patriotique. La guerre de Cent Ans est d’abord une guerre civile.
Une longue suite de désastres commença en 1340 par la perte de la flotte française à l’Écluse. Puis Edouard III débarqua dans le Cotentin, chevaucha jusqu’aux portes de Paris, recula, fut contraint au combat à Crécy (1346), mais en sortit vainqueur, et prit aussitôt Calais, dont six bourgeois, pieds nus et la corde au cou, lui livrèrent les clefs après sept mois de siège.
Certains historiens interprètent les victoires de l’armée anglaise pendant la guerre de Cent Ans comme le triomphe de l’armée « démocratique », donc gentille, toute anglaise qu’elle fût, composée notamment des archers gallois, sur la méchante armée « aristocratique » des chevaliers français.
« Peu s’en fallut que dans la guerre de Cent Ans, la France ne perdît son indépendance et ne devînt une colonie de l’Angleterre » : ainsi parle Lavisse, dans son délire. Ce mot de « colonisation » est tout à fait impropre. Si un pays avait été colonisé, c’était l’Angleterre… par les Normands, dont le souverain d’Angleterre porte les armes encore aujourd’hui ! Mais le vainqueur de la guerre de […]