Dépassez le son et l’image, Monsieur le Président !
par Michel Grimard, président du ROUE.
Habilement maniés, ils peuvent être charmeurs, même envoûtants et dans cet exercice, le Président Emmanuel Macron excelle.
Mais le virtuel conduit immanquablement au désenchantement, porteur à terme de graves difficultés. Monsieur le Président, le temps est venu de passer du factice au réel. J’évoque là, notre politique étrangère. Rechercher l’apaisement avec la Russie mérite approbation et encouragement. Nous ne pouvons que vous féliciter d’avoir dialogué, dans cet esprit, avec le Président Vladimir Poutine lors de votre rencontre à Saint-Pétersbourg.
Ce changement d’attitude est le bienvenu, les rapports étant jusque-là marqués par une forte tension et une extrême froideur. Mais le son et l’image ne suffisent pas pour pérenniser cette embellie, des actes concrets et significatifs doivent suivre. Rappeler ce qui a contribué au rapprochement entre les deux grandes entités européennes, telle la construction, par le tsar Pierre Le Grand, de Saint-Pétersbourg, qui se veut une ouverture sur le monde occidental et une volonté de modernisation qu’a poursuivie l’Impératrice Catherine II est sympathique, mais pas suffisant.
Il en va de même, pour l’évocation, certes utile de l’histoire récente, et dans ce cadre, de la remémoration de l’importante contribution apportée par le peuple russe à la victoire sur le nazisme, qu’illustrent les batailles de Stalingrad et de Koursk, début des revers de l’armée allemande.
Résister efficacement aux géants que sont la Chine, les États-Unis, l’Inde et ce n’est pas exhaustif, nécessite, comme l’a dit le Président Emmanuel Macron, d’arrimer à l’Union européenne la Russie, cette grande puissance de notre continent.
Après un voyage pro-atlantiste et des positions hostiles à ce pays, il convenait de clarifier la situation et de rétablir un minimum d’équilibre.
Le cynisme de la politique du Président Donald Trump n’est pas acceptable. Continuer de penser qu’il faut ménager les États-Unis, après toutes les humiliations et les rebuffades essuyées, ne constituerait pas une erreur, mais une trahison envers l’Europe.
La nouvelle conjoncture internationale malsaine, due à Trump, impose au Président français de reconsidérer sa posture. Plus grand détachement à l’égard des États-Unis, plus grand rapprochement avec la Russie.
Aujourd’hui, le multilatéralisme cher à la France, place très largement la Russie devant les États-Unis qui en incarnent le refus. Confortons cette démarche avec les partenaires qui la partagent et faisons leur confiance en affirmant notre indépendance qui repose sur une défense européenne, substitut de l’OTAN.
Un pas intéressant a été franchi avec la mise en vigueur de la Coopération Structurée Permanente. Mais où en sommes-nous, Monsieur le Président ?
L’affaiblissement de l’Europe n’est pas, à terme, favorable à la Russie, car au-delà des alliances de circonstance qu’elle a contractées actuellement, les deux entités ont en commun des intérêts sécuritaires. Seulement, pour réussir « un dialogue stratégique et historique » avec la Russie, cela implique, avant tout développement, de respecter celui qui l’incarne aujourd’hui, le Président Vladimir Poutine.
Si le désir d’apaisement se veut sincère, il doit conduire à la suppression des sanctions, qui constituent une véritable barrière. Elles sont d’incontestables obstacles à toute reprise pérenne.
Outre leur aspect économique négatif, qui est loin d’être négligeable, elles génèrent d’autres effets, psychologiques, qui impriment dans le mental de ceux qui les subissent un sentiment de rejet et d’agressivité qui ne s’estompe pas facilement. Il apparaît évident que l’abandon des sanctions est indispensable au retour à la normalité, afin de pouvoir engager de nouvelles relations. On ne peut guère reprendre une saine coopération, sur la base de sanctions imposées à son partenaire.
