21 avril 2020

L’émigration clandestine vers l’Europe freinée mais pas arrêtée

Par Paul Tormenen

Depuis que le coronavirus s’est propagé dans le monde, de nombreux gouvernements européens ont pris des mesures de restriction des déplacements. On aurait pu s’attendre à ce que la propagation rapide de l’épidémie et la crise économique qui s’installe entraînent une remise en cause du dogme de l’ouverture des frontières. De nombreux exemples nous montrent qu’il n’en est pour l’heure rien. En dépit de déclarations de façade, nos dirigeants ne veulent rien lâcher de leur idéologie sans frontières. Pourtant, à l’issue de cette période de confinement, il y aura urgence à inverser les flux migratoires.

 

La condamnation de pays d’Europe de l’est

Hasard du calendrier, en pleine période de propagation du coronavirus, trois pays d’Europe de l’est, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont été condamnés le 2 avril par la Cour de justice de l’Union européenne pour n’avoir pas pleinement pris leur part à la répartition de migrants extra-européens décidée par le Conseil de l’Union européenne le 22 septembre 2015, en pleine « crise des migrants. »(1)

Si cette condamnation n’est pas assortie de peines, elle illustre néanmoins la volonté intacte de la Commission européenne de contraindre les États membres à participer à la submersion migratoire qu’elle organise. Le Président Macron est très en pointe pour réclamer non seulement un mécanisme de répartition automatique des clandestins arrivant sur les côtes européennes, mais également des sanctions contre les pays qui le refuseraient (2).

Au-delà de cette décision de justice, de nombreux exemples nous montrent que, faute d’une réelle volonté politique et de moyens suffisants, l’émigration clandestine vers l’Europe est freinée mais pas arrêtée.

L’immigration administrée

En toute discrétion, plusieurs pays, dont la France, se sont engagés récemment à accueillir près de 1 600 jeunes migrants présents en Grèce. C’est une nouvelle fois le critère de vulnérabilité qui est mis en avant par la Commission européenne pour imposer l’immigration en Europe. Des titres de la presse quotidienne régionale parlent ainsi d’« enfants » que vont accueillir plusieurs pays européens.(3)

Des enfants qui au titre du regroupement familial consacré par les traités internationaux pourront faire venir leur famille en Europe.

On le voit, la manipulation de l’opinion est aussi menée sur le terrain sémantique, avec un choix des mots illustrant des migrants avant tout vulnérables qu’il serait inhumain de ne pas accueillir. Les mineurs étrangers sont appelés des « enfants », les clandestins sont tous des « réfugiés ». Un chantage affectif qu’utilisent de leurs aveux mêmes des femmes qui arrivent enceintes sur le sol européen pour se voir proposer des prestations sociales.(4)

L’Italie ferme ses ports, mais pas aux migrants

L’annonce par le gouvernement italien de la fermeture de ses ports pendant la durée du confinement ne doit pas faire illusion.(5)Cette décision, qui concerne également les bateaux des O.N.G. qui recueillent des clandestins en mer, ne met pas fin au pont maritime entre la Libye et l’Italie.(6)

De retour en mer après une courte pause, le bateau « Alan Kurdi » de l’ONG Sea Eye continue de croiser en Méditerranée, en dépit des critiques du gouvernement maltais qui estime que cette action encourage le trafic d’êtres humains.(7)

Le bateau dd l'ONG Sea Eye.

Le bateau dd l’ONG Sea Eye.

L’Alan Kurdi a recueilli le 6 avril 150 clandestins qui étaient toujours le 17 avril en attente d’un débarquement sur les côtes italiennes.

Le gouvernement italien n’invoque qu’un motif sanitaire pour refuser momentanément l’accès de bateaux étrangers à ses ports. Il ne remet aucunement en cause tant l’arrivée de clandestins sur son sol que la répartition administrée des migrants dans les différents pays européens voulue par la Commission européenne.

En raison de bonnes conditions climatiques, les arrivées de bateaux chargés de clandestins sont toujours nombreuses sur l’Île de Lampedusa, ce qui provoque des protestations d’une partie de la population (8).

En Tunisie, la baisse des traversées vers l’Italie commence à se faire sentir. Des repris de justice souhaitant émigrer en Europe sont contraints de « jouer les prolongations » au Maghreb (9).

En Grèce, les tentatives d’intrusion de « migrants » téléguidées par le Président turc Erdogan ont largement échoué. Mais cela ne semble que partie remise, les autorités grecques suspectant le gouvernement turc d’affréter 6 cargos pour convoyer des migrants vers les côtes grecques (10).

Pendant ce temps, le coronavirus continue sa propagation. Un deuxième camp de migrants vient d’être mis en quarantaine dans le pays (11).

En Espagne, dans les deux enclaves espagnoles en Afrique à Ceuta et Melilla, les agressions de membres de la Garde civile par des migrants continuent à la frontière, même si l’on constate une légère baisse des intrusions (12).

Tous ces exemples, pris parmi d’autres, nous montrent que si l’émigration clandestine vers l’Europe est freinée par les restrictions de circulation, elle n’est pas à l’arrêt. Outre les faibles effectifs des douaniers des différents pays du sud de l’Europe, les moyens du corps européen Frontex pour contrôler les frontières extérieures de l’Europe sont de l’aveu même de son directeur exécutif largement insuffisants. Ils ne permettent pas de refouler de très nombreux clandestins qui arrivent chaque année en Europe (13).

Rien qu’en Libye, près de 650 000 migrants attendraient leur heure pour rejoindre l’Europe (14).

Conjugués à une crise économique qui s’annonce sans précédent, tous ces exemples montrent que sans une volonté ferme des dirigeants européens, l’immigration clandestine est prête à de nouveau déferler à l’issue de la période du confinement.

 

Notes

(1) « Communiqué de presse 40/20 de la Cour de justice de l’Union européenne », 2 avril 2020, « Décision UE 2015/1601 du Conseil du 22 septembre 2015 ». Journal officiel de l’Union européenne.

(2) « Macron veut des sanctions financières aux pays qui refusent d’accueillir des migrants ». BFM Business. 21 juin 2018.

(3) « Coronavirus, des enfants vont très probablement être accueillis au Luxembourg ». Ouest France. 4 avril 2020.

(4) « Pourquoi les Ivoiriennes migrent-elles plus que les autres africaines ? ». Infomigrants. 23 mars 2020.

(5) « Italy closes all ports to cruise ships ». The Local.it. 20 mars 2020.

(6) « Tensions on italian islands as refugees arrive after ports closed ». Aljazeera. 10 avril 2020.

(7) « Malta accusa a las ONG de facilitar el trafico de personas con el rescate de migrantes en le Mediterraneo ». EuropaPress. 10 avril 2020.

(8) « Italia cierra por decreto sus puertos pero Lampedusa esta en alarma por llegadas de pateras ». ABC Internacional. 9 avril 2020.

(9) « Immigration clandestine : l’effet dissuasif du coronavirus ! ». La Presse.Tu. 27 février 2020.

(10) « Turkish ships preparing to smuggle illegal immigrants spotted by Greeks ». Voice of Europe. 7 avril 2020.

(11) « Coronavirus. La Grèce met un deuxième camp de migrants en quarantaine après un deuxième test positif ». Ouest France. 5 avril 2020.

(12) « Une cinquantaine de migrants ont forcé le passage à Melilla ». Bladi.net. 5 avril 2020.

(13) « Frontières européennes et Covid-19 ». Audition du directeur exécutif de Frontex. 9 avril 2020.

(14) « Coronavirus et crise migratoire : la Libye proche d’un désastre humanitaire ». RTL. 14 avril 2020.

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