Indépendance de la Catalogne
Après les attentats qui ont secoué la Catalogne au mois d’août et à deux semaines du référendum sur l’indépendance, les questions de l’immigration et de l’islamisme radical sont peu soulevées. Souvent considérée comme une terre d’accueil pour les immigrés, qu’en est-il réellement ? Éclairage.
Explosion de l’immigration en Catalogne… comme dans le reste de l’Espagne
Depuis la fin du XXe siècle, la Catalogne connaît une augmentation importante de l’immigration. Les étrangers représentaient 2,42 % de la population de la Catalogne en 1998, 4,4 % en 2001, 8,62 % en 2005 et 14,32 % en 2010.
Particularité de cette immigration en Catalogne, les étrangers européens sont plus nombreux que l’immigration africaine. Selon l’Institut d’Estadistica de Catalunya, organisme officiel de statistiques catalan, les Européens (y compris ceux qui ne sont pas ressortissants de l’Union Européenne) représentent 478 000 personnes en 2016, viennent ensuite les Africains avec 289 000 personnes (dont 215 000 Marocains), puis l’Amérique du Sud avec 188 000 personnes et l’Asie avec 151 000 individus. En tout, il y avait en Catalogne, en 2016, 1 104 000 étrangers.
Un chiffre considérable lorsqu’on observe le fait que cette région est peuplée de seulement 7,5 millions d’habitants. Et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte l’immigration clandestine et les « catalans issus de l’immigration ».
Mais cette explosion du nombre d’immigrés vaut aussi bien pour la Catalogne que pour le reste de l’Espagne qui est passée de 637 000 étrangers en 1998 à plus de 5 millions en 2014 ! Par conséquence, bien que la Generalitat de Catalunya ait développé d’importants programmes d’accueil et d’intégration des populations immigrées, le phénomène est général et ne concerne pas seulement la Catalogne.
Les indépendantistes sont-ils pro-immigration ?
Avant d’aller plus loin, il faut bien comprendre que le courant nationaliste catalan est un véritable mille-feuille politique et idéologique, ce qui est à la fois sa grande force et sa grande faiblesse. Les nationalistes catalans sont (plus ou moins) parvenus depuis 2015 à mettre leurs différents de côté pour se concentrer sur une seule question, l’indépendance. De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, tous sont représentés. Un phénomène que l’on retrouve également chez les anti-indépendantistes.
Par conséquence, sur les sujets autres que l’indépendance, tous ne partagent pas la même opinion. En 2010, un sondage annonçait qu’un Catalan sur deux considérait l’immigration comme « plutôt mauvaise » pour la région. Malgré cela, beaucoup de dirigeants indépendantistes ont depuis longtemps fait le choix d’une intégration des immigrés dans leurs structures militantes. Une stratégie politique hasardeuse, pour ne pas dire dangereuse. En 2014, en Écosse, ce sont les étrangers et les personnes âgées qui ont fait perdre les indépendantistes lors du référendum sur l’indépendance..
En attendant, les organisateurs du référendum du 1er octobre prochain ont tout de même tenu à ce que les étrangers ne puissent pas prendre part au vote.
Une rupture entre Barcelone et le reste de la Catalogne
Lors de la consultation citoyenne de 2014, à Barcelone, ville multiculturelle par excellence, le taux de participation était très faible (20 %) par rapport aux autres régions plus homogènes (40 % pour toute la Catalogne). Il n’est donc pas étonnant de voir que les Barcelonais ont élu, en mai 2016, Ada Colau comme maire de la ville, une candidate du parti d’extrême-gauche Podemos qui est opposé à l’indépendance de la Catalogne. C’est cette même Ada Colau qui avait appelé en février dernier ses administrés à descendre dans la rue pour une manifestation pro-immigration qui a rassemblé 150 000 personnes.
Le terrorisme et l’islamisme radical, pas une nouveauté en Catalogne
Avec 215 000 résidents, les Marocains représentent la première communauté étrangère en Catalogne. Malgré les programmes d’accueil de la Generalitat de Catalunya, l’intégration des musulmans est un échec depuis plusieurs années. L’islamisme radical a tellement proliféré dans cette région que la CIA a ouvert en 2008 un bureau d’opération anti-jihad à Barcelone. Depuis 2012, la Catalogne comptabilise deux tiers des arrestations de jihadistes en Espagne.
Aussi la question de la menace terroriste a été prise très au sérieux depuis quelques années. En 2007, la police catalane, les Mossos d’Esquadra, se dote d’une unité spéciale anti-terroriste, le GEI (Grups Especials d’Intervenció).
En 2015, un programme a été mis en place pour surveiller les cercles musulmans considérés comme potentiellement à risque. Mais en juin dernier, Madrid a refusé la création de 500 postes supplémentaires pour les Mossos d’Esquadra alors que la demande avait été formulée par les autorités catalanes afin de mieux lutter contre la menace terroriste. De même, la Generalitat s’est plainte auprès de Madrid que la police catalane n’était pas intégrée dans les structures de lutte anti-terroriste, que ce soit au niveau national ou européen. Il est vrai que Madrid rechigne à donner d’avantage de moyens à une police qui pourrait être le bras armé d’un futur État catalan indépendant.
Article paru sur le site Lengadoc Info.
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