Quand Hillary Clinton donne dans le complotisme
Hillary Clinton ou le fair-play à l’anglaise, où l’on ne se montre élégant que dans la victoire. Là, dans la défaite électorale, c’est une tout autre affaire, résumant cette dernière à l’action souterraine du FBI, de la Russie et de Wikileaks, pour faire bonne mesure. À ce tableau, ne manquent évidemment plus que les Reptiliens, les Francs-maçons et autres Raëliens de stricte observance.
Enfin, à l’en croire, si l’élection avait eu lieu plus tard, elle aurait « été présidente »… Certes. Mais sur l’action souterraine plus haut évoquée, peu de détails, encore moins de preuves tangibles, si ce n’est cette déclaration : « J’étais sur le chemin de la victoire jusqu’à ce que la lettre de Jim Corney [Patron du FBI, NDLR] et le Wikileaks russe créent le doute dans la tête des gens qui penchaient en ma faveur et qui ont fini par prendre peur. »
De quoi s’agissait-il alors exactement ? De l’affaire dite de ses « emails », à l’occasion de laquelle Hillary Clinton aurait un peu confondu ses comptes Internet personnels et officiels. Pas de quoi fouetter un chat, pourtant, telle qu’en témoigne cette fameuse « lettre de Jim Corney » enjoignant justement de classer l’affaire sans suite. Ce que vient d’ailleurs de confirmer le président Donald Trump : « Le directeur du FBI Corney était la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Hillary Clinton en lui accordant un blanc-seing pour de nombreuses mauvaises actions. »
Si complot il y eut, force est d’admettre qu’il demeurait de très basse intensité. D’ailleurs, pour tenter d’étayer cette thèse montée de guingois, l’argument qui tue : « Dans tout ceci, la misogynie a joué un rôle ». On se disait bien, aussi…
Alors, complot or not complot ? L’impact désastreux d’une vidéo montrant Donald Trump se vantant « d’attraper les femmes par la chatte », aurait été atténué par des myriades de mails envoyés par des hackers employés par les services russes. Probable. Peut-être. Pourquoi pas. Et alors ?
Que les officines d’une grande nation, la Russie, tentent d’influer sur les élections de pays voisins, rien de bien nouveau sous le Soleil. On rappellera seulement qu’en la matière, Moscou fait un peu figure de débutant, comparé à Washington, capitale qui, depuis plus de deux siècles, ne s’est guère gênée pour faire et défaire les régimes d’Amérique latine, sans oublier ceux d’Afrique et d’Europe. Et la vérité oblige à dire qu’en l’occurrence, ils ne se battaient pas qu’à coups de messageries électroniques ; un Salvador Allende, un Patrice Lumumba ou un Hugo Chávez en savent quelque chose.
Plus sérieusement, Hillary Clinton affirme : « Ai-je fait des erreurs ? Mon Dieu oui ! […] J’assume absolument ma responsabilité personnelle. »
Et de promettre au passage une « confession » et une « demande d’absolution » dans un livre à paraître cet automne prochain. Pas de doute, nous sommes bien aux États-Unis d’Amérique, terre à la « destinée particulière », qui se sent tellement bénie de Dieu qu’elle en imprime la représentation symbolique sur ses billets verts. Et dire que ce sont les mêmes qui reprochent à l’Iran d’être une théocratie…
De son côté, c’est Vladimir Poutine qui doit bien rigoler, les élections successives l’ayant conduit et reconduit au pouvoir semblant être autrement plus propres. Quant aux Européens, comme d’habitude, ils comptent les points, spectateurs d’un match auquel personne n’a songé à les convier.
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Philippe Randa,
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