L’Afrique à désintoxiquer – IIe partie

Entretien avec Kakou Ernest Tigori, auteur du livre L’Afrique à désintoxiquer (Éditions Dualpha)

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

«… n’est le bienvenu dans les médias français
que l’Africain qui accrédite les thèses de la bien-pensance,
dont le discours est fait de jérémiades et d’accusations contre l’Occident,
de défense aveugle des délinquants des cités,
si ce n’est de pitreries… »

Ernest Kakou Tigori.

Vous accusez clairement la gauche et l’extrême gauche – autrefois feu l’URSS – de manipuler les opinions publiques et, finalement, d’être complices des graves problèmes qui font le malheur du continent africain… Expliquez-vous.

La gauche révolutionnaire européenne, depuis la décennie 1940, a réussi à faire admettre aux Africains qu’ils n’ont aucune responsabilité dans la conduite de leur destin depuis le XVe siècle, et qu’ils ont une vie de misère causée par l’Occident capitaliste et raciste. Aujourd’hui, 70 ans après, près de trente ans après la mort de l’URSS, une majorité d’Africains se laisse encore berner par ces thèses aussi dégradantes que fausses.

Ce fait constitue un blocage psychologique pour la pensée africaine. L’Afrique doit rompre définitivement avec cette école et retrouver le sens de la responsabilité. La liberté s’accompagne de la responsabilité ! Comment peut-on s’assumer pleinement dans le concert des nations quand on est confortablement installé dans la conviction que son destin dépend uniquement des autres ? Trouvez-vous normal que la France soit obligée de s’engager militairement au Mali pour garantir l’intégrité territoriale d’un État inconsistant ? Et cela va durer combien de temps ?

On en est arrivé à une élite africaine qui, majoritairement, n’a ni sens de la responsabilité publique, ni sens de l’intérêt général. Une telle élite est incapable de porter des ambitions pour les siens. Là est le vrai drame de l’Afrique !

Vous écrivez qu’il y a du racisme en France, comme dans tous les pays du monde, mais certainement moins qu’en Afrique noire ou au Maghreb, et la France n’est pas raciste… Est-ce qu’une majorité silencieuse d’Africains pense de même ? Ou vos compatriotes sont-ils majoritairement abusés par la propagande mondialiste ?

Il faut être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que la France et la plupart des États européens sont plus accueillants que les autres parties du monde. En tout état de cause, les Africains sont vraiment mal placés pour se plaindre de racisme en France quand dans leur pays d’origine ils se déchirent par tribalisme. Le tribalisme et le racisme procèdent du même phénomène de la méfiance et du rejet de l’autre. La crise que traverse toujours la Côte d’Ivoire a de forts relents de lutte tribale et ethnique. Au Cameroun, ce sont les Anglophones qui veulent faire sécession. Les exactions perpétrées contre des communautés étrangères ou les expulsions massives d’étrangers sont régulières en Afrique, avec dernier cas en date les misères des étrangers en Afrique du Sud en 2017.

Les discriminations entre Arabes et Berbères au Maghreb sont bien connues.

Autre chose, pour un entrepreneur africain, il est plus facile de s’établir en Occident que dans un pays africain autre que le sien. Dernier exemple, les conjoints des fonctionnaires internationaux africains résidant à Dakar n’ont pas le droit de travailler. Ce sont des dizaines d’exemples de ce genre qu’on pourrait citer…

Au lieu de nous atteler à régler tous ces problèmes de vivre-ensemble que nous connaissons sur le sol africain, notre attention reste focalisée sur le racisme ou la xénophobie en Europe. La gauche ayant appris aux Africains à détester l’Europe, chacun se défoule ! Cette propagande mondialiste qui veut que les hommes puissent se déplacer et s’installer partout où bon leur semble ne semble contraignante que pour les nations européennes.

Même si nombre d’Africains se laissent abuser par toutes ces absurdités, il y a beaucoup plus d’Africains que vous ne pouvez l’imaginer qui sont lucides sur la question. Il ne faut pas oublier que la France est aimée par beaucoup d’Africains qui souffrent aussi de la voir dériver dans la régression, vers un certain désordre… Le vrai problème est que n’est le bienvenu dans les médias français que l’Africain qui accrédite les thèses de la bien-pensance, dont le discours est fait de jérémiades et d’accusations contre l’Occident, de défense aveugle des délinquants des cités, si ce n’est de pitreries… Comme si les médias en France entretenaient l’image de l’Africain naïf, un colosse fragile qu’il faut ménager, envers qui il faut être très indulgent, voire complaisant. En réalité, c’est vraiment dégradant, et ce n’est pas avec cela que l’Afrique va motiver sa jeunesse. Heureusement que les sportifs et les artistes africains sauvent l’honneur. Mais pour ce qui est des élites intellectuelles et politiques, il y a vraiment encore du chemin.

« Kakou Ernest Tigori a été récompensé du Prix Mandela de littérature 2017 »

L’Afrique à désintoxiquer, Kakou Ernest Tigori, Éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 438 pages, 33 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.

L’Afrique à désintoxiquer, Kakou Ernest Tigori (Éditions Dualpha).

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