Attention ! Cet article présuppose une hypothèse que l’auteur fait sienne. En effet, il y est prôné la clarté en matière politique, à savoir que la droite comme la gauche ou le centre doivent mériter leur nom : une droite réellement de droite, une gauche réellement de gauche, un centre réellement centriste. Et les moutons seront bien gardés…
Ils sont ainsi nombreux les Français à oser s’affirmer de droite ou de gauche. Or, connaissant bien les zouaves, depuis un quart de siècle, il n’en est rien. Ce qui caractérise ainsi l’homme qui se dit de droite, c’est avant tout qu’il déteste la gauche bien avant que d’aimer la droite ou plus simplement en être. La réciproque est tout aussi vraie pour les « gens » de gauche. De surcroît, postmodernité oblige, la subjectivité joue de nos jours un rôle majeur. C’est ainsi qu’on se prononce davantage pour une idée que l’on se fait de la droite, ou réciproquement de la gauche, que de la droite ou de la gauche dans ce qu’elles sont réellement.
Combien d’électeurs de droite ont réellement pris la peine de lire l’ouvrage universitaire majeur de René Rémond intitulé Les droites en France, permettant ainsi de comprendre ce dont il est question ? Combien d’électeurs de gauche ont réellement pris la peine de lire l’ouvrage universitaire majeur de Jacques Droz intitulé Histoire générale du socialisme, permettant ainsi de comprendre ce dont il est question ?
De nos jours – encore une fois la postmodernité ! – on ne pense plus, on sent…
Et d’ailleurs la majorité des Français d’utiliser les termes « droite » et « gauche » alors même qu’il existe, ce depuis la Révolution française et en permanence depuis, trois droites et trois gauches en France, le fait étant pourtant des plus consensuels chez les spécialistes.
Qui méconnaît les accointances entre droite bonapartiste (le gaullisme par exemple) et la gauche montagnarde (Chevènement) ? Les Gaullistes historiques – ceux qui se réclament du gaullisme aujourd’hui ne sont presque jamais gaullistes – sont à l’évidence plus proches du CERES que de Giscard d’Estaing…
Il est une mode orale des plus connues aujourd’hui qui consiste à fustiger les technocrates. Viendrait-il à l’esprit de quelqu’un de se faire opérer par un maroquinier plutôt que par un chirurgien ? En fait, les Français confondent technocrates et rhéteurs. Là encore manque de savoir objectif, d’où le fait que les Français sont manipulés par ceux qui justement disposent de l’information.
Autre aspect, quand bien même un gouvernement de droite mène une politique de gauche que l’abruti de droite continuera de voter à droite. Quand bien même un gouvernement de gauche mène une politique de droite que l’abruti de gauche continuera de voter à gauche. Préjugés… Défaut de rationalité…
Pour aller plus loin, et l’on en arrive au fait Macron, et la gauche et la droite, ce depuis au moins trois décennies, sont vérolées par le libéralisme – entendre capitalisme d’un point de vue économique – au point d’avoir été vidées de leur substance.
C’est ainsi que beaucoup de Français qui se disent de droite comme de gauche sont en fait des libéraux. Et c’est tout naturellement le pourquoi de l’émergence du fait Macron, même s’il est des nuances à apporter. Que les cadres du secteur privé – surtout les profils administratifs et commerciaux (blabla blabla blabla) aient été si nombreux à rejoindre Macron n’est donc nullement le fait du hasard. Même remarque concernant ceux qui habituellement se définissent, et bien à tort d’ailleurs, de gauche.
D’où l’intérêt du fait Macron : purger droite et gauche de ce putain de libéralisme qui nous empoisonne la vie depuis au moins quatre décennies. C’est ainsi que nous allons assister à l’émergence d’un grand centre exclusivement libéral, contesté par gauche et droite authentiques. Exclusivement parce que, en vertu de l’effondrement du catholicisme dans les esprits – les femmes catholiques sont presque autant pillulées que les femmes communistes – ni les radicaux, ni les démocrates-chrétiens n’ont vocation à perdurer.
Pour autant, on peut déjà extrapoler : ce centre libéral massif (vous allez voir les ralliements massifs issus aussi bien de la pseudo-droite que de la pseudo-gauche) va être contesté, en France, mais aussi de façon plus générale en Europe. D’où le populisme, dont une partie est issue de la droite, l’autre de la gauche. Ils ont, l’un et l’autre, vocation sur le long terme à fusionner puisque, comme je l’ai expliqué plus haut, droite et gauche sont aujourd’hui concepts dépourvus de sens (sinnlos).
Si, comme je le crois, les états-majors, tout au moins pour l’instant, et ce en fonction des vieux réflexes, vont probablement tenter de s’y opposer, la base populaire, elle, fera l’unité.
N’omettons pas, alors même que ce maelstrom n’en est qu’à ses débuts, que les scores tout récents de Mélenchon et de Le Pen additionnés atteignent déjà 42,5 %. Et ce n’est qu’un début !
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Philippe Randa,
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