Les frères « Frey », alias Dobrujka ou Tropuscka, puis « Schoenfeld »
Moïse, puis Junius (1759-1794) et Emmanuel (1767-1794) « Frey », alias Dobrujka ou Tropuscka, puis « Schoenfeld » sont deux frères juifs, venus de Moravie, qui sont à la fois des financiers, un franc-maçon connu (pour l’aîné, Moïse, devenu Junius) et des espions autrichiens, utilisés par Pierre-Joseph Proli, le chef de l’espionnage impérial en France.
Ils sont arrivés en France au printemps de 1791 et sont bien accueillis par la société-fille des « Jacobins » de Strasbourg, puis admis aux « Jacobins » de Paris en juin 1791.
D’emblée, ils manifestent à la fois une grande générosité (les fonds leur sont fournis par Proli) et des opinions « ultra-révolutionnaires », faisant partie du comité préparant l’insurrection parisienne des 9 et 10 août 1792. Ils sont ensuite naturalisés par décision de l’Assemblée Législative.
Durant l’automne de 1792, ils organisent des « soupers fins » où se côtoient les « ultras » François Desfieux, un honnête imbécile, et Charles Ronsin, un soudard ivrogne, mais intègre, bientôt nommé chef de l’Armée révolutionnaire, les étrangers Proli (qui réside très imprudemment en leur domicile en 1792) et Jacob Pereira, un Juif portugais, ainsi que divers Conventionnels « montagnards » aussi excités que débauchés et corrompus, tel l’ex-prêtre François Chabot, à qui ils font épouser, en octobre 1793, leur sœur Léopoldine, richement dotée. Ils spéculent sur les actions de la Compagnie des Indes, en cours de liquidation, avec le baron de Batz.
Le 14 octobre 1793, Fabre « d’Églantine » dénonce ce joli monde aux membres du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale, les accusant d’être des « agents de l’étranger » (s’agissant des frères « Frey », de leur secrétaire le Danois Diederichsen et de Proli, c’est une évidence). Ils sont jugés par le Tribunal Révolutionnaire du 2 au 4 avril 1794, ignoblement amalgamés aux dantonistes (pour les déconsidérer), et guillotinés le 5 avril.