Le clan des Synarques américanisés
L’homme est ainsi fait qu’il peut survivre sans s’abriter ni se vêtir. Il ne le peut sans s’alimenter. Cela fait de l’agriculture, après la cueillette antique, la priorité des priorités.
Ainsi, faisant suite à la politique d’Henry IV, et de ses propos sur la « poule au pot », l’économiste (avant le terme !) Montchrétien écrivait : « Le labourage doit être estimé, au commencement de toutes facultés ou richesses. On peut dire que les laboureurs sont les pieds de l’État, car ils soutiennent et portent tout le faix du corps ! »
C’était déjà l’avis de Socrate qui disait, voici vingt-quatre siècles : « Lorsque l’agriculture prospère, tous les autres arts fleurissent avec elle. Mais quand on abandonne la culture pour quelque cause que ce soit, tous les autres travaux s’anéantissent en même temps ! »
Et pourtant, malgré cette évidence, depuis que « le progrès » fut élevé par la république au rang de divinité, on assista à une minorisation de ce secteur, de sorte que Pie XII pouvait déclarer le 2 juin 1953 : « On peut dénoncer une erreur essentielle du développement économique depuis l’apparition de l’industrialisation moderne. Le secteur agricole est devenu d’une façon tout à fait anormale un secteur de l’industrie, et surtout du marché. »
C’est que le « Modernisme » dénoncé par Pie X en son temps, n’atteignait pas seulement l’institution ecclésiale, mais il infectait déjà les cadres de la société, grisés par l’avancée des techniques.
Ainsi le Premier ministre belge, Aloys Van de Vyvere, écrivait déjà en 1925 : « Les progrès de la science sont si rapides, qu’avant 1950, l’agriculture aura disparu de la surface de la terre, sauf peut-être chez quelques peuplades arriérées, car l’homme sera en mesure d’inventer chimiquement toute la nourriture dont il aura besoin ! »
Ce n’était pas de l’humour belge, mais la certitude de l’élite laïciste ! Et 16 ans après les déclarations de l’imbécile, l’Europe n’avait même pas assez de pommes de terre, et trompait mal sa faim avec des rutabagas ! Mais avec l’autorité qu’il avait acquise en triomphant du Maréchal Pétain et en réhabilitant les communistes, Charles De Gaulle allait reprendre l’utopie monstrueuse, et commencer l’éradication des paysans de France que tous les gouvernements depuis ont poursuivie !
En fait, la prodigieuse ignorance qu’avait De Gaulle des ressorts de l’économie l’avait conduit à adopter ce qui lui avait été soufflé par le clan des Synarques américanisés, dont l’accession avait été favorisée par la politique de « l’épuration » systématique des compétences habituelles. Je pense avoir tout dit de la suite dans mon livre Les damnés de la terre, et je n’ai pas un mot à y changer.
Venons-en à la situation actuelle, soit aux conséquences du projet gaulliste, tel que l’exprima le banquier Rueff : « Le mécanisme des prix ne remplira son office qu’en infligeant un niveau de vie inférieur à celui des autres catégories sociales. »
Ainsi l’argent n’était plus le signe d’un juste salaire, il devenait un instrument de coercition, comme le sont sur un autre plan, les menottes et les camisoles de force, pour les malfaiteurs et les aliénés…
Le plan, soigneusement élaboré par l’appareil financier yankee, fut donc mis en place dès 1958, après que les « Treize complots du 13 mai » eussent ramené De Gaulle aux affaires.
Ce fut une grande réussite ! Le syndicalisme « jeune » à qui Michel Debré distribua l’argent nécessaire pour l’acheter devint une annexe du ministère de l’agriculture, chargé de faire accepter aux paysans leur propre disparition. La soumission rétribuée remplaça la Jacquerie. Et 30 ans après, la valeur du foncier français ne couvrait plus l’endettement des agriculteurs.
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Philippe Randa,
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