De la République qui nous appelle à la Nation qui agonise
Si l’on en croit l’article 1 de la constitution de notre République celle-ci est « une et indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Soit !
À entendre nos hommes politiques et les « sachants » qui les entourent, ses valeurs seraient remises en cause par ses ennemis les plus virulents. Éric Zemmour n’a qu’à bien se tenir. Pour le citoyen lambda qui d’ailleurs boude de plus en plus les bureaux de vote, il convient de rappeler que lesdites valeurs sont contenues dans sa devise.
Pour ce qui est de la Liberté, victime d’une altération de sa nature originelle semblable à la mitose de l’amibe, ne serait-elle pas désormais pulvérisée en une nébuleuse de libertés individuelles toutes plus antinomiques les unes que les autres ?
L’Égalité reste un concept théorique qui s’est fondu dans celui désastreux de l’égalitarisme. Cette confusion, savamment instillée dans un contexte faussement démocratique, conduit immanquablement le citoyen à considérer que, malgré le volontarisme affiché par ses promoteurs, certains sont plus égaux que d’autres.
La Fraternité subsiste résiduellement dans les loges maçonniques et au sein de certaines communautés confessionnelles. C’est d’ailleurs ce qui conduit Jean-Luc (Mélenchon) à en appeler parfois à ses frères et sœurs du Maghreb. De là à le considérer comme un faux frère, c’est un autre débat.
Curieusement dans les envolées lyriques du personnel politique des mots tels que « France » ou « Mère Patrie », semblent être tombés en totale désuétude. Il en va de même pour la nation française absente des débats. Certains concepts seraient-ils devenus obscènes ? Où ne seraient-ils plus adaptés à la situation démographique structurelle du pays ?
Ouille ! Ouille ! Ouille ! Arrêtez ! Comment voulez-vous que le citoyen de base comprenne les subtilités de ces termes réservés à des constitutionnalistes sodomisateurs de la musca domestica. L’État, la République, la Démocratie, la Nation, c’est la même chose, non ?
Et c’est là qu’apparaissent en pleine lumière les carences civiques (et pas citoyennes) d’un électorat prêt à glisser n’importe quel bulletin dans des urnes démocrativores ? Que sont devenues les leçons des hussards noirs de la république de notre enfance ?
Qu’est-ce donc que cette nation désormais ectoplasmique ?
Dans le dernier hors-série de Valeurs actuelles, consacré avec bonheur et talent à la langue française, deux pages sont opportunément confiées à Ernest Renan. Il s’efforce de répondre à cette fumeuse question. Alors à quoi bon le paraphraser. Sa célèbre conférence donnée en Sorbonne le 11 mars 1882 explicite ce qui pouvait être encore considéré comme un miracle français. Encore faut-il que le Français du XXIe siècle soit en capacité d’en sucer toute la moelle. Lisez plutôt…
« Une nation est une âme, un principe spirituel ». Comme vous y allez, cher Maître.
« Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. »
Ben mon pauvre Monsieur, on n’est pas rendu. Déjà qu’on n’est pas capable de vivre ensemble ! Et le multiculturalisme, vous le glissez sous le tapis ? Vous ne fumeriez pas par hasard ? Le chichon, ce n’est pas bon pour les vieux.
« Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. »
Oh, Pépère, charité bien ordonnée commence par soi-même, non ? Alors oublie-nous.
Des millions de nos citoyens adhèrent-ils vraiment à cette vieille nation aujourd’hui anémique et sous-alimentée ?
Tel Saint Jean Bouche d’Or, le footballeur « français » Karim Benzema exprime parfaitement le malentendu lorsqu’il se confie sur son lien avec la France : « Ben… c’est plus pour le côté sportif, parce que l’Algérie c’est mon pays. Voilà, mes parents, ils viennent de là-bas. »
Renan précise bien la condition indispensable à la survie de la nation : une force forgée par les sacrifices consentis par l’individu au profit de la communauté. En ces temps qui consacrent « le tout pour ma gueule », on est en droit d’imaginer que le faire-part de décès de ladite nation est déjà rédigé et attend son heure dans quelque tiroir de l’imprimerie nationale comme le sont les biographies des célébrités dans les salles de rédaction de la grande presse. D’autant que les grands promoteurs de la mondialisation et leurs délégués auprès de l’union européenne guettent cet instant sublime.
Toucheraient-ils enfin au but, après avoir œuvré pendant des décennies à se débarrasser de ce machin gluant, plus collant que le désormais légendaire sparadrap du capitaine Haddock.
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