2 novembre 2016

Oraison funèbre pour le « Clairon »

Par Georges Feltin-Tracol

 

Dans Le bras droit du monde libre, un excellent ouvrage électronique disponible sur le site des éditions Alexipharmaque pour 5 euros, Laurent Schang, collaborateur aux revues Réfléchir & Agir et Éléments, fait l’éloge du FN FAL. Qu’on ne se méprenne pas, il s’agit du fusil automatique léger produit par la Fabrique nationale de Herstal à Liège en Belgique !

Dans la même catégorie d’arme, on aurait aujourd’hui envie de pleurer le bon vieux « Clairon », c’est-à-dire le FAMAS (Fusil d’assaut de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne) qui équipe les troupes françaises depuis 1979 et qui sera remplacé en 2017 par le HK 416 A5. On s’est félicité de la vente des avions Rafale à l’Inde. Mais ce succès de haute technologie militaire ne doit pas cacher le déclin accéléré de l’industrie française de l’armement. Le remplacement du FAMAS par une arme allemande à l’heure du made in France éclaire d’une lumière crue une triste réalité : la désindustrialisation fort avancée de l’Hexagone, car ont successivement fermé en 1999-2000, l’établissement du Mans de GIAT Industries, puis la Manufacture d’arme stéphanoise, rendant dorénavant impossible de nouvelles générations de FAMAS.

Les présidences Chirac, Sarkozy et Hollande sont coresponsables de cette perte considérable. En octobre 2011, le chef d’État-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract-Madoux, prévenait déjà la commission des Affaires étrangères et de la Défense nationale du Sénat : « Pour ce qui est du remplacement du FAMAS, je regrette comme vous que cette arme ne puisse être française. »

Certes, les sénateurs avaient appris des spécialistes que le FAMAS fût par rapport à d’autres armes équivalentes un fusil d’assaut lourd, complexe à entretenir et coûteux à fabriquer. Mais la commission sénatoriale a-t-elle su qu’une PME stéphanoise, spécialisée dans l’armement de poing et d’épaule, avait conçu le FAST (Fusil d’assaut de Saint-Étienne) ?

Pourquoi cette solution française n’a-t-elle pas été retenue ? Non pas parce que le cahier des charges de la Direction générale de l’armement comportait quelque 600 points différents sur l’arme et ses munitions, mais plutôt parce qu’une clause spécifique exigeait que le fabricant dégageât un chiffre d’affaires minimum de 80 millions d’euros ! Cette discrimination financière excluait d’office la moindre PME française pourtant essentielle pour l’équilibre et le dynamisme économiques du pays. Tout a été fait pour favoriser de grandes entreprises où les bureaucrates pourront ensuite pantoufler en toute sérénité.

Après 40 ans de bons et loyaux services, le FAMAS aurait mérité une autre fin.

Bonjour chez vous !

Cette « Chronique hebdomadaire du Village planétaire » a été diffusée sur Radio-Libertés le 28 octobre 2016.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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