Heureux comme un footballeur européen
Quand j’étais footballeur… Allons bon, encore un vieux débris qui vient nous jouer le grand air du « C’était mieux avant »…
Quand j’étais footballeur, français faut-il le préciser, vers la fin des années cinquante, un joueur devenait professionnel le plus souvent après avoir connu l’usine ou la mine. Son contrat à durée « illimitée » signé, il appartenait à son club. Il n’était pas question pour lui de le quitter à sa guise, sans l’autorisation expresse de son président (l’exceptionnel départ de Kopa au Real Madrid en 1956 avait défrayé la chronique). Un servage sportif, me direz-vous !
Gagne un peu plus que petit, communément cadré par une épouse très regardante (on sait d’où l’on vient), le joueur mettait de l’argent de côté en vue d’une reconversion, la trentaine largement sonnée. Il ouvrirait peut-être quelque commerce, reprendrait une brasserie et sa petite notoriété ferait le reste. Pour les plus célèbres, un emploi de représentation (on ne parlait pas encore de marketing) au sein d’une société d’articles de sport comme « Le Coq Sportif » ou « Adidas » permettrait de gagner sa vie en restant dans le milieu du ballon rond. Les autres ? Ils retourneraient exercer leur métier d’origine à l’atelier ou à la mine, plus rarement dans un bureau.
Quand j’étais footballeur, le plus souvent mes aînés n’avaient pas de compagnes, ils se contentaient modestement d’une épouse. Les dirigeants comptaient d’ailleurs sur elle pour éviter ces écarts de conduite qui vous font plus facilement fréquenter les entraîneuses que les entraîneurs. Aujourd’hui ces derniers, très conscients des tentations multiples et de l’immaturité de la plupart de leurs joueurs, remplissent leurs emplois du temps à ras bord et multiplient les stages hors la ville afin de limiter le plus possible ces redoutables quartiers libres propices à tous les excès.
Eh oui ! les choses ont évolué. Le footeux est devenu un artiste. Pour preuve ? Il y a autant d’articles qui lui sont consacrés dans la « presse people » que dans les journaux sportifs. S’il n’a plus d’épouse, il a donc momentanément une compagne qui le plus souvent évolue dans le show-biz. Comme n’importe quelle vedette du cinéma, il ne se déplace qu’en voitures de sport et de luxe pour fréquenter les hauts lieux de la « Jet-Set ».
Aujourd’hui, entièrement libre, le footballeur est en droit de signer personnellement (hum !) des contrats à temps avec les clubs de son choix. Paradoxalement, avant d’accéder à ce statut envié de footballeur professionnel, il est déjà footballeur professionnel. En effet les pépites sont détectées en moyenne vers l’âge de 14 ans pour entreprendre leur apprentissage au sein d’un club pro ou d’un établissement fédéral. Plus tard, il sera libre d’exercer où il le voudra, pour peu que ses talents soient reconnus par des clubs de l’élite. Sinon, comme des centaines de laissés pour compte chaque année, il n’aura plus qu’à aller se faire voir ailleurs ou trouver un emploi, lui qui ne sait malheureusement que tripoter la balle ronde.
Le joueur professionnel confie désormais la gestion de ses affaires à un agent. Vous noterez que, curieusement, cette profession n’existait pas dans les mêmes années cinquante et on peut se demander pourquoi. Cet homme d’affaires, le plus souvent diplômé d’une école de commerce comme celles de la Motte Chalancon (Hautes-Alpes), de Besalu (Catalogne), de Zoudj el Beghal (wilaya de Tlemcen en Algérie) ou de Ziou (Burkina Faso), gère en bon père de famille la carrière du prodige. Il s’agit pour lui de mener à bien des tractations occultes dont son poulain ignore la plupart du temps les tenants et aboutissants. À l’occasion de fructueux transferts ledit agent touche une commission rondelette d’un montant rarement connu par le joueur lui-même. Et comme il existe aujourd’hui un « mercato d’été » et un « mercato d’hiver » le dévoué intermédiaire multiplie par deux ses chances de toucher le pactole en promenant son joueur à travers le monde jusque dans les contrées les plus inattendues. La Chine, l’Azerbaïdjan, sont particulièrement prisés aujourd’hui, pour y faire sa pelote, plutôt que, osons l’avouer, satisfaire une quelconque ambition sportive.
Je vous préviens, le premier d’entre vous, chers lecteurs, qui osera assimiler ces pratiques actuelles à celles d’un marché aux esclaves, recevra de ma part et dans ses fesses un tir brossé du gauche (ma spécialité et j’ai de beaux restes, vous confirmeront mes petits-fils). C’est aujourd’hui légal : le football a été libéré de ses contraintes asservissantes et chauvines pour goûter aux joies de la mondialisation. Le fameux « arrêt Bosman » de 1995 a notamment consacré la libre circulation des joueurs européens en Europe. C’est ce qui explique qu’un club de Bergastopol (en Moldo-Valachie Océanienne) pourrait au gré de son entraîneur sino-brésilien ou de son président uzbeko-coréen aligner une équipe sans un seul joueur du pays.
Une possibilité s’offre désormais à un joueur frustré, lorsque les portes se ferment à toute sélection nationale : émigrer dans un État en voie de développement footballistique, s’y faire naturaliser pour en défendre les couleurs. Ne dit-on pas qu’au royaume des aveugles les borgnes sont rois !
Et c’est dans ce contexte totalement libéré que cet excellent Neymar bénéficie d’un salaire brut mensuel de 3 millions d’euros alors que celui d’un joueur de clubs comme Amiens ou Troyes tourne déjà autour de 20 000 euros, ce qui n’est pas si mal pourrait ajouter le français moyen.
Pour mémoire la première proposition qui m’avait été faite en tant que stagiaire par un club parisien en 1959, outre l’honneur d’y pratiquer mon sport, était en ce qui allait devenir l’année suivante des nouveaux francs, de 50 par match gagné, 30 par match nul, 20 par match perdu. Il faut dire qu’en cette même année le SMIG mensuel dépassait à peine 300 francs pour 45 heures de travail. C’est d’ailleurs ce qui conduisit mon père, d’un pointu du droit où vous pensez, à me renvoyer au bahut à plein temps pour arracher un bac « Sciences Ex ». Soit dit en passant ce sésame universitaire piteusement acquis, n’apporta même pas une ligne supplémentaire à mon Curriculum à changement de vitae de footballeur. Mens sana in corpore sano. On peut rêver…
EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !
Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !
EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.
Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.
Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.
EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.
Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.
Quatre solutions pour nous soutenir :
1 : Faire un don par virement bancaire
Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP
2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)
Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés
à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France
4 : Faire un don par carte bancaire
Pour cela, téléphonez à Marie-France Marceau au 06 77 60 24 99