5 avril 2025

Michel Audiard antigaulliste : la destruction de la France au cinéma

Par Nicolas Bonnal

Michel Audiard a reconnu être un antigaulliste du 18 juin. Il symbolise au début des années soixante dans Le Cave ou Les Tontons flingueurs par excellence l’anarchiste râleur et réactionnaire, grivois et buissonnier, qui remet en cause la monde de demain que les Gaullistes (version Fantômas et gendarme) nous préparent et qu’il tance dans son documentaire Vive la France.

Ce livre commente notre destruction des années 60 et 70. Je considère que la France est devenue ce que l’on sait dès les années De Gaulle-Pompidou. Je l’ai perçue ainsi enfant déjà quand j’y venais, sorti de ma tranquille Tunisie. Je suis arrivé à Brest en famille en 1972, ville entièrement détruite et reconstruite, artificielle au possible. Cela ne parlait que football et télé à l’école et j’avais déjà le caractère des trois emmerdeurs des Vieux de la Vieille. Mon seul réconfort visuel : les classiques US à la télé encore bien doublés et Chapeau melon et bottes de cuir – Emma Peel et Tara King.
Ce qui restait de la France c’était des bribes : le petit village, la petite campagne vite captée par le tourisme industriel avant de servir d’investissement immobilier au bourgeois écolo – on ne disait pas encore bobo. Le reste était promis à plus d’industrialisation, plus de destruction, plus de recyclage. On avait une émission très bonne qui s’appelait : La France défigurée (Péricard et Bériot) le samedi je crois après dîner.
Le remplacement m’est apparu dès cette époque : on se foutait de l’histoire, de la littérature ; on aimait la baise, le tourisme, la gesticulation motorisée ; on aimait la ville nouvelle, la bouffe nouvelle et la spéculation. Et on est passé de mille balles du mètre à dix mille € en cinquante ans, et à peu près partout. « On s’adapte », comme dit Céline.
Le cinéma même mauvais a filmé cela : il est la vérité vingt-quatre fois par seconde quand la télé est le mensonge vingt-quatre fois par seconde – conditionnement pour accepter tout ça et pour la fermer. J’ai vu par le cinéma la France remplacée dans Play Time de Tati, j’ai vu la France cybernétique et totalitaire dans Alphaville, et j’ai vu comme Rimbaud les effets sur les populations : Les valseuses. J’ai vu la fin des ânes dans Balthazar.
J’ai vu disparaître ce qui restait d’Ancien Régime : le marquis libertin de la Femme du boulanger, les paysans traditionnels de Farrebique, les chevaliers servants de l’Empire dans Alerte au Sud (admirable et méconnu film de Devaivre). J’ai vu disparaitre les curés aussi : c’est l’athée Jean Renoir qui filme un chant du cygne antimoderne dans Le Déjeuner sur l’herbe. Son curé y est prodigieux et y observe comme ceux de Pagnol la grande catastrophe.
À la place est apparue une société froide et structurée autour de nouveaux axiomes : le capitalisme, l’État-providence, le court terme, le sexe, la violence fantasmée, la sottise télé. Tout cela a suscité au début des résistances (merci à Guy Debord qui m’aura éclairé pour tout) et puis on s’est habitué.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

2 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

Partager :