19 février 2020

L’AfD et l’alliance maudite

Par Richard Dessens

Les élections d’octobre 2019 en Thuringe avaient consacré la victoire de l’AfD, comme dans tous les Lander de l’est allemand. Le 5 février, l’élection du Président du Land a provoqué un « séisme » selon le terme consacré, alors que l’AfD a mêlé ses voix à celles de la CDU pour faire élire un Président libéral. Vade retro Satanas ! s’exclama la classe politique allemande (et de toute l’Europe libérale, l’Autriche – c’est le comble – en tête !).

Thomas Kemmerich (FDP) et Björn Höcke (AfD) .

Thomas Kemmerich (FDP) et Björn Höcke (AfD) .

Et patatras, le Président nouvellement élu démissionne et appelle à de nouvelles élections ; le président de la CDU de Thuringe démissionne dans la foulée, la tête couverte de honte. Et, cerise sur le gâteau, Annegret Kramp-Karrenbauer, présidente (contestée) de la CDU et dauphine (contestée) d’Angela Merkel démissionne aussi de son poste et de sa succession programmée à Angela Merkel.

Elle déclare : « Pas de rapprochement et pas de coopération avec l’AfD et Die Linke. L’AfD est antinomique avec tout ce que représente la CDU. Tout rapprochement avec l’AfD affaiblit la CDU. Je reste attachée à une CDU qui rejette toute forme de coopération directe ou indirecte avec l’AfD ».

Des réactions outrées à Bruxelles, dont celle de Guy Verhofstadt, le président du groupe des Libéraux au Parlement européen, qui dénonce une élection « inacceptable » et fait, photo à l’appui, un parallèle avec Hitler et l’Allemagne des années 1930 : « What happened in Thuringen is totally unacceptable. My response ? Not in our name ! » Pitoyable !

À Berlin, des manifestants ont crié leur colère « Ensemble pour faire barrage au fascisme et aux nazis ». L’alliance inédite en Allemagne provoque des hurlements indignés et anachroniques.

En 2018, Steven Levitsky et Daniel Ziblatt, deux politologues de Harvard ont publié La Mort des démocraties décrivant, en le dénonçant, le processus qui partout dans le monde selon eux, mène les « adversaires de la démocratie » au pouvoir en s’alliant avec les partis de droite, comme Hitler l’avait fait entre 1930 et 1933, pour les éclipser dès le pouvoir obtenu. L’Histoire bégayerait donc au point de reproduire les mêmes effets à près d’un siècle de distance !

L’AfD, le FPÖ, la Ligue du Nord, le Rassemblement National, Vox et tous les autres seraient donc des partis nazis et leurs dirigeants des Hitler en puissance. Quels errements faciles, primaires et provocateurs…

L’alliance, mortifère pour la droite, entre la droite classique et l’« extrême droite » ne recouvre en réalité qu’un sursaut des droites en déliquescence pour tenter de se maintenir au pouvoir d’une manière ou d’une autre. Ces « alliances » sont la conséquence d’un glissement d’une partie de l’électorat de droite vers l’« extrême droite » que tentent d’endiguer les dirigeants d’une droite déjà vidée de ses forces vives. Dans tous ces cas, en effet, l’alliance maudite débouche sur une disparition de l’aile la plus faible de l’alliance.

Pourtant, et Annegret Kramp-Karrenbauer a parfaitement raison, une alliance entre la droite et les extrêmes droites dans toutes leurs variantes, est contre nature parce que leurs valeurs respectives sont en effet antinomiques. Si l’adversaire principal des Populistes est la droite libérale, celui de la droite libérale a toujours été aussi le populisme. Les alliances faussement tactiques entre ces deux courants ne peuvent mener aujourd’hui qu’à des impasses et des échecs. D’abord parce que la droite d’aujourd’hui n’est pas la droite des années 30 ; ensuite les courants fasciste et national-socialiste, fruit d’une lente maturation initiée dès la fin du XIXe siècle, n’ont aucune commune mesure avec les mouvements flous populistes du XXe siècle, aux enjeux si différents de ceux des années 1920 et des suites de la guerre de 14-18, et dans des sociétés si distinctes.

Que les mouvements populistes ponctionnent une partie des voix de la droite est une chose, qu’ils s’allient avec la droite en est une autre à écarter absolument.

Que la droite n’ait plus d’espace politique entre le populisme et l’« extrême centrisme » est devenu une réalité. Comme pour la gauche d’ailleurs qui est écartelée aussi entre un centre radical « à la Macron » et une extrême gauche « à la Mélenchon ».

C’est en fait acter que la vie politique européenne se renouvelle sur un axe nouveau autour duquel de nouvelles valeurs se structurent, liées aux enjeux du XXIe siècle : Europe libérale mondialiste ou Europe des peuples ? Europe ouverte ou Europe sécurisée ? Europe jusqu’à l’Oural ou Russie écartée ? Identité européenne ou mixité cosmopolite droit-de-l’hommienne ? États-Nations ou Europe régionalisée ? États de droit ou États de justice ? Individualisme ou intérêt général et loi naturelle ? Autant de thèmes qui constituent autant de fractions à l’intérieur des vieilles idéologies dépassées auxquelles s’accrochent les restes des idéologues de la droite, de la gauche et les fous furieux d’un prétendu nazisme ou fascisme renaissant.

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