Les sondages américains montrent un resserrement des intentions de vote en faveur de l’un et de l’autre des deux candidats à la Maison Blanche. Tout semble possible. Chacun des deux peut nourrir les plus grands espoirs.
Mais, et c’est pour nous la question essentielle, que pouvons-nous attendre, de ce côté-ci de l’Atlantique, de la victoire du républicain populiste ou de celle de la démocrate conformiste et bien pensante ?
Commençons par Hilary Clinton parce que c’est la plus prévisible. En effet, il y a tout lieu de penser qu’elle va poursuivre la politique commencée par son mari Bill, et ex-président, et maintenue, avec moins d’entrain il est vrai, étant donné ses effets catastrophiques pour l’Américain moyen, par Barack Obama, dont le bilan s’avère des plus pauvres.
En interne, cette politique ultralibérale a entraîné, d’une part, la ruine de l’économie productive américaine, car balayée par la concurrence chinoise (après l’admission voulue par Bill Clinton de celle-ci à l’OMC), et d’autre part, elle a engendré, par suite de la déréglementation bancaire (demandée par Wall Street), le krach de 2007, et la crise financière qui sévit depuis 2008.
En externe, la politique démocrate s’affiche sous le label de l’« interventionnisme libéral » qui entend imposer la démocratie de marché partout à travers le monde. Avec Hilary Clinton, compte tenu de sa responsabilité dans l’aventure libyenne, cet interventionnisme risque fort de donner, une fois de plus, raison au philosophe David Hume, qui critiquait, déjà au XVIIIe siècle, la « véhémence imprudente » des libéraux illuminés, tels qu’on a pu aussi les connaître en France avec la paire Sarkozy-BHL. Or, cela pourrait devenir dangereux face à la Russie ou à l’Iran, si Madame Clinton entend les faire plier ! Malgré les concessions de façade faites à Bernie Sanders, il est très improbable qu’elle reconsidère drastiquement cette politique. Hilary Clinton est trop liée à Wall Street, qui a fait la fortune du couple et qui a commandité sa candidature.
Donald Trump est-il ce candidat inculte et versatile, peu apte à remplir la fonction présidentielle, comme sa concurrente le présente ? Inculte, cela le semble fort, mais il ne sera pas le premier président américain dans ce cas. Dans le domaine des relations extérieures américaines, celles qui nous concernent, Richard Nixon a été le seul compétent, bien aidé en cela par Kissinger. Il a su se sortir du bourbier vietnamien pour jouer, en bon machiavélien, la « carte de la Chine » contre l’URSS. Tous les autres présidents ont été, dans ce domaine, soit insipides soit téméraires et irresponsables.
De toutes les façons, en tant qu’Européens, il ne faut rien attendre de bon de Washington qui soit intentionnel, car l’objectif américain, républicain comme démocrate, reste de maintenir l’Europe sous sa sujétion et d’éviter qu’elle devienne une puissance rivale.
La question opportune est donc de savoir si Donald Trump est réellement isolationniste, et s’il est décidé à rompre avec l’ultralibéralisme ? Car cela ouvrirait des perspectives aux Européens, à condition encore qu’ils aient des dirigeants capables de les saisir.
Le candidat républicain est-il vraiment convaincu de tout ce qu’il annonce et veut-il, avec sincérité, défendre la White Working Class qui s’apprête à voter très majoritairement pour lui ? Ou bien, la manipule-t-il pour gagner et ensuite servir à son tour, de gré ou de force, la sphère banco-financière, car il est lui-même un homme d’affaires roublard ? Toute l’incertitude de sa personnalité, et donc des résultats de son élection éventuelle est là. Qui vivra, verra !
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.
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Professeur émérite à l’Université Montesquieu de Bordeaux, où il reste membre du Centre Montesquieu de Recherche Politique (CMRP). Européen convaincu depuis toujours, il s’interroge avec inquiétude, aujourd’hui, sur le devenir des nations du continent. Dernier livre paru : « Contre l’Europe de Bruxelles. Fonder un Etat européen », préface de Dominique Venner (Tatamis, 2013).