Dans ce cadre, le « Dialogue du Trianon », quasiment dans l’impasse, pourrait reprendre vie et permettre d’examiner avec plus de sérénité, des cas relevant de la souveraineté intérieure des deux États.
Résoudre le problème ukrainien en respectant les accords de Minsk, demeure un vœu pieux, tant que l’inertie de l’Ukraine empêche toute évolution.
Pour inciter la Russie à user de son influence auprès du Donbass afin de revitaliser les accords, il conviendrait que, parallèlement, l’Europe s’assure de la crédibilité de l’Ukraine, ce dont elle est dépourvue aujourd’hui.
La manipulation, le mensonge, dont elle a usé dans l’affaire du faux assassinat du journaliste Arkadi Babtchenko, dévoilent une pratique courante dans ce pays. S’arc-bouter sur la Crimée pour maintenir les sanctions est non seulement démesuré, mais hypocrite. Cessons d’en faire un casus belli, de nombreux faits accomplis, beaucoup moins crédibles et légitimes, ont été acceptés par la communauté internationale.
Après bien des tergiversations, il a fallu se rendre à l’évidence, en Syrie : la Russie est incontournable. Simultanément à la mise en place d’une coopération humanitaire, qu’acquiesce Moscou, il faut combattre sans réserve Daech.
De ce combat, l’Europe devrait avoir un plus grand souci.
Dans ce pays, la Russie n’a jamais caché la priorité qu’elle donne à la sécurité, avant toute considération de politique intérieure. Ce n’est que logique, la menace vitale étant le terrorisme islamique. Pour autant l’avenir n’est pas oublié, l’Astana et le smoll group le préparent. Mais la nécessité d’une table ronde s’imposera.
À travers l’Iran, affirmons notre fermeté. Nous sommes d’accord, Monsieur le Président : poursuivons la mise en œuvre de la convention sur le nucléaire, signée avec Téhéran. Toutefois, elle doit s’appliquer sans ambiguïté. Respectons-en le fond et l’esprit. Le fond, c’est l’exécution de l’accord tel qu’il est aujourd’hui ; l’esprit, c’est la prise en compte des effets néfastes des sanctions des États-Unis. Avec ce pays qui n’admet que ses propres lois et refuse les principes démocratiques, dans les rapports internationaux, soyons intraitables. Ne nous plions pas à ses exigences et rejetons ses prétentions à régenter le monde, comme en témoignent les sanctions prises unilatéralement et qui se veulent extraterritoriales.
Relevons le défi et donnons aux entreprises la possibilité de travailler avec l’Iran. Le projet Yamal de l’Arctique, financé par la Chine, la Russie et la France, sans recourir au dollar, démontre que des possibilités existent.
À ces mêmes puissances, qui soutiennent l’accord avec l’Iran, d’être à nouveau inventives. L’après 2025 qui est fréquemment évoqué, apparaît souvent comme révélateur d’inaction, pire d’entrave. Réfléchir aux questions qui se poseront, après la date d’échéance de la majorité des dispositions de l’accord est concevable. Mais cette recherche ne doit pas interférer sur sa présente exécution.
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En proposant de le compléter sur quelques points, notamment le programme balistique de l’Iran et les dangers de sa politique régionale hégémonique, le Président Emmanuel Macron entre du mauvais pied dans l’après 2025. Ces questions méritent d’être abordées avec une extrême prudence, car elles côtoient l’ingérence, dans la politique de défense et de relations internationales de l’Iran.
Espérons que le triple échec du Président dans ses rapports avec l’Amérique, particulièrement celle du Président Donald Trump, le conduise à plus de réalisme dans sa façon de gérer sa politique internationale. Bredouille lors de sa visite aux États-Unis, comme ministre de l’Économie ; bredouille à l’occasion de sa visite d’État, comme président de la République ; enfin bredouille à l’issue du G7… La coupe est pleine !
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