Les marchands de tapis ont remplacé les conquérants

On rigolait bien, voici quelques décennies, de l’histoire « quelle était bien bonne ! » d’un filou qui proposait de vendre la Tour Eiffel à un touriste américain… nullement interloqué d’une telle offre. En cet été 2019, on s’indigne – en se demandant tout de même si c’est du lard ou du cochon – de l’idée de Donald Trump de racheter le Groenland au gouvernement danois. Mais avec lui, on s’indigne de tout, forcément ! Et pourtant…

Au Groenland, la Crique Fjord.

Pourtant, la logique de l’actuel locataire de la Maison Blanche n’est pas si ubuesque que cela, puisque cette île, constate-t-il, « fait beaucoup de mal au Danemark (qui perd) environ 700 millions de dollars chaque année pour l’entretenir… »… et qui représenterait pour les États-Unis une  importance géopolitique non négligeable.

Il ne s’agirait donc pas uniquement pour l’oncle Sam de faire basse sur les ressources naturelles de cette île, grand comme quatre fois la France… contrairement à la réponse du gouvernement danois qui ne semble considérer cette hypothèque que sous le seul angle financier : « Le Groenland est riche en ressources précieuses (…). Nous sommes prêts à faire des affaires, pas à vendre. »

« Faire des affaires », soit ce que « The Donald » envisage ; ne reconnaît-il pas qu’il ne s’agirait finalement et « essentiellement », que d’« une grosse transaction immobilière », ni plus ni moins ?… Mais qui illustre, un peu fâcheusement tout de même, cette chanson de Jacques Brel : « Un jour le diable vint sur Terre (…)/Pour surveiller ses intérêts/Il a tout vu le diable, il a tout entendu (…)/Rien ne se vend mais tout s’achète… »

Autrefois, on envoyait des armées pour conquérir un territoire. Aujourd’hui, on fait une offre et on marchande. Autre temps, autres mœurs…

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