7 avril 2019

L’hyperpolarisation électorale aux USA

Par Jérémy Silvares Jeronimo

Nous autres européens regardons les USA (États-Unis d’Amérique) comme ce géant hyperpuissant qui a dominé le XXe siècle et continue au XXIe siècle de dominer grâce à une économie forte, une taille imposante, une armée gigantesque et high-tech sans égale dans le Monde. Pourtant, les USA sont en train de connaître certains des problèmes sociaux que nos sociétés, qu’elles soient française, britannique ou allemande, connaissent. Tout comme en France, la société est divisée, des groupes antagonistes apparaissent et le débat politique se mue en attaque ad hominem contre ce que les minorités appellent le « patriarcat blanc« .

L’élection de Donald Trump à la présidence américaine en 2016 a polarisé une société qui était déjà assez divisée sur différents thèmes (dont l’immigration). La victoire du candidat républicain fut une manière pour les « petits blancs » de montrer qu’ils existent. Eux qui sont oubliés des bourgeois des grandes villes (New York, Los Angeles pour ne citer que ces deux-là). Eux qui, comme leurs semblables en France sont fréquemment moqués ou caricaturés à travers des émissions de télévision ou des films qui les représentent comme racistes, misogynes ou homophobes.

Ce sera peut-être une des dernières fois ou ils pourront élire un président aux origines européennes… Car les Américains d’origine européenne (1), savent qu’ils ont le temps contre eux. Les statistiques le montrent, avant 2050 ils seront minoritaires (2).

Le Parti démocrate le sait et il a choisi la même stratégie que les partis d’extrême gauche en Europe occidentale, il flatte les minorités, se laisse pénétrer par des groupes qui frisent à certains moments le racisme anti-blancs. Si le Parti républicain représente de plus en plus les électeurs blancs de classe moyenne et de classe populaire, le Parti démocrate se veut le parti des électeurs de demain, des minorités qui seront un jour majoritaires.

Les échauffourées entre pro-Trump et anti-Trump se font de plus en plus violentes, et, dans l’histoire, les plus haineux ne sont pas ceux que les médias européens aimeraient présenter… « Cela ne vous surprendrait peut-être pas que certains Américains pensent que l’autre bord politique est mauvais et voudrait le voir disparaître. Par contre vous pourriez être surpris par la quantité de personnes qui pensent comme cela – et la majorité est démocrate » (3) nous dit un journaliste du journal The american Conservative.

Ni plus ni moins que 20 % des démocrates (12.6 millions d’électeurs) et 16 % des républicains (7,8 millions d’électeurs) pensent que les USA se porteraient mieux si plusieurs électeurs du parti politique opposé mourraient. Pour la présidentielle de 2020, 18,3 % des démocrates (contre 13,8 % des républicains) pensent que la violence serait légitime si un autre candidat que le leur gagne l’élection (4), en d’autres termes, si Donald Trump était réélu, la polarisation ne ferait qu’augmenter.

Il est donc tout à fait normal que dans un sondage réalisé en 2018, 31 % des électeurs nord-américains pensent qu’une guerre civile pourrait éclater aux EUA dans les 5 prochaines années, et 55 % estiment que les EUA sont moins unis aujourd’hui qu’avant l’élection de Donald Trump. Il y a un autre indicateur assez impressionnant et nouveau au pays de l’Oncle Sam, 13 % des personnes ont admis avoir rompu une relation d’amitié à cause de leurs opinions politiques (5).

Il est clair que, comme en France, les personnes n’admettent plus que les autres ne partagent pas leur opinion. Le débat d´idées à l’université, à la TV, ou même à la maison n’est plus possible. Un danger pour la démocratie en tout cas.

Il est intéressant de noter que finalement, il n’y a pas qu’en Europe Occidentale que la société se fragmente en des groupes antagonistes, qu’ils soient politiques, raciaux, religieux ou de minorités sexuelles. Il y a aussi une caractéristique bien trop importante pour être oubliée, le fait que dans tous ces pays l’homme le plus haï, dénigré et combattu, c’est l’Européen de souche. Il (l’européen) a le rôle du grand méchant loup, le mal incarné, coupable de tous les crimes selon les minorités et également selon une partie de l’intelligentsia de gauche.

Nos sociétés occidentales, démocratiques et attachées à la liberté, se morcellent peu à peu, ce qui n’augure rien de bon. Ces nations occidentales, autrefois si sûres d’elles tombent peu à peu, en utilisant une expression de Thomas Hobbes, dans une certaine forme de « guerre de tous contre tous »…

Notes          

(1) dans les sondages on désigne les Américains d’origine européenne comme étant des « euro-americains », pour les différencier des autres blancs, vu que les latinos-américains, les arabo-berbères ou les perses d’Iran sont aussi considérés comme blancs dans ces sondages. Le terme « non latino white » (blancs non latins. Le terme le plus correct est donc « white euro-americans » (blancs euro-américains), qui les différencient donc des latinos, des arabes, des berbères, ou des populations de l’Asie occidentale.

(2) En effet les blancs américains, ceux d’origine européenne, seront minoritaires en 2045, ils représenteront alors 49.7 % de la population. Aux USA, contrairement à la France, il y a des statistiques raciales, voir les projections de la population sur le lien suivant (en anglais) : (cliquez ici).

(3)      Dans l’original « It might not surprise you that some Americans think the other side (politically) is evil, and would like to see them die. It might surprise you, though, how many people believe that — and that more of them are Democrats. » in Dreher, Rod (13/03/2019) Why We Hate Them – Political Polarization, The American Conservative, USA, (cliquez ici).

(4) Idem.

(5) Hendricks, Scotty, (06/07/2018) 31 % Of US Voters Think a Second Civil War is likely, BigThink, USA, (cliquez ici).

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