L’Europe de Macron ou le triomphe de la volonté
À la Sorbonne le 26 septembre, Emmanuel Macron présentait son grand projet pour l’Europe. En 1960 Kennedy lançait son fameux « Go to the moon » comme objectif aux Américains. La nouvelle « Lune » de Macron, qui se veut des accents kennediens, c’est l’Europe, « son » Europe.
Car, profitant de l’embarras, certes provisoire et relatif, d’Angela Merkel, voilà que Macron veut devenir khalife à la place de la khalife. Là est sa volonté. Sa seule volonté. Il lui restera le poste de Pape, puis la place de Dieu dans le cursus qu’il s’est fixé. Quoique la « place de Dieu, je n’en voudrais pas, c’est un cul-de-sac », disait Napoléon à quelqu’un qui lui reprochait sa volonté arriviste.
En plus de Kennedy, Macron se prend aussi un peu pour Napoléon…
Pendant une heure trente, Emmanuel Macron a dépeint une Europe à « 6 clés » au début du discours, puis à « 2 piliers » (valeurs démocratiques et marché unique, ça donne envie…) à la fin, le tout entrecoupé d’envolées lyriques, de projets pharaoniques aux contours vagues, de déclarations d’intention, et encadré, au début et à la fin, de charges d’une violence inouïe, le visage déformé par la haine, secoué de tremblements, à l’encontre des « populistes, nationalistes, identitaires » aux relents « d’un passé qui revient » (lequel ? Précisez M. Macron !) et des « tristes passions de l’Europe », et représentant « l’obscurantisme et la haine » (sic).
C’est à travers ces phrases délicates et démocratiques que le Président s’est surexcité comme aux plus belles heures de sa campagne électorale. C’est en termes à peine voilés et plus qu’allusifs qu’il a traité ses opposants – et les opposants à cette Europe – de néo-nazis. La panique et l’angoisse le submergeaient. Cela ne semble avoir troublé personne. Les phrases malheureuses de Jean-Luc Mélenchon le 24 septembre ont fait couler beaucoup plus d’encre pour beaucoup moins !
La cause des horreurs populistes, Macron l’analyse par un « pas assez d’Europe ». L’« Europe est trop faible » affirme-t-il, alors qu’elle est d’abord une « idée pour unir les hommes » reprenant la formule de Sorbon qui évoquait le « vivre collégialement ». Il ajoute que l’idée européenne c’est l’idée d’« émancipation ». On retrouve bien dans ce terme l’opposé radical de celui d’« enracinement », qui montre la philosophie destructrice qui est la sienne.
D’ailleurs, il n’évoque jamais l’idée d’enracinement, ni les racines de l’Europe, ni l’héritage civilisationnel de l’Europe, ni les valeurs européennes. Lorsqu’il aborde le thème des « valeurs », à deux reprises, c’est pour parler des valeurs de la démocratie, valeurs qu’il précise d’ailleurs dans la plus belle lignée des ultralibéraux, dans les droits de l’Homme et l’économie de marché. Voilà les deux valeurs « européennes » fondamentales de M. Macron.
Dans un fatras de trémolos tantôt haineux, tantôt illuminés, M. Macron déroule les 6 clés pour une Europe « refondée », dit-il. On y voit une volonté de centralisation européenne renforcée pour « protéger les peuples » !
Alors il nous promet un « Parquet européen du terrorisme », un « Fonds européen de défense », un « Office européen de l’asile » pour mieux s’occuper et éduquer des migrants impossibles à arrêter selon lui, un « Procureur commercial européen » pour contrôler les bonnes pratiques commerciales, une « Agence européenne pour l’innovation de rupture » (???) pour que l’Europe dépasse les USA et la Chine en matière d’innovation… de rupture ?, un « Ministre européen du budget »… bref tout est « européen » !
En outre, il veut mettre fin au pouvoir des lobbies (là on commence à sourire), la fin du dumping social, l’élargissement de l’euro à l’ensemble de l’UE, car l’euro est intouchable et vital pour l’Europe, une NPAC (Nouvelle Politique Agricole Commune) favorable aux agriculteurs et aux consommateurs qui seront tous mieux protégés ainsi… La liste continue pendant de longues minutes…
Le catalogue est féerique, irréaliste, naïf, démagogue à outrance… et tellement marqué des puissances financières dont M. Macron est la marionnette.
« Je crois à un monde ouvert » proclame-t-il fièrement. Plus d’Europe, la puissance de l’euro et toutes ses mesures « révolutionnaires » n’ont que deux buts : « réduire le chômage et protéger les peuples » (là on rit tristement)… Alors M. Macron agite le « plus » démocratique : un vaste débat « démocratique » en 2018 (mais surtout pas de référendum toujours simpliste qui agite les « (viles) passions populaires. »
Là, sa vraie nature revient… Un débat dont seront exclus les « populistes » et autres « néo-nazis » qui submergent l’Europe. On est ainsi rassuré sur la pertinence « démocratique » de ce « vaste débat ». Enfin, l’établissement d’une liste « transnationale » de 73 députés (en remplacement des 73 députés britanniques perdus), pour arriver en 2024 à la moitié des députés élus sur des listes transnationales. C’est le seul point positif de principe entendu dans ce discours de tribun du XVIe arrondissement.
Macron se veut la nouvelle locomotive européenne. Angela Merkel est d’accord avec tout ce qu’il dit… affirme-t-il. Quelles vont être les réactions des peuples européens ? Crédulité ou sursaut ?
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Philippe Randa,
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