Louis de Wohl (1903-1961) a eu une vie riche et bien remplie. Il a été un écrivain catholique hongrois, né en Allemagne mais naturalisé britannique. Il a commis de nombreux romans populaires dont beaucoup connurent un succès mondial. De même, certaines de ses œuvres furent adaptées au cinéma. Au total, il aura écrit une cinquantaine de livres. Mais ce n’est pas tout, car il a également travaillé comme astrologue, et pour le MI5 pendant la IIe Guerre mondiale.
Avec cet ouvrage intitulé La Lance (Éd. Salvator), Wohl raconte l’histoire romancée de Longin. Saint Longin le Centurion est le nom que la tradition chrétienne donne à ce soldat romain. Ce dernier est connu pour être celui qui a percé de sa lance le côté droit du Christ une fois mort sur la croix : « Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : “Vraiment, cet homme était Fils de Dieu !” »
Dans le roman, il est le fils du général Longin et sera mêlé involontairement aux intrigues de la cour dans la Rome antique. Effectivement, son père, à la fois par naïveté et envie de gagner de l’argent, est endetté à cause des tripatouillages d’un escroc. Ainsi, il doit rembourser des sommes immenses dont il ne dispose pas…
Longin, qui est issue d’une famille patricienne et légionnaire de profession, veut aider son père dans cette terrible épreuve. Ne maîtrisant pas les subtilités politiciennes, Longin connaît finalement la déchéance sociale pour avoir voulu défendre l’honneur paternel. De citoyen romain, il se retrouve esclave et joute dans l’arène comme gladiateur. Une victoire due à sa virtuosité au lancer du pilum contre le champion de la catégorie lui permet d’être du voyage en Judée et de quitter cette ville qui lui a tout pris. Et sur ce navire, le nouveau préfet de Judée est présent. Il s’agit de Ponce Pilate !
Nostalgique de sa vie passée, se posant de nombreuses questions sur son sort et Dieu, Longin reste un vaillant soldat qui finit par être promu centurion. Il combat les nombreuses révoltes juives menées contre l’occupant romain. Il participe à différentes opérations de maintien de l’ordre qui conduisent à l’arrestation de Bar Abbas, l’un des meneurs de la rébellion. Au cours de la vie de Longin en Judée, romancée rappelons-le, il vit de manière directe ou indirecte de nombreux récits bibliques. La galerie des personnages et les différents points de vue adoptés permettent de nous rendre compte de l’extrême complexité des rapports humains de l’époque.
En effet, nous trouvons des légionnaires romains divisés entre ceux qui sont contents d’être là et ceux qui subissent le service militaire. Nous voyons des juifs collaborer ou résister pendant que d’autres tentent de vivre, malgré les difficultés de l’existence, sans se mêler des questions politiques et religieuses. Certains attendent le Messie avec ferveur et prient en ce sens. L’intérêt de ce livre – entre autres – réside dans le fait de comprendre que l’émergence de Jésus de Nazareth ébranle les fondements de cette société fragile et hésitante sur la voie à suivre : collaboration, soumission ou rébellion armée ?
En définitive, nous vivons une réelle immersion dans cette Rome impériale dirigée par Tibère et en Judée où vécurent le Christ et ses premiers disciples. Nous pouvons écrire sans hésitation que nous sommes en présence d’un véritable péplum littéraire, dans la même veine que Ben Hur, Quo vadis et autre Barabbas.
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