21 juillet 2021

L’Autriche interdit les symboles des frères musulmans et des identitaires

Par article conseillé par EuroLibertés

Par Olivier Bault.

Les identitaires autrichiens comptent manifester
contre l’interdition de leur symbole.

Adoptée le 7 juillet, la loi modifiant la loi de 1985 sur la citoyenneté et la loi sur les symboles comporte une série de mesures censées renforcer la lutte contre le terrorisme et les extrémismes. Parmi les mesures adoptées, l’interdiction d’utiliser les symboles d’organisations extrémistes a été étendue aux Frères musulmans et… aux Identitaires. Le rapport de la Commission des affaires intérieures sur ce projet de loi du gouvernement Kurz n’explique pas pourquoi les Frères musulmans sont désormais couverts par cette interdiction. Visiblement, cela se passait d’explication, ce qui n’était apparemment pas le cas pour le Mouvement identitaire Autriche (Identitäre Bewegung Österreich, IBÖ) qui est décrit comme un mouvement « d’extrême droite, raciste, sexiste, nationaliste et ethnique ». Pourtant, comme pour les Identitaires français, les tentatives du gouvernement autrichien pour les faire condamner par la justice ont toujours échoué.

La nouvelle loi a surtout été critiquée par le parti libéral-conservateur FPÖ, allié du RN français au Parlement européen et ancien allié du parti de centre droit ÖVP de Sebastian Kurz de décembre 2017 à juin 2019, avant la convocation d’élections anticipées et la formation d’un nouveau gouvernement ÖVP-Verts en janvier 2020. Le FPÖ estime que cette loi ne va pas assez loin dans le renforcement des mesures de lutte contre le terrorisme et l’islamisme, mais aussi que l’interdiction des symboles des Identitaires est une atteinte aux libertés et peut-être aussi un prélude à une future tentative d’interdiction du FPÖ lui-même. Pour Herbert Kickl, le chef du FPÖ, le Mouvement identitaire autrichien est une « ONG de droite » et cette loi qui le place sur le même plan que différentes organisations terroristes et que les Frères musulmans est un « acte arbitraire ». Dagmar Belakowitsch, représentante du FPÖ à la commission des affaires intérieures du Conseil national (la chambre basse du Parlement fédéral autrichien), a parlé de « terreur idéologique ».

Outre les Frères musulmans et les Identitaires ajoutés à une liste qui contenait déjà l’Etat islamique, Al-Qaïda, le Hamas et la branche armée du Hezbollah, l’interdiction d’utiliser les symboles d’organisations extrémistes a été étendue à l’ensemble du Hezbollah, aux Loups gris turcs et au PKK kurde pour faire bonne mesure, ainsi qu’aux Oustachis croates. Les sanctions prévues sont de 4 000 euros d’amende et jusqu’à un mois de prison, voire 10 000 euros d’amende et six semaines de prison en cas de récidive. Il est donc désormais interdit en Autriche d’afficher, exposer, porter ou propager les symboles des groupes extrémistes musulmans appelant au djihad contre les non-musulmans et ayant pour objectif de conquérir l’Europe – ce qui est le cas des Frères musulmans et des organisations qui leur sont affiliées ou se reconnaissent dans leur idéologie – ainsi que du Mouvement identitaire autrichien dont le tribunal de Graz avait bien été obligé de reconnaître en 2018, quand il avait acquitté 17 de ses membres accusés par le parquet d’incitation à la haine et d’appartenance à une organisation criminelle, que leurs actions étaient pacifiques et légales.

Pour permettre de comprendre ce que sont en revanche les Frères musulmans et comment s’est développée leur présence en Europe, la Fondation Identité et Démocratie, émanation du groupe du même nom au Parlement européen (dont font partie le FPÖ, le RN et la Ligue), a publié un document de 105 pages intitulé « La confrérie des Frères musulmans en Europe ». Cette publication préfacée par Nicolas Bay est téléchargeable gratuitement à l’adresse Internet https://id-foundation.eu/fr/publications-fondation.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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