Denys Ier, « tyran » de Syracuse
Denys Ier, « tyran » (soit le chef civil et militaire, élu par l’assemblée des citoyens) de Syracuse de – 405 à – 367, fut l’équivalent local du dictateur romain, mais sur une très longue durée.
Initialement, c’est fort de l’assentiment populaire qu’il exerce la plénitude du pouvoir en une période troublée. Ancien combattant valeureux d’une guerre perdue contre les Carthaginois, durant laquelle il avait servi comme simple soldat, Denys commence sa carrière politique en s’attaquant aux politiciens syracusains coupables, selon lui, d’avoir cédé à la panique en capitulant prématurément devant l’ennemi. Il emploie l’expression « coup de poignard dans le dos de l’armée »… qui fera florès dans le Reich de Weimar.
Excellent orateur, il est très démocratiquement élevé au Pouvoir suprême, prenant la succession d’une riche oligarchie incapable et corrompue. Le nouveau chef de l’État destitue les stratèges qui n’ont pas été à la hauteur de leur tâche, constitue une puissante armée de terre et de mer, puis se lance dans une guerre de revanche, avec un franc succès, permettant de libérer la Sicile de la tutelle carthaginoise et phénicienne.
C’est également un grand bâtisseur et un artiste, singulièrement un poète, dont une partie de l’œuvre a été conservée. Il entreprend une politique de grands travaux d’urbanisme pour employer les nombreux chômeurs de l’île… ce qui mécontente fort les riches qui, jusqu’alors, ne payaient pas d’impôt.
Cet homme austère est perpétuellement calomnié par l’aristocratie locale, la seule classe lettrée, celle des grands propriétaires terriens, des négociants et des armateurs. Il demeure l’idole du peuple et meurt paisiblement en 367 avant J.-C., après avoir exercé un Pouvoir bienfaisant aux artisans et aux petits paysans, ne réprimant que les complots des aristocrates.
Son fils, Denys II, porté au pouvoir par l’enthousiasme populaire, ruine l’œuvre paternelle en une dizaine d’années. C’est une constante de l’Histoire : les fils de dictateurs s’avèrent médiocres.
Les ressemblances entre les carrières d’Adolf Hitler et du tyran de Syracuse sont frappantes, compte tenu du fait que le personnage antique évolue sur l’échelle réduite d’une Cité-État. La différence essentielle entre les deux hommes réside dans l’absence d’élément délirant chez Denys. C’est peut-être la raison de la bienfaisance de son règne et de son achèvement paisible.
L’aristocratie locale, seule classe lettrée de la cité, s’est vengée en noircissant le personnage auprès d’une postérité longtemps crédule. L’exemple de Denys prouve pourtant qu’il existe de grands hommes d’État bénéfiques, non psychotiques, et démontre même que, parfois, le suffrage populaire choisit la personne optimale.
Texte tiré pour l’essentiel de Bernard Plouvier : Le populisme ou la véritable démocratie, Les Bouquins de Synthèse Nationale, 2017. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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