par Guirec Sèvres, collaborateur de la revue Synthèse nationale.
Les tueries qui, au début du mois de janvier (2015), ont ensanglanté les locaux de Charlie Hebdo et une supérette kasher du XIIe arrondissement de Paris ont suscité une légitime émotion. Émotion qui fut vite récupérée par les stratèges du Pouvoir en place et transformée, en quelques heures, en une remarquable manipulation.
À peine les terroristes refroidis, la France se devait d’être unanimement, pour ne pas dire obligatoirement, « Charlie ». Et pour guider cette nouvelle « France Charlie » on pouvait compter sur la détermination de nos politicards qui, de Hollande à Sarkozy, ont toujours fait preuve, comme chacun sait, d’une remarquable clairvoyance face à l’islamisme conquérant. Et si, par malheur, cette évidence vous avait échappé, c’est sans doute parce que vous êtes un fasciste ou, pire encore, un « islamo fasciste ».
Le mot est lâché, le concept est né : l’« islamo fascisme » est le nouvel ennemi de la démocratie qu’il faut abattre à tout prix.
Mais que diable le fruit de la glorieuse pensée mussolinienne vient-il faire dans cette galère ?
On le sait depuis 1945, le fascisme est le mal absolu. On nous l’a enseigné à l’école, on nous le rabâche tous les jours dans les journaux et tous les soirs à la télévision et si, par ignorance ou par bravade, certains venaient à en douter, la Justice est là pour le leur rappeler.
Mais l’islam, jusqu’à ces dernières années, n’était pas, aux yeux de nos démocrates sincères, une idéologie condamnable. Bien au contraire. Il n’y a pas si longtemps que cela, Hollande et sa clique, à l’instar de Sarkozy pour la Libye, clamaient haut et fort qu’il fallait écouter Monsieur Lévy (Bernard-Henri) et armer les gentils rebelles islamistes en Syrie contre « l’ignoble régime fasciste et laïque de Bachar el Assad ». Et puis, sans aller aussi loin, ne sont-ce pas les mêmes démocrates qui, toutes étiquettes confondues, dans les villes où ils sont aux commandes, autorisent et subventionnent la construction de mosquées, favorisant ainsi l’implantation durable de l’islam sur notre sol ? Face à une telle évidence pour le moins gênante, il fallait trouver une parade. Ce fut vite chose faite avec la formule magique : « pasdamalgame »…
Pas d’amalgame lorsqu’il s’agit de confondre les musulmans et l’islam conquérant, mais vive l’amalgame lorsque l’islamisme devient subitement l’islamo-fascisme.
Comparer l’islamisme au fascisme est facile, confortable, peut-être même émouvant, mais, qu’on le veuille ou non, totalement inepte. Dans un magnifique article publié sur le site Metamag (http://metamag.fr), le pertinent Raoul Fougax remet les pendules à l’heure.
Nous en reproduisons ici les principaux extraits : « On les voit venir avec leurs gros sabots. Nos dirigeants, de gauche et de droite d’ailleurs, se veulent des enfants de la résistance au fascismo – nazisme. C’est leur référence absolue. Il ne peut y avoir de mal plus grand que le fascisme dont le nazisme est un avatar. Combattre l’islamisme radical aujourd’hui, c’est donc continuer le combat des démocraties contre le fascisme. […]
C’est bien sûr totalement faux. C’est juger le présent par rapport au passé de la même manière que l’on juge le passé par rapport aux valeurs du présent. L’anachronisme est une sclérose qui empêche l’analyse. C’est une maladie de l’intelligence. »
Le décor est ainsi planté et Fougax précise les choses : « Le fascisme n’a jamais été un obscurantisme. Un totalitarisme oui, un obscurantisme non. Le fascisme n’a jamais été une lecture fanatique d’une religion monothéiste, souvent bien au contraire.
Le fascisme certes cultive le culte du passé, mais dans une démarche progressiste. Le fascisme est un socialisme, pas un traditionalisme. Il veut moderniser en valorisant le passé, il invoque la longue mémoire de l’histoire, il ne veut pas ramener la société au comportement de temps révolus. »
Et les remet dans le contexte du Monde arabe : « Dans les pays musulmans de plus, le fascisme a toujours été un anti-islamisme, c’est vrai de la Turquie kémaliste comme de l’Égypte nassérienne. La laïcité dans les pays musulmans a été un fascisme non avoué et c’est l’échec de ces régimes totalitaires laïcs, notamment face au sionisme, qui explique la montée d’un islamisme anti-israélien devenu en Europe un nouvel antisémitisme. Vouloir par confort intellectuel ramener tout antisémitisme au fascisme pour, en fait, exonérer les islamistes et donc l’islam de ce péché raciste majeur pour nos dirigeants est une stupidité dangereuse.
Il y a un nouvel antisémitisme qui est un islamisme et qui est lié au terrorisme qui frappe les juifs, pas que des juifs, mais tous ceux qui sont des impies au regard des égorgeurs du sectarisme djihadiste. On peut parler d’islamo-sectarisme, car on a affaire à une secte musulmane issue de l’islam. Mais parler d’islamo-fascisme est une désinformation historique par aveuglement idéologique.
Les fascistes n’ont jamais été des islamistes et les islamistes ne sont pas des fascistes. Ils sont des obscurantistes musulmans sans lien avec les racines européennes et sociales du fascisme […] »
Et Raoul Fougax conclut avec raison : « Ils ne veulent pas restaurer la grandeur de Rome comme le Duce. Ils veulent une mosquée à la place de Saint Pierre au Vatican. […]
Ceux qui conseillent l’amalgame islamisme et fascisme pour lutter, on l’a bien compris, contre l’amalgame islamisme-islam sont des malhonnêtes et surtout des apprentis sorciers. »
Tout est dit…
Les mots ont un sens et Charles Maurras nous a enseigné qu’« une virgule à sa place, c’est déjà une victoire contre le chaos… »
Comparer l’islamisme au fascisme est une contrevérité que les militants anti-islamiste devraient bannir de leur vocabulaire.
Et que l’on ne nous brandisse pas la prétendue fascination que certains chefs nazis auraient éprouvée pour le Coran. À cet argument fallacieux, il est facile de rétorquer la collusion entre les mêmes nazis et certains ultra-sionistes avant et pendant la IIe Guerre mondiale. Mais tout cela relève d’une période révolue. Les alliés actuels de l’islamisme ne sont pas les fascistes, mais bel et bien les démocrates mondialistes, au premier rang desquels on retrouve les adeptes de « Nous sommes tous Charlie », qui, avec leurs politiques imbéciles, ont tout fait pour que celui-ci se développe en France et en Europe.
Paru dans Synthèse nationale n° 39 (printemps 2015).
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