La Tragédie de l’Algérie française
« Certes, il y a eu beaucoup d’erreurs commises,
en particulier dans le domaine politique.
Mais de grandes réalisations ont été entreprises par la France
durant ses 132 années de présence »
Entretien avec Michel Klen, auteur de La Tragédie de l’Algérie française (éditions Dualpha)
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Il y a de nombreux témoignages sur l’Algérie française. Sous quel angle l’abordez-vous ?
Il s’agit de rétablir la vérité historique de ce drame qui a ébranlé la société française et d’enrayer l’entreprise de désinformation qui règne autour de ce sujet sensible. Je dénonce notamment le mythe mensonger qui tend à faire croire que le peuple algérien s’est dressé d’un seul bloc contre la puissance coloniale. Rien de plus faux. Au départ, les insurgés étaient une minorité qui a imposé sa loi par la terreur. Le conflit s’est transformé en une série de guerres internes particulièrement sanglantes opposant le FLN au MNA (Mouvement national algérien de Messali Hadj), les Kabyles de la montagne aux Arabes de la ville ou de la plaine, les wilayas entre elles, les combattants algériens de l’intérieur à ceux de l’extérieur stationnés au Maroc et en Tunisie, les politiques du FLN aux militaires de l’ALN (Armée de libération nationale), etc. En somme, la lutte pour l’indépendance fut autant une guerre civile entre Algériens qu’une guerre contre la puissance française.
Qu’est-ce que votre livre apporte de nouveau ?
Il apporte des témoignages inédits de pieds-noirs et surtout d’intellectuels algériens qui, contrairement à ce que veut nous faire croire la vulgate populaire, font l’éloge de la période coloniale. Parmi ceux-ci : les écrivains de notoriété mondiale Boualem Sansal et Yasmina Khadra, l’historien Mohamed Harbi (pourtant ancien cadre du FLN) et surtout Aït Ahmed, l’un des neuf chefs historiques de la rébellion qui a osé affirmer quelques mois avant sa mort à un journaliste du Figaro Magazine : « Du temps de la France ? Mais c’était le paradis ! » À noter aussi le chapitre original consacré au parcours de l’athlète prestigieux Alain Mimoun qui a choisi la France malgré les pressions du FLN.
Plus d’un demi-siècle après ce que vous qualifiez de « tragédie », quel regard portez-vous sur cette période ?
Un immense gâchis qui a laissé des cicatrices indélébiles dans notre société. Les différents gouvernements français qui ont eu à gérer cette crise hors norme ont été dépassés par la tournure des événements. À cette confusion, s’ajoutent les palinodies du chef de l’État à partir de 1959 qui ont déboussolé l’armée française, les pieds-noirs et les harkis sacrifiés sur l’autel d’une odieuse raison d’État.
Y a-t-il un aspect positif dans la période de colonisation ?
Certes, il y a eu beaucoup d’erreurs commises, en particulier dans le domaine politique. Mais de grandes réalisations ont été entreprises par la France durant ses 132 années de présence. Parmi les plus remarquables : la découverte et la mise en exploitation des ressources d’énergie qui procurent aujourd’hui à l’État algérien plus de 90 % de ses recettes d’exportation, l’introduction de la viticulture, la transformation de la Mitidja en une riche plaine agricole et surtout le développement de la médecine et des infrastructures sanitaires et de recherche (comme l’Institut Pasteur à Alger) qui ont sauvé des centaines de milliers de vies humaines et permis l’accroissement de la démographie. N’oublions pas qu’entre 1830 et 1962, la population algérienne a été multipliée par dix ! Qui a fait mieux et où ? Notons au passage que les Indiens d’Amérique, les Maoris de Nouvelle-Zélande et les Aborigènes d’Australie ont vu leur population s’effondrer après l’arrivée des Européens. Non, la France n’a pas à rougir de son œuvre en Algérie et à se laisser intimider par les sirènes de la repentance et de l’autoflagellation permanente.
La tragédie de l’Algérie française de Michel Klen, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 482 pages, 33 euros.
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Philippe Randa,
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