De Codréanu à Ceausescu – Parallèles roumains
« À travers l’engagement de son mari en Roumanie durant l’immédiat avant-guerre et la IIe Guerre mondiale, ce récit est un remarquable témoignage sur un pays de culture latine, qu’une élite, composée d’ardents patriotes honnêtes et sincères, a voulu faire entrer dans le monde moderne, sans sacrifier le très riche héritage d’une tradition multi-séculaire. Écrit par une femme attachée au souvenir de son époux, ce livre est une œuvre de salubrité historique. Pimenté d’anecdotes savoureuses qui en rendent la lecture attrayante, il plaira tout autant aux lecteurs féminins que masculins »
Entretien avec Denise Pop, auteur de De Codréanu à Ceausescu – Parallèles roumains, éditions Dualpha.
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Les Français ont été sensibilisés, en 1989, par la dramatique insurrection des Roumains contre la dictature marxiste qui les opprimait depuis 40 ans. Mais les connaissent-ils vraiment ?
Ce qu’ils en savent aujourd’hui est souvent erroné. Ils connaissent et se rappellent de Nicolas Ceausescu, l’ignoble tyran de cette époque. Par contre, le nom de Corneliu Zelea Codréanu leur est presque totalement inconnu (à quelques historiens près). Ce fut pourtant un homme politique notoire de l’entre-deux guerres mondiales, chrétien et ardent patriote, qui voulut faire entrer son pays dans le monde moderne, sans sacrifier le très riche héritage de ses traditions multi séculaires.
Il aurait mérité une béatification plutôt que son assassinat dans la prison de Jilava, exécuté sur ordre du roi, Carol II, avec 13 autres de ses partisans, dans la nuit du 29 au 30 novembre 1938.
L’histoire politique de la Roumanie est présentée par le Dr Bernard Plouvier qui me fit l’honneur d’écrire une remarquable introduction sur la Roumanie des années 1935 à 1945.
En France, les catholiques sont toujours étonnés d’apprendre que les prêtres de l’Église gréco-catholique, de rite oriental, peuvent se marier, comme ce fut le cas de votre beau-père, Ion Pop-Campeanu…
À la fin du XVIIe siècle, pour des raisons politiques et non dogmatiques, l’union à Rome d’une partie du clergé orthodoxe de Transylvanie fut acceptée par le Vatican. Les popes étant mariés, le Pape permit aux futurs prêtres catholiques roumains unis à Rome de choisir le mariage ou le célibat, avant leur ordination, mais seuls les prêtres non mariés peuvent prétendre aux promotions épiscopales. Je suis fière et heureuse d’avoir été la bru d’un très honorable prêtre catholique de l’église roumaine qui fut aussi professeur de sciences naturelles, directeur du lycée Saint-Basile de Blaj et rédacteur de l’hebdomadaire Unirea Poporului (l’Union du Peuple).
Vous avez décrit avec beaucoup d’affection la jeunesse de Grig, votre époux, au sein de sa famille. Tout s’est gâté durant la IIe Guerre mondiale, sous les dictatures successives du roi Carol II et du Maréchal Antonescu. Quel fut le sort de Grig faisant partie des jeunes patriotes engagés dans le parti Tout pour la Patrie qu’avait créé très légalement C.Z. Codréanu en 1937 ?
L’arrestation de Grig en mai 1942, sa condamnation par une Cour Martiale, ses années de prison à Aïud et le début de son exil en 1948, sont des pages très émouvantes que j’ai écrites grâce aux récits de mon mari.
Le 13 avril 1948 est proclamée la République Populaire et le 1er décembre 1948, l’Église catholique roumaine unie est mise hors-la-loi ; ses fidèles sont contraints à rejoindre l’Église orthodoxe, tandis que les prêtres et les évêques ne reniant pas leur Foi sont emprisonnés et meurent en martyr dans les années qui suivent. Le pays sombre dans un demi-siècle d’aberration marxiste.
Vous êtes une des rares Françaises à avoir pu séjourner en Roumanie en pleine guerre froide. Comment était-ce possible ?
J’étais ethnologue, chercheur et enseignante à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. J’avais choisi comme sujet pour mon doctorat « Les costumes traditionnels villageois en Roumanie », un domaine peu subversif, donc bien accueilli par la République Populaire de Roumanie. Au titre de la coopération culturelle entre la France et ce pays, j’ai bénéficié de missions officielles (du CNRS et du Ministère des Affaires étrangères) et pu séjourner longuement dans les divers terroirs roumains intra-muros en 1977, 1979, 1981, et en 1986 dans les villages roumains du Banat serbe (ex-roumain) c’est-à-dire en Voïvodine.
J’ai glané dans mes carnets de notes de terrain toutes les anecdotes présentant, dans leurs menus détails, de l’intérêt pour l’Histoire et veillé à ne jamais retoucher l’authenticité de mon vécu quotidien dans ce « paradis terrestre » qu’était la Roumanie d’alors.
La seconde partie de cet ouvrage est consacrée à mes missions ethnographiques et à mes rencontres avec ma belle-famille.
Que cache ces mots « Parallèles roumains » dans le titre de votre livre ?
En géométrie les parallèles ne se rejoignent jamais. En dépit d’une illusion d’optique qui semble les réunir en une seule voie, elles restent immuablement à la même distance. L’histoire politique et religieuse de ces derniers siècles en Roumanie, malgré sa complexité, n’est pas arrivée à changer profondément l’âme des êtres qui y vivent. C’est la leçon que j’ai tirée de ce livre. Les quarante années de République Populaire n’ont rien changé dans les mentalités spirituelles religieuses des Roumains, pas plus qu’elles ne leur ont apporté de progrès social, matériel et moral.
On pouvait s’attendre, dès la prise du pouvoir par les communistes en 1948, à une profonde et durable transformation de l’être social, se fondant sur un chemin unique : la voie du progrès. Il n’en fut rien. Dès lors, les individus n’ont plus eu « le cœur à l’ouvrage » et n’ont manifesté que leur désintérêt pour la Res Publica. Toute populaire et démocratique qu’elle fut baptisée, la République qui perdura de 1948 à 1989 fut un désastre pour le peuple roumain.
De Codréanu à Ceausescu – Parallèles roumains, de Denise Pop, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 380 pages, 31 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
Vous avez aimé cet article ?
EuroLibertés n’est pas qu’un simple blog qui pourra se contenter ad vitam aeternam de bonnes volontés aussi dévouées soient elles… Sa promotion, son développement, sa gestion, les contacts avec les auteurs nécessitent une équipe de collaborateurs compétents et disponibles et donc des ressources financières, même si EuroLibertés n’a pas de vocation commerciale… C’est pourquoi, je lance un appel à nos lecteurs : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS DÈS MAINTENANT car je doute que George Soros, David Rockefeller, la Carnegie Corporation, la Fondation Ford et autres Goldman-Sachs ne soient prêts à nous aider ; il faut dire qu’ils sont très sollicités par les medias institutionnels… et, comment dire, j’ai comme l’impression qu’EuroLibertés et eux, c’est assez incompatible !… En revanche, avec vous, chers lecteurs, je prends le pari contraire ! Trois solutions pour nous soutenir : cliquez ici.
Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.