2 mars 2016

La Jungle aux alouettes de Calais

Par Philippe Randa

L’immigration extra-européenne est redevenue, si tant est qu’elle n’a jamais cessée de l’être, le problème majeur de notre continent depuis l’arrivée massive d’un million de migrants en 2015… Tous ceux qui tentaient jusqu’alors de minimiser le problème migratoire ou encore de le fantasmer comme une « chance » pour son avenir ont perdu toute crédibilité… ou font face à de sévères contestations jusque dans leur propre camp politique à l’image de la chancelière allemande Angela Merkel…

À l’exception de groupes extrémistes reconvertis dans la manipulation des migrants, la quasi-totalité des responsables politiques est aujourd’hui unanime à vouloir endiguer les flots migratoires à venir… sans toutefois proposer quoi que ce soit de concret pour cela.

Et si, pourtant, nous allions assister au tarissement de l’invasion migratoire dans les années à venir ? Non par l’inaction affichée des dirigeants de l’Union européenne, mais parce que les candidats potentiels à l’immigration prenaient conscience de l’imposture de cet Eldorado européen dans lequel on les a encouragés à croire ? Et renonçaient eux-mêmes dans le futur à abandonner leurs pays d’origine ?

Ce qui peut apparaître comme un vœu pieu pour beaucoup est peut-être toutefois en passe de devenir une réalité grâce au cauchemar humain baptisé – jusqu’au lundi 29 février 2016, premier jour de son éradication – la « jungle de Calais ».

L’Europe, pire que l’Afghanistan des Talibans ? Pire que la Syrie en guerre ? Pire que l’esclavage avéré au Quatar ? Pire que les petits boulots au Koweit ?

Edouard de Mareschal a recueilli pour Le Figaro des témoignages édifiants de migrants avant et pendant le démantèlement de ce no man’s land de violences et de désespérance… Au-delà des jugements lapidaires – « On est traités comme des animaux », « J’ai perdu une année de ma vie dans cette foutue jungle » –, on découvre ainsi l’autre réalité de ces demandeurs d’asile pour beaucoup économiques… et pour beaucoup sans illusion aucune désormais sur une vie meilleur en Occident qu’en Orient.

Tous savaient ce qu’ils voulaient quitter, mais ont été tragiquement sur trompés ce qu’ils ont trouvé !

Ainsi Hussein, syrien d’Homs, photographié dans une caravane, qui reconnaît qu’il avait un travail au Koweit où il envisage de retourner, n’ayant pas découvert la fortune espérée en Europe… ou encore cet Afghan, Nasarat, qui « préfère encore retourner dans (son) village, malgré les talibans… »

Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les tragédies peuvent parfois arracher des sourires ironiques lorsqu’on apprend que l’Europe est mauvais pour la santé grâce à l’aveu d’Amarkhan, Afghan de 24 ans, qui n’aura trouvé ni éducation, ni maison, ni travail, mais une addiction à l’alcool et au tabac : « Aujourd’hui, je fume un paquet par jour ». Vu le prix du tabac en incessante augmentation, on ne peut que compatir… tout en se demandant tout de même comment il a pu assurer financièrement sa consommation ; gageons qu’il est préférable de l’ignorer pour ne pas heurter les esprits trop sensibles !

Les cas cités par le journaliste du Figaro ne semblent pas être exceptionnels, comme le confirme le directeur de l’OFII (L’Office français de l’immigration et de l’intégration) ; les dossiers d’aide au retour sont en progression et « c’est un mouvement qui s’observe dans plusieurs pays d’Europe… »

Ces dossiers concernent des Afghans (à 75 %), des Pakistanais, des Iraniens et des Soudanais, pays sans guerre civile, à ce qu’on sache (en tout cas depuis 2005 en ce qui concerne le Soudan).

La jungle de Calais, monstruosité humanitaire, ce que personne ne songe à contester, aura-t-elle permis une prise de conscience, à la fois par les Européens – car images désastreuses et témoignages poignants des riverains autant que des clandestins ont été largement diffusés à travers le continent – mais surtout par les éventuels candidats à l’immigration : il est à espérer que ceux qui retourneront chez eux rapporteront ce qu’ils ont vécus… évitant ainsi à leurs compatriotes les mêmes tourments.

L’Eldorado européen apparaîtra-t-il désormais comme ce qu’il est, soit un miroir aux alouettes, aux yeux des populations du tiers-monde ? Et celles-ci décideront-elles enfin de prendre leur destin en main… plutôt que de tendre celle-ci comme certains manipulateurs sans scrupules, les ont incités à faire pour leur plus grand malheur et le nôtre ?

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