De la Francophonie en général…
Au début des années 2000, lors de la traditionnelle célébration de la journée mondiale de la Francophonie, Montréal, ville choisie pour représenter le continent américain affichait : « Nous francophones du monde : 600 millions de citoyens » ; Abidjan, capitale de la Côte-d’Ivoire, choisie pour représenter le continent africain déclarait : « Nous francophones du monde entier, plus de 600 millions d’hommes et de femmes » ; Bruxelles, pour l’Union européenne, exprimait le même chiffre ; quant à Lyon, retenue pour représenter la France, l’exposition sur la Francophonie, à la Cité internationale, quai du Général de Gaulle, se référait à un chiffre de 170 millions d’habitants, plaçant le Français en 7e position dans le monde et tout en s’excusant, somme toute, de devoir se résoudre à cette importance. On peut déjà se demander pourquoi – si d’aventure la dynamique des langues était défavorable au Français – tant de pays adhèrent à la Francophonie (plus de 90), en tenant compte des 38 États dans le monde ayant le Français comme langue unique ou en partage (avec d’autres langues officielles, Belgique, Suisse, Tunisie, Île Maurice, etc.).
L’économie générale du récent article d’Alain Juppé, paru au mois d’avril dans le journal Le Figaro, procède de la même philosophie quelque peu « décliniste », à savoir : avec 300 millions de francophones, nous sommes le 6e idiome au monde et les Francophones devraient atteindre le chiffre de 600 millions vers 2050/2060. Monsieur le Premier ministre, mes amis espagnols – francophones – à Bruxelles, ne vous remercieront jamais assez de placer l’espagnol devant le français, alors qu’ils savent, eux, que les vrais ordres de grandeur des chiffres placent largement le français devant l’espagnol et derrière l’Anglais. Le 20 mars 2013, Le Figaro rappelait encore que le nombre de francophones pourrait tripler, grâce notamment à la démographie africaine et du Maghreb, mais pas seulement !, pour atteindre le nombre d’un milliard, distançant ainsi définitivement l’espagnol, alors que les cabinets anglo-saxons estimaient au même moment, que le nombre de francophones serait approximativement de 1,2 à 1,3 milliard en 2060, resituant à leur juste place, les chiffres quelque peu trop modestes – on peut se demander pourquoi – repris par Alain Juppé.
Néanmoins, l’Europe qui comptait près de la moitié des Francophones dans le monde en 2000, ne regroupera plus que 12 % de ceux-ci en 2050.
Au sein des institutions européennes, là est le vrai combat à mener pour un candidat à la charge suprême, car, par la seule faute des Français et leur démission collective, seuls 4 % des textes des directives sont désormais en langue originale française, alors qu’ils étaient encore plus de 50 % vers la période 1995/2000. Les trois lieux d’installation des institutions européennes, Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg, sont trois lieux uniquement francophones par la/les langue(s) officielle(s) comme par la démographie (95,44 % de francophones à Bruxelles) et pourtant par décisions internes, tous les écrans internes aux institutions européennes n’affichent plus qu’en langue anglaise. Par quelle volonté ? Par quelle absence et par quelle démission des élites élues, technocratiques francophones et notamment françaises à Bruxelles ?
La demande de langue française – à voir le nombre de cours dispensés dans la langue de Voltaire au sein des institutions européennes – est immense et elle ne s’oppose pas nécessairement à l’anglais – car elle vient avant ou en plus de celui-ci – dans la mesure où les deux idiomes concernés sont les deux langues de travail institutionnelles, les deux seules langues mondiales présentes sur les cinq continents, auxquelles s’ajoute désormais naturellement l’allemand en Europe, langue maternelle ayant le plus grand nombre de locuteurs au sein de l’UE (88 millions), devant le français (73 millions) et l’anglais (68 millions).
Si l’Europe a vocation, à terme, à devenir un « État européen » avec la Russie, ou bien à côté de la Russie, seul l’avenir le dira, si l’on se réfère à l’ONU – six langues de travail pour 7,5 milliards d’hommes – trois langues de travail, voire quatre avec le Russe, représentent un maximum en termes d’« influence/efficacité » pour 750 millions d’êtres humains européens, de l’Atlantique à l’Oural.
Qui plus est, ces quatre grandes langues transeuropéennes dominantes, anglais-allemand-français-russe, dont trois seulement sont officielles dans l’Union européenne (le russe ne le sera pas pour l’heure) et dont deux seront peut-être les langues sélectives des élites de l’UE dans 10/15 ans, puisque l’anglo-américain ne sera plus socialement discriminant, représentent aussi les grandes données culturelles et religieuses du continent européen.
Le Français ? l’Afrique et à un degré moindre, le Moyen-Orient, l’Asie, l’Océanie, comme le Québec s’en chargent ! Le Français, Monsieur le candidat, battez-vous pour lui en Europe